Approvisionnement et sécurité, stratégie et géopolitique

Approvisionnement et sécurité, stratégie et géopolitique

Pour Claude Turmes, le Conseil des ministres de l’Énergie de l’UE a posé « un signal fort de solidarité et d’unité » sur le gaz. Le Luxembourg prépare un plan national de réduction de la demande d’énergie.

Les pays de l’Union européenne se sont accordés sur un plan de réduction de la consommation de gaz. En gros, il porte sur une réduction volontaire de la demande de gaz naturel cet hiver, en faisant écho à la proposition de la Commission : un plan européen pour réduire la consommation jusqu’au printemps prochain et un nouvel instrument législatif, plus contraignant, dans la foulée.

Le ministre luxembourgeois Claude Turmes a évidemment participé à cette décision, prise en réunion extraordinaire du Conseil des ministres de l’Énergie de l’UE qui, fait savoir le ministre luxembourgeois dans un communiqué, « constitue une étape importante et décisive pour garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique dans l’UE dans le cas d’une rupture totale des livraisons de gaz depuis la Russie ».

L’arme de l’offre et de la demande

Le ministre de l’Énergie explique : « La Russie utilise l’approvisionnement énergétique comme arme. Le marché mondial du gaz est contraint et il est impossible de remplacer chaque mètre cube de gaz russe par un mètre cube de gaz issu d’une source alternative. Il manquait donc une initiative coordonnée du côté de la demande : il faut réduire notre consommation de gaz autant que possible. »

Pour Claude Turmes, les États membres, en parvenant à un accord politique sur une réduction de la demande de gaz naturel, font ainsi « preuve de solidarité et d’unité » – à défaut d’unanimité sur les moyens ; le communiqué ne commente pas des écarts de solidarité comme celui de la Hongrie de Viktor Orban.

Les 27 ont néanmoins convenu d’une réduction de 15% entre le 1er août et le 31 mars. Des exemptions sont prévues ainsi que des possibilités de demander une dérogation à l’objectif de réduction obligatoire. Ces exemptions concernent les pays qui ne sont pas interconnectés au réseau de gaz d’autres États membres ou ceux dont le réseau électrique n’est pas synchronisé avec le système européen et qui sont donc fortement dépendants de gaz pour produire leur électricité. Les dérogations peuvent être demandées, notamment dans le cas de pays dont la capacité d’exportation ou l’infrastructure de gaz liquéfié permet de rediriger du gaz naturel vers d’autres États membres. Par exemple la Belgique, dont le terminal gazier de Zeebrugge (photo principale) constitue l’une des plus grandes plateformes de transit de gaz liquéfié d’Europe.

Le règlement du Conseil est une mesure exceptionnelle et extraordinaire, qui s’appliquera pendant un an, soumise à un réexamen par la Commission européenne pour envisager sa prolongation à la lumière de la situation générale de l’approvisionnement, d’ici mai 2023. Il prévoit également la possibilité de déclencher une « alerte de l’Union » sur la sécurité de l’approvisionnement, rendant la réduction de la demande de gaz juridiquement contraignante pour l’ensemble des États membres. Et les différents États sont appelés à établir des priorités dans les mesures qu’ils prendront afin de ne pas affecter les ménages et des services essentiels, comme les infrastructures critiques, les soins de santé ou la défense.

Une stratégie nationale de réduction de la demande d’énergie

Le ministre Claude Turmes se félicite de l’adoption de ce règlement européen.

« Même si le Luxembourg serait moins affecté que d’autres pays, comme l’Allemagne ou l’Autriche, en cas d’interruption totale des livraisons russes, nous devons faire preuve de solidarité et nous efforcer de réduire notre consommation d’énergie. La réduction de la demande contribuera également à la protection du climat et pourra avoir un effet positif sur la stabilisation des prix de l’énergie »

Claude Turmes annonce par ailleurs que le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire et les autres ministères concernés sont occupés à mettre à jour le plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel du Luxembourg. « Il s’agit d’élaborer une stratégie nationale de réduction de la demande d’énergie. Dans ce cadre, une étroite concertation avec tous les acteurs concernés aura lieu. Le plan et la stratégie seront présentés au début de l’automne ».

Et le ministre précise encore : « Le Luxembourg contribuera à la réduction de la demande de gaz naturel par une collaboration entre l’État, les communes, les citoyens et les entreprises », ajoutant que des conseils pour économiser l’énergie sont disponibles sur energie-spueren.lu. « Ensemble nous allons relever ce défi », conclut-il.

Alain Ducat
Photos : European Council/SIP / Fluxys

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Publié le jeudi 28 juillet 2022
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