Des fibres d’herbe pour isoler sainement votre maison

Un savoir-faire que l’on retrouve encore dans leur dernière réalisation, à savoir la construction de deux maisons jumelées à Hersberg, dans la commune de Bech. Elles mettent en œuvre des matériaux sains et biosourcés, parmi lesquels Gramitherm, le seul panneau isolant thermique à base de fibres d’herbe.

Pour le projet d’Hersberg, l’objectif de René Witry, ancien architecte et fondateur du bureau witry & witry architecture urbanisme aujourd’hui passé du côté des maîtres d’ouvrage, était ambitieux : construire des maisons qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Pour l’atteindre, l’équipe de conception, regroupée autour de Pit Kuffer qui a pris la relève du bureau, a notamment misé sur l’utilisation de matériaux qui sortent des sentiers battus, des matériaux biosourcés, plus sains et plus écologiques que les matériaux traditionnels, combinés à un système de rafraîchissement naturel et des installations techniques efficientes. Du bois pour l’ossature, un mur en terre pisé (ou terre crue) qui, de par son inertie, contribue à maintenir une température ambiante agréable, un enduit en argile qui régule naturellement le taux d’humidité ou encore des panneaux en fibres d’herbe pour l’isolation…

Ce dernier produit est une innovation belgo-suisse, nommée Gramitherm. Il s’inscrit parfaitement dans les exigences du maître d’ouvrage, en ce sens qu’il présente un bilan carbone négatif : 1 kg de Gramitherm absorbe 1,5 kg de CO2 éq. « L’herbe est une ressource intéressante car on peut la cultiver localement et elle est disponible en circuits courts, ce qui permet d’éviter de longs transports. Elle se renouvelle facilement et est biodégradable. On peut donc la rendre à la nature ou la réemployer en fin de vie du bâtiment », indique René Witry. Précisons que l’herbe en question est une herbe « perdue » ou « déchet » qui n’est pas utilisée pour la nourriture animale.

En plus de ces avantages écologiques évidents, Gramitherm est avant tout un excellent isolant aussi bien contre le froid que contre le chaud, il régule l’humidité, absorbe les bruits, ne s’enflamme pas facilement et ne dégage pas de fumées toxiques, résiste aux champignons et est hypoallergénique. De plus, si cet isolant présente un prix légèrement plus élevé que la moyenne, il a en revanche une durée de vie de 50 ans au minimum.

Pit Kuffer souligne que : « L’investissement dans la qualité des matériaux est certes un peu plus élevé que pour un projet classique, mais la mise en décharge des produits toxiques lors du démantèlement d’un bâtiment a aussi un coût, qui risque de flamber à l’avenir ».

« La construction de maisons à énergie+, ainsi que l’utilisation de matériaux sains, régionaux permettent plus de résilience face aux crises », ajoute-t-il.

Mélanie Trélat