Le développement durable est la matière transversale par excellence : elle englobe des thématiques aussi nombreuses que diverses, qui s’entrecroisent et influent les unes sur les autres selon le principe des vases communicants. Nous avons donc choisi, dans ce 1er Dossier du mois, d’aborder sous un angle de vue panoramique ce sujet qui l’est tout autant, afin de poser le contexte pour les prochains opus.
Le développement durable est l’affaire de tous et la responsabilité de chacun, donc celle des entreprises, chez lesquelles développement durable, responsabilité sociétale ou encore économie circulaire sont des notions qui résonnent de plus en plus fort, comme en témoigne, dans ce dossier, Norman Fisch, coordinateur de l’INDR, qui a labellisé 114 entreprises et sensibilisé 900 organisations à la RSE en 6 ans d’existence.
Du côté d’IMS aussi, on note un intérêt grandissant des organisations pour ces questions. Christian Scharff et Nancy Thomas, respectivement président et directrice de l’organisme, indiquent qu’avec 170 entreprises signataires de la Charte de la Diversité, soit 15% de la masse salariale, le Luxembourg est le 1er pays européen en la matière.
Pour mieux comprendre comment ce sens des responsabilités se concrétise sur le terrain, nous avons rencontré Vincent Robinet, Project Manager chez Enovos. Le groupe constate une sensibilité grandissante des employés à l’égard de la marque employeur et il va dans ce sens en leur fournissant -certifications à l’appui- un environnement de travail moderne, confortable, sain et énergétiquement performant et, au-delà de cela, des plans de carrière et de formation pour leur permettre de “s’épanouir tout au long de leur carrière et de faire évoluer leurs compétences’’.
Si la RSE fait son chemin, elle n’est toutefois pas nouvelle pour l’artisanat, qui a le développement durable dans les gènes. C’est en tous cas ce que scande Tom Wirion, directeur de la Chambre des Métiers : “Les entreprises artisanales sont naturellement socialement responsables, en ce sens qu’elles sont enracinées dans le tissu local et régional’’. Et Bruno Renders, directeur du CDEC, d’ajouter que les entreprises de construction ont su démontrer leurs capacités d’adaptation face aux exigences européennes en matière d’efficacité énergétique des bâtiments. Ce sont les entreprises artisanales aussi qui sont à l’origine d’initiatives comme la SuperDrecksKëscht qui incarnait déjà l’économie circulaire des années avant que l’expression soit en vogue.
Bernard Mottet, CEO de l’asbl Ecotrel qui chapeaute la collecte et le traitement des déchets au Luxembourg -donc la SuperDrecksKëscht-, souligne, quant à lui, que “L’économie circulaire ne peut fonctionner que si elle s’articule sur le principe de responsabilité du producteur qui doit, à la base, produire de façon écologique, idéalement utiliser des matières premières recyclées et concevoir ses produits avec une approche écodesign permettant de prolonger leur utilisation’’. Ceci dit, ce que le producteur conçoit et fabrique est fonction de ce que le consommateur est prêt à acheter.
Encore une fois, le développement durable est l’affaire de tous et la responsabilité de chacun, à commencer certainement par celle des pouvoirs publics qui, au Luxembourg, affichent leur engagement en faveur d’une croissance soutenable.
Le pays est, pour l’instant, en phase avec les objectifs qu’il s’est fixé dans le cadre des engagements pris lors de la Cop 21, fin 2015. C’est la bonne nouvelle dont nous fait part la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, dans l’interview exclusive qu’elle nous a accordée. Elle ne se repose pas sur ses lauriers pour autant : “Beaucoup reste à faire si nous voulons atteindre nos objectifs nationaux à moyen et long terme en matière de protection du climat’’, précise-t-elle.
Le développement durable ne peut se concevoir sans une politique de mobilité qui favorise transports en commun et mobilité douce. La mobilité est, en effet, un des piliers sur lequel repose l’accès aux zones d’activités, de services ou de commerce, la sécurité, la réduction des émissions de CO2, donc une économie en bonne santé, une société saine et conviviale et un environnement préservé.
A la une de notre dossier, François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, annonce “un saut qualitatif gigantesque en matière de mobilité“, à l’horizon 2021. Et ce, tant dans la variété de l’offre que dans la qualité du transport. Il mise sur le covoiturage, le tram, mais aussi sur de nouvelles gares et des P+R supplémentaires, le tout interconnecté grâce à un système de pôles d’échange bien pensé. Tout cela devrait être d’autant plus efficace que plusieurs projets transfrontaliers sont relancés notamment par l’arrivée d’un nouveau ministre belge aux transports.
Christian Scharff insiste sur le fait que “ce qui fait le succès des actions d’IMS est l’implication de la sphère publique’’. Ce qui est vrai pour IMS s’applique à l’ensemble des initiatives prises par les différents acteurs privés emblématiques du développement durable. Et ce soutien politique très fort, cette volonté de travailler main dans la main avec le secteur privé, est sans doute une des forces du pays.
J’en veux pour preuve le lancement du projet 3e révolution industrielle, une 1re mondiale pour un état, à l’instigation conjointe d’IMS, de la Chambre de Commerce et du ministère de l’Economie.
Mélanie Trélat