Une gestion de l'eau qui tient la route

Une gestion de l’eau qui tient la route

Interview de Roland Fox, directeur de l’Administration des ponts et chaussées.

Quelles solutions infrastructurelles l’Administration des ponts et chaussées étudie-t-elle ou met-elle en place pour permettre une meilleure absorption des eaux de pluie, notamment dans les cas d’orages violents qui se répètent ces dernières années ? Réponse dans cet entretien.

Pour commencer, dans quel cadre agissez-vous ?

Nous sommes sensibles à la problématique de l’eau, et ce pas seulement au regard de la législation en vigueur - en l’occurrence la directive eau qui protège les eaux de surface et les eaux souterraines.

Lorsque nous construisons un ouvrage ou une infrastructure, nous sommes soumis aux autorisations relatives aux zones vertes et aux cours d’eau, qui sont elles-mêmes liées à des impositions. Par exemple, dans les zones de protection des sources, les chaussées doivent être étanches pour éviter que l’eau s’infiltre dans la nappe phréatique, et dans certains parkings, il faut construire des chaussées perméables. Il y a également des routes, voiries et chemins où l’eau doit être évacuée de la chaussée vers un exutoire - le cours d’eau réceptionneur – en équilibrant de manière optimale les quantités et les qualités.

À quelles contraintes êtes-vous soumis ?

Nous avons avant tout une contrainte de débit à respecter. Sous la direction de l’Administration de la gestion de l’eau, les usages sont en train d’évoluer. Nous commençons à analyser les capacités réceptives des cours d’eau afin de mieux gérer les flux d’eau générés par les chaussées car certains cours d’eau sont plus à même d’absorber l’eau rejetée par les chaussées que d’autres.

L’eau ruisselle vers des exutoires - fossés ouverts ou collecteurs le cas échéant - et, avant d’être rejetée dans les ruisseaux, elle est très souvent stockée dans des bassins de rétention dont le volume est déterminé selon des règles de calcul établies par l’Administration de la gestion de l’eau. Ces bassins permettent de diffuser progressivement l’eau vers les cours d’eau. Le plus souvent, il s’agit de bassins à ciel ouvert avec un grand débit entrant et un petit débit sortant, bien entendu avec un trop-plein.

Parfois, nous construisons aussi des bassins fermés qui sont des ouvrages en béton. Dans les zones où cela est permis, nous construisons des bassins d’infiltration qui laissent l’eau percoler vers la nappe phréatique.

Y a-t-il des projets novateurs que vous avez déjà mis en œuvre ?

Certaines nouvelles techniques sont par exemple appliquées sur le projet d’élargissement de l’autoroute A3, dont le chantier est en cours.

Lorsque nous n’avons pas suffisamment d’espace pour créer des bassins de rétention, nous installons des collecteurs capables de stocker de l’eau. C’est de plus en plus souvent le cas le long de grands axes routiers en agglomération, par exemple au ban de Gasperich, rue des Scillas.

Est-ce que vous vous intéressez par exemple à des matériaux qui permettent une meilleure infiltration des eaux de pluie ? Y a-t-il des innovations dans ce domaine ?

Nous utilisons les matériaux d’usage, de fabrication luxembourgeoise ou étrangère, conformément aux cahiers des charges, mais nous avons fait quelques expériences avec des enrobés drainants qui ont fait leurs preuves dans des conditions où il y a peu d’espaces verts et où l’écoulement des eaux n’est pas assuré par la géométrie.

Nous les utilisons uniquement sur les autoroutes et nous limitons leur utilisation à des cas exceptionnels car ils sont plus sensibles à la mise en œuvre et ont tendance à se boucher, donc le maintien de la drainabilité n’est pas assuré dans le temps.

Bien entendu, ce type de structures nécessite une adaptation des éléments adjacents : nous installons, par exemple, des caniveaux à fente, à deux niveaux, dans lesquels l’eau peut pénétrer. Pour les chaussées, à part les bassins d’infiltration, il n’y a, à l’heure actuelle, pas beaucoup d’innovations convenables sur le marché d’un point de vue financier et d’entretien.

Qu’en est-il de l’entretien ?

Bien entendu, concevoir et construire des ouvrages ou infrastructures techniques est une chose, en assurer l’entretien en est une autre. Trouver des éléments faciles d’entretien est une exigence primordiale pour nous. J’ai déjà vécu le cas où nous avons dû changer les équipements d’un bassin de rétention après quelques années parce qu’ils ne correspondaient pas à notre ligne d’entretien. Il faut standardiser un maximum ces éléments de sorte à ce que les personnes chargées de l’entretien ne se trouvent pas en permanence confrontées à des spécificités.

Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#55
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le mercredi 28 juin 2023
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