« Continuer à sensibiliser aux dangers du radon »
Inodore, insipide, radioactif et cancérigène, c’est un gaz pernicieux. La prévention est la première arme.
« Au Luxembourg, le seuil de la concentration radon à ne pas dépasser se trouve à 300 Becquerels par mètre cube (300 Bq/m3). Pour une personne exposée à des concentrations moyennes de radon autour de 500 Bq/m3 sur de longues années, le risque de développer un cancer des poumons est doublé » : la ministre Paulette Lenert il y a peu ; et s’il y a des facteurs aggravants, comme le tabagisme, « ce doublement du risque vaut aussi bien pour un non-fumeur, ayant un risque initial très faible, que pour un fumeur ayant déjà un risque significativement élevé ». Le gouvernement a mis en place un second plan national fin 2021, ciblant les employeurs et leurs responsabilités, après avoir lancé un premier plan radon couvrant la période 2017-2020.
C’est une question de santé publique. Encore faut-il avoir conscience de la présence du radon et des conséquences de ce gaz radioactif naturel provenant du sous-sol, qui est présent partout et qui, imperceptiblement, peut s’accumuler dans les bâtiments.
Le Nord du pays plus touché
« Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle », souligne Marcel Deravet, Ingénieur et project Manager à l’IFSB de Bettembourg. « On connaît son existence quand on vient du Luxembourg ou des zones limitrophes, géologiquement similaires.
En revanche, au Luxembourg, il y a beaucoup de mouvements démographiques, de nouveaux arrivants venant d’endroits où ce danger est inconnu. Et il peut être tentant de fuir la pression foncière en allant vers des zones un peu moins chères… où le radon est présent. Si on ne le sait pas, on s’expose… Le radon est inodore, inerte et incolore donc imperceptible. On n’a matériellement aucune conscience de sa présence mais une exposition sur quelques années, par inhalation de radon ou de poussières contenant des produits de désintégration radioactifs du radon, est dangereuse. Il faut vraiment continuer à communiquer et à sensibiliser sur ce sujet ».
Le nord du pays est le plus touché par le radon. Des études sur l’habitat privé ont mis en évidence que plus de 5% des maisons ont des concentrations de radon supérieures au niveau de référence de 300 Bq/m3.
Mesures de prévention
« Le ministère donne des conseils et émet des directives, les ingénieurs et les architectes ont leur rôle à jouer et ils doivent être sensibilisés à la question aussi », poursuit Marcel Deravet. « Au niveau de la construction, on doit prendre des mesures préventives. Il faut prévoir des membranes d’étanchéité, sous les fondations et/ou les caves, qui auront un double effet, éviter les remontées d’humidité et bloquer le radon afin qu’il ne s’infiltre pas dans la moindre faille du sol ».
C’est valable, mais plus compliqué, pour des travaux d’extension ou de rénovation de bâtiments. La présence potentielle de gaz est fonction de facteurs divers, la conception du bâtiment, son utilisation ou son âge. Le radon peut s’accumuler à des concentrations élevées dans des espaces confinés ou mal ventilés, notamment en hiver. Les niveaux de radon sont généralement plus élevés dans les sous-sols, les vides sanitaires, les zones proches de la « source », en l’occurrence le sol.
L’expérience a montré que les concentrations de radon dans les bâtiments adjacents, même mitoyens, peuvent varier considérablement, de sorte que les résultats de mesures des constructions voisines ne constituent pas des indicateurs fiables.
« Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Les pouvoirs publics peuvent mettre à disposition, gratuitement pour les privés, des appareils de mesure et de détection.
Après, il faut tout mettre en œuvre, au niveau de la conception technique, ventilation mécanique ou/et extraction, prévoir des réseaux d’extraction souterrains, au cas où il faudrait intervenir plus tard. Ce n’est pas un surcoût très élevé… et cela vaut la peine. Au niveau de l’IFSB, nous incluons systématiquement la sensibilisation au radon dans les formations de qualification, et il y a des formations pratiques spécifiques pour les techniques d’étanchéité notamment ».
Au sein du groupe CDEC qui comprend l’IFSB, COCERT, l’agence pour l’efficacité énergétique des bâtiments, dispose d’experts et de matériel spécifique, notamment pour les mesures de radon. « COCERT fait le lien direct entre l’énergie et la santé, pour un environnement intérieur qui redonne la place à l’Homme et la construction de bâtiments durables et sains ».
Alain Ducat
Photos : COCERT / ministère de la santé / © Marie De Decker/IFSB
Article paru dans le dossier du mois « Pollutions ? Solutions ! »