« Comment réduire notre empreinte carbone tout en continuant à afficher une croissance économique ? ». C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les 300 personnes qui ont travaillé pendant plus d’un an pour dégager leur vision d’un monde meilleur dans le cadre du processus de Troisième révolution industrielle.
Les résultats de la grande étude stratégique et participative intitulée Troisième révolution industrielle, et lancée par le ministère de l’Économie, la Chambre de Commerce et IMS en septembre 2015, ont été présentés mi-novembre, après un peu plus d’un an de débats et de réflexions menés par des groupes de travail thématiques sous la houlette de l’économiste américain Jeremy Rifkin. L’objectif ? Définir des pistes pour l’élaboration d’un nouveau modèle économique et social, plus durable et plus intelligent que le modèle actuel. 300 participants issus de tous les secteurs économiques se sont impliqués activement dans ce processus, y ont consacré du temps et ont mis en branle leur créativité pour dessiner la société de demain : une société qui s’est affranchie des sources d’énergie fossiles grâce à la convergence du déploiement à grande échelle des technologies de l’information et de la communication et de la production d’énergies renouvelables.
Pour ce faire, les volontaires ont été répartis dans 9 groupes de travail ayant pour mission de plancher sur un sujet précis parmi l’énergie, la mobilité, la construction, l’alimentation, l’industrie, la finance, l’économie intelligente, l’économie circulaire ainsi que prosommateur & modèle social et de dégager, pour chacune de ces thématiques, une vision à l’horizon 2050 ainsi que des mesures stratégiques qui permettront de l’atteindre.
3 mots d’ordre sont ressortis de ces échanges : durable, smart, circulaire. À l’image des bâtiments de demain qui seront composés de matériaux recyclables à l’infini, producteurs d’énergie renouvelable, interconnectés par des smart grids, modulables en fonction des besoins et qui s’intégreront dans des quartiers où l’énergie, les services et les équipements seront partagés, la notion de propriété étant supplantée par celle d’utilisation. Les bâtiments sont étroitement liés à l’énergie, tout comme la mobilité. La Troisième révolution industrielle vue sous l’angle de l’énergie, ce sont des transports et des bâtiments moins gourmands, la prédilection pour les énergies alternatives, propres et renouvelables, produites de manière centralisée et, à nouveau, distribuées par des réseaux intelligents. Quant à la mobilité, elle sera à l’avenir non polluante, multimodale, partagée et connectée. Exit la voiture individuelle qui roule au diesel ou à l’essence, bienvenue aux transports en commun et au carsharing électrique, à la mobilité « as a service ».
Ecodesign et écoproduction seront également à l’ordre du jour : penser les produits, dès leur conception, pour que leur empreinte carbone soit la plus faible possible tout au long de leur cycle de vie, de leur production à leur recyclage en passant par leur utilisation.
Même principe au niveau des produits alimentaires. Il s’agit ici de produire et de consommer de manière plus raisonnée pour réduire les déchets et les émissions de CO2. Pour y parvenir, le groupe de travail mise notamment sur l’établissement d’une feuille de route de la production alimentaire basée sur la transparence et sur la confiance.
Le numérique est, dans l’industrie, peut-être plus encore que dans les autres secteurs, au cœur de cette révolution, l’innovation technologique étant la condition sine qua non pour que ce secteur négocie habilement le virage. Le groupe de travail Smart Economy a mis en avant les atouts et les lacunes du pays au niveau des ICT, à savoir une excellente couverture Internet mais des savoir-faire qui restent à développer dans ce domaine. Il a aussi insisté sur l’importance de créer des ponts entre l’industrie technologique locale et les instituts de science appliquée.
N’oublions pas la finance qui reste un des piliers économiques du pays. Pour conserver son statut de place financière forte à l’échelle internationale, le Luxembourg doit miser sur l’innovation technologique et renforcer son caractère durable à travers des projets de microfinance innovants et durables bottom-up et une sécurisation toujours plus grande des données.
Une chose est sûre, la mise en place d’un nouveau modèle ne se fera pas sans l’implication des citoyens dans les réflexions. C’est le message du groupe de travail Prosumers & social model et c’est aussi ce qu’incarne le processus de Troisième révolution industrielle.
Mélanie Trélat