Vers une meilleure caractérisation et une professionnalisation de la production
Rencontre avec Tim Schlink, administrateur de Geobloc.
Bon gré mal gré, Geobloc poursuit son chemin parmi les satisfactions mais aussi les obstacles que toute entreprise innovante en phase de progression doit recueillir et affronter. Des premiers essais concluants, une longue phase d’« apostolat » auprès des auteurs de projets et des donneurs d’ordre, et un développement technique qui se prolonge afin d’améliorer - encore et toujours - à la fois la technicité (performances) du matériau mais également la réduction des coûts de production.
Tels sont les défis actuels de Geobloc : passer d’une fabrication artisanale - ayant démontré la validité et la faisabilité du concept - qui présente des caractéristiques techniques plus que satisfaisantes, mais encore trop onéreuse, à une production plus large, plus efficiente et surtout plus abordable. Et c’est auprès de Contern SA (anciennement Chaux de Contern) qu’une solution s’est naturellement dessinée : Tim Schlink, administrateur de Geobloc : « la collaboration luxembourgeoise n’est pas un vain mot ; intéressés et quelque peu intrigués par notre démarche, Contern SA nous a aimablement permis d’utiliser son outil industriel et réaliser ainsi, durant une journée complète, l’ensemble des essais de compression de briques que nous souhaitions réaliser ; c’est une chance incroyable qui nous ouvre désormais les portes d’une production industrielle qui réduit considérablement nos coûts de production, qui améliore l’homogénéité de nos briques et qui permettra de propulser la terre crue vers une utilisation plus large ». Cette mutualisation d’un outil industriel est également une formidable opportunité de démontrer que la notion de partage de compétences et de matériel fait sens dans le contexte économique actuel.
Bien sûr, l’outil est initialement conçu pour la réalisation de produits en béton et un affinage des (nombreux) réglages possibles devra être opéré, mais les premiers essais sont concluants. Et le monde de la terre crue évolue vite : conscients de la mutation du secteur de la construction, de la raréfaction des matières premières et des durcissements réglementaires qui se profilent, de (très) grands opérateurs jadis peu intéressés par la construction durable commencent à investir dans la terre et perçoivent désormais ses qualités, la France étant très active sur ces sujets. Il ne faut donc pas traîner et continuer à ancrer et intégrer structurellement la terre crue dans notre contexte.
L’autre « fer de lance » aujourd’hui primordial étant la dissémination de la bonne information technique : « un cahier de prescriptions de mise en œuvre par exemple, pour permettre aux auteurs de projets d’agir plus rapidement en phase de conception, mais surtout la mise à disposition auprès des professionnels d’une fiche technique plus complète qu’actuellement, ce qui nécessitera la réalisation d’essais complémentaires de caractérisation ». « Nos clients et les bureaux d’études ont besoin d’être rassurés, et c’est légitime face à un matériau un peu méconnu, même si les applications structurelles ne sont pas encore à l’ordre du jour ; nous pensons également à la réalisation d’une analyse de cycle de vie complète, car la vérité des chiffres est aussi importante que la motivation avec laquelle nous expliquons toutes les vertus circulaires de nos briques de terre crue ».
Enfin la mise en œuvre de projets concrets, qui soyons honnêtes a pris un peu de retard, mais qui se concrétise enfin au travers des contrats conclus. « Les premiers stocks sont fabriqués, les calepinages d’exécution définitifs sont délivrés pour deux mandats et de nouveaux projets sont à l’étude. Nous nous rendons également compte que nos confrères en pays voisins rencontrent les mêmes défis que nous et se heurtent aux mêmes nécessités, ce qui relativise notre sentiment de progression continue mais parfois lente.
Nous devons - Geobloc et/ou autres acteurs - capitaliser sur le caractère inépuisable de cette ressource et également initier d’autres développements : éléments de plus grande taille, éléments préfabriqués de plancher, développement d’outil d’aide à la manutention et la pose des éléments, …, la liste n’est pas illimitée au contraire de l’imagination ».
Rédaction et recueil des propos : Régis Bigot, architecte et Innovation Project Manager
Extrait du NEOMAG#52
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