Collectif Adhoc : des espaces, des ressources et des services en commun
Déjà bien implanté dans certains pays du Nord de l’Europe, l’habitat partagé n’a pas encore fait d’émules dans nos contrées. C’est sans compter une poignée de pionniers, réunis au sein du collectif Adhoc habitat participatif qui travaille depuis deux ans sur le lancement d’un projet pilote au Luxembourg.
Interview d’un des membres, Éric Weirich.
Comment votre projet d’habitat partagé est-il né ?
L’initiative est partie, début 2014, d’un petit groupe de quelques personnes. Dans le cadre de recherches sur la question « Comment habiter dans le futur ? », ce groupe a étudié les coopératives d’habitation, qui existent en Allemagne et en Suisse depuis une centaine d’années déjà. À la suite de ces recherches, une conférence a été organisée à l’Oekozenter mi-2014. Elle a permis de sonder le marché. Résultat : avec une centaine de participants, nous pouvons dire qu’il y a un réel intérêt pour le sujet de la part de la population ! Cette conférence, nous la considérons comme le point de départ de notre projet. Voici donc un peu plus de 2 ans qu’un noyau dur d’une quinzaine de personnes s’est formé qui travaille sur la création d’un bâtiment en habitat partagé au Luxembourg.
Quel est le principe de l’habitat partagé ?
C’est d’optimiser les surfaces habitables en mettant en commun des pièces qui ne sont pas souvent utilisées et de miser sur l’autogestion en utilisant les ressources et compétences internes disponibles.
Ce type d’habitat n’existe pas encore au Luxembourg ?
Non, mais ce sera bientôt le cas avec notre futur bâtiment qui comprendra une trentaine unités d’habitations et des espaces communs multifonctionnels, assortis d’une offre de services de type carsharing ou espace médias, accessibles aussi bien aux membres qu’aux non-membres.
Qui seront les futurs habitants ?
Nous misons sur l’esprit communautaire de notre groupe. Celui-ci est hétérogène : il est formé d’étudiants, de familles nombreuses, de retraités, etc. Il est multiculturel et intergénérationnel, à l’image de la société luxembourgeoise !
Comment l’organisation quotidienne se passera-t-elle ?
Nous avons l’intention de gérer un maximum de tâches de manière interne. Cela se fera probablement via un système de mise à disposition de temps : chacun devra accorder un certain nombre d’heures à la communauté et les tâches seront aussi variées que siéger au conseil d’administration, tondre la pelouse ou assurer la garde des enfants des autres locataires.
Nous souhaitons également inciter les futurs co-habitants à aller les uns vers les autres. Les échanges sont un élément primordial dans la réussite du projet. Si nous vivons dans cette coopérative d’habitation comme dans un immeuble lambda, nous serons passés à côté de quelque chose !
Où votre immeuble sera-t-il situé ?
Nous sommes en négociation pour la mise à disposition, en bail emphytéotique, d’un terrain appartenant à l’État sur le plateau de Kirchberg. L’emphytéose nous permettrait d’épargner près de la moitié des frais de construction, économies qui se répercuteront sur le montant des loyers qui, de ce fait, baisseront.
Une autre facette de ce projet, au-delà de l’aspect social, est le volet économique : nous souhaitons créer du logement à un prix abordable qui se situera en dehors du marché spéculatif
Et au niveau constructif, avez-vous adopté une approche green et comment se traduit-elle ?
Oui, il y a tout un volet écologique dans ce projet.
Cette construction devra tenir 100 ans. Nous misons donc sur des matériaux durables, de haute qualité et qui proviendront, dans la mesure du possible, du Luxembourg et de la Grande Région.
Ensuite, nous avons réalisé plusieurs études qui nous ont permis d’élaborer un modèle selon lequel nous serons autosuffisants d’un point de vue énergétique grâce à la production décentralisée d’énergie renouvelable, y compris pour l’alimentation des voitures en carsharing, qui seront toutes électriques.
Enfin, nous avons orienté nos recherches de terrain en nous basant sur plusieurs critères, parmi lesquels figuraient une position centrale et une bonne connexion avec les transports publics, de manière à encourager les futurs résidents à abandonner leur voiture autant que faire se peut.
Votre ambition est-elle de dupliquer ce modèle par la suite ?
Pour l’instant, nous nous concentrons sur la réalisation de ce 1er projet qui mobilise toutes nos ressources, mais l’idée est, bien sûr, d’introduire ce modèle durablement au Luxembourg et, dans cette optique, nous allons mettre notre expérience à disposition des futurs porteurs de projets.
Pour en savoir plus : http://ad-hoc.lu/
Mélanie Trélat