Une silhouette emblématique à l'entrée du Mullerthal

Une silhouette emblématique à l’entrée du Mullerthal

Interview de Marc Prommenschenkel et Patrick Hausen, ingénieurs-conseils associés-gérants chez Daedalus Engineering, et Tom Beiler, architecte chez BFF Architectes.

Les châteaux d’eau répondent à l’augmentation des besoins en eau liés à la croissance démographique. Ces infrastructures représentent à la fois un défi technique - car elles doivent être fonctionnelles et économiques - et un défi esthétique – car elles doivent s’intégrer harmonieusement dans leur environnement. Leur conception relève donc de la compétence tant des architectes que des ingénieurs-conseils. Exemple du château d’eau et du réservoir central à Altrier, conçu par Daedalus Engineering et BFF, en étroite collaboration avec l’Administration Communale de Bech.

Commençons par l’historique du projet…

Marc Prommenschenkel : Ce projet fait partie d’un concept général que nous avons élaboré pour le maître d’ouvrage, qui est l’Administration Communale de Bech.

Nous avons commencé les études pour ce concept en 2003. Au départ, nous parlions de la réalisation d’un réservoir central car le type de projet n’était pas encore tout à fait clair : une tour d’eau, un réservoir enterré, un bassin en inox dans un hall, ou autre, cela n’était pas défini.

Ce n’est que lorsque les travaux de réseaux préalables se sont achevés en 2012, que la question du type de réservoir s’est posée. Nous avons alors été chargés de réaliser une étude de faisabilité à l’issue de laquelle un site a été retenu, ainsi qu’un mode constructif. Ensemble avec le maître de l’ouvrage, nous avons opté pour une tour d’eau combinée avec un réservoir enterré qui présentait les volumes nécessaires pour le bon fonctionnement du réseau communal, mais était aussi la solution optimale en termes de coûts d’entretien et de fonctionnement.

Patrick Hausen : Nous avons un réseau communal très complexe avec 3 zones de pression pour les différentes localités.

Quel est l’enjeu architectural d’une telle infrastructure ?

Tom Beiler : Il s’agit d’un repère urbain qui fait partie de l’environnement et de la vie quotidienne des personnes qui passent devant régulièrement. Donc il est important de soigner cet élément.

Nous avons tout de suite eu l’idée d’un volume assez massif que l’on venait sculpter pour lui donner une certaine dynamique et un intérêt particulier. Nous avons donc dessiné un bâtiment qui se voulait être différent en fonction des points de vue, en fonction de l’ensoleillement aussi. Le problème, c’est que, sur base des premières esquisses, nous avons remarqué que le budget a explosé. En relation avec les ingénieurs, nous avons donc remis en question le concept technique et, suite à une étude plus approfondie, nous avons modifié le volume pour ne garder que ce qui était vraiment nécessaire. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec un volume plus élégant et un projet beaucoup plus faisable budgétairement.

Nous avons tout de même souhaité maintenir l’idée de sculpter le volume et d’avoir différentes visions du bâtiment en fonction de l’endroit où on se trouve, mais sans cette torsion de vues que nous avions auparavant. Le château d’eau est finalement un simple volume rectangulaire en béton où apparaissent quelques découpes très simples - de telle manière que ce soit le plus facile possible au niveau de la réalisation - dans lesquelles est appliqué un matériau plus léger.

Quels matériaux ont été utilisés ?

TB : La structure portante est en béton vu dont la teinte et texture ont été choisies pour qu’il prenne une patine agréable avec le temps. En contraste dans les parties inclinées, un métal déployé léger a été mis en œuvre, qui est porté par une sous-structure en bois.

Quels ont été les défis à relever lors de la conception de ce bâtiment ?

MP : Le défi majeur était de proposer un projet entrant dans le budget qui est celui d’une petite commune de campagne de l’est du pays.

PH : L’objectif était aussi de trouver aussi un mode d’exécution qui garantisse la même qualité de béton vu sur les 18 phasages de coffrage en hauteur.

TB : En matière d’architecture, il fallait être capable de créer quelque chose qui soit à la fois simple et symbolique, représentatif de la commune, qui est très traversée.

Des points à mettre en avant sur ce projet ?

TB : Nous avons bénéficié d’une extrême confiance de la part du maître d’ouvrage. Ce n’est qu’avec la confiance du maître d’ouvrage que l’on peut arriver à un projet qui n’est pas seulement acceptable, mais qui a été une expérience pour tous les participants.

MP : Nous avons pu soumettre toutes nos propositions et les représentants de l’Administration Communale les ont entendues, disant que nous étions les hommes de l’art et les experts. Ce fut une collaboration exemplaire dans toutes les phases du projet.

Mélanie Trélat
Reportage OAI – château d’eau et réservoir central à Altrier
Article tiré du NEOMAG#55
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le lundi 24 juillet 2023
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