Dix ans après le séisme, Haïti est ébranlée par la crise
Depuis des mois, Haïti est confrontée à la paralysie et à l’insécurité, une situation chaotique qui n’est pas sans rappeler les lendemains du séisme de 2010. À l’époque, SOS Villages d’Enfants y avait engagé une aide d’urgence suivie d’une aide à la reconstruction aux effets tangibles pour les enfants. Dix ans plus tard, leur situation et celle de leurs familles sont menacées par une crise majeure. SOS Villages d’Enfants Haïti est mobilisée pour pouvoir poursuivre ses actions.
L’année 2019 a été marquée en Haïti par une grave crise politique, économique et sociale qui a débouché sur de vastes mouvements de protestation et des affrontements violents. En cause la corruption, la hausse des prix, l’inflation, l’arrêt des services essentiels (eau, électricité, soins de santé), la fermeture des écoles... Selon les Nations Unies, 40% de la population ont d’urgence besoin d’assistance humanitaire, 3,7 millions de personnes d’une aide alimentaire.
Dans ce pays où les trois quarts de la population vivent sous le seuil de pauvreté, enfants et familles souffrent particulièrement de la crise. Le directeur de SOS Villages d’Enfants Haïti, Celigny Darius, expliquait en novembre dernier que « SOS Villages d’Enfants Haïti a pris des mesures pour assurer aux enfants et adolescents qu’elle prend en charge, sécurité et protection et aux collaborateurs SOS de pouvoir continuer à faire leur travail » évoquant notamment les mesures éducatives et le soutien psychosocial mis en place alors que les écoles étaient fermées pendant des mois. Marie Lona Beaubrun, mère SOS au Village d’Enfants SOS de Les Cayes, témoignait : « Les enfants ne peuvent aller à l’école, les gens ne peuvent travailler et la vie est devenue extrêmement difficile ». Pour elle, la situation actuelle rappelle les troubles sociaux et le chaos qui ont suivi le séisme de 2010.
Dix ans déjà !
Pour rappel, le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7,3 sur l’échelle de Richter a dévasté Haïti, laissant la société dans un chaos total. Il a fait plus de 220.000 morts, 300.000 blessés et laissé 1,3 million de personnes sans abri. La catastrophe a contraint 2,3 millions de personnes à se déplacer et touché plus d’un million d’enfants.
SOS Villages d’Enfants Haïti (active depuis 1978) est intervenue en urgence avant de lancer un programme de reconstruction. « L’énorme élan de soutien des donateurs a permis de répondre aux besoins immédiats de la population mais aussi d’induire des changements durables dans la vie des enfants et des familles », explique Celigny Darius. L’association a ouvert plus de 100 centres de distribution qui ont permis à 24.000 enfants de manger quotidiennement. Elle a pris en charge 500 enfants non accompagnés et a réussi ensuite à réunir près de la moitié d’entre eux avec leurs familles, les autres rejoignant des Villages d’Enfants SOS. Sans l’aide de SOS, ces enfants seraient sûrement dans la rue, selon le directeur qui rappelle que SOS Villages d’Enfants a joué un rôle fondamental en protégeant les enfants « en particulier de ceux qui ont essayé de les emmener illégalement en République Dominicaine ». Il se désole de la facilité avec laquelle des parents ont laissé partir leurs enfants avec des étrangers, « la plus triste leçon de cette catastrophe ».
Le directeur précise que la réponse humanitaire a été suivie par un énorme travail de reconstruction aux effets bénéfiques et durables. SOS Villages d’Enfants a reconstruit sept écoles et en a construit deux nouvelles, a ouvert dix nouveaux centres communautaires et bâti un troisième Village d’Enfants SOS à Les Cayes.
Dans les mois qui ont suivi la tragédie, Parisien Beauzelaine s’est engagée comme mère SOS et s’est occupée de dix enfants, elle qui a vu des choses qu’elle n’arrive pas à oublier, des enfants malnutris, des enfants refusant d’aller à l’école, des enfants souffrant d’une profonde tristesse. « Nous avons réussi à résoudre ces problèmes, cas par cas, avec l’équipe SOS » dit-elle. Dix ans plus tard, sa motivation à soutenir des enfants sans prise en charge parentale reste grande. Elle s’est promis de les aider dans leurs besoins éducatifs et de les guider pour qu’ils deviennent des adultes indépendants et épanouis.
Les défis d’aujourd’hui
Active à Port-au-Prince, Cap-Haïtien et Les Cayes, SOS Villages d’Enfants Haïti accompagne quelque 27.000 jeunes et adultes. Elle est toujours mobilisée alors que les conditions de vie des enfants et des familles les plus vulnérables sont à nouveau mises à mal par la grave crise qui secoue ce pays parmi les plus pauvres de la planète, menacé non seulement par les séismes (comme à nouveau en 2018) mais aussi par le changement climatique. En 2016, elle est intervenue dans le sud du pays pour les victimes de l’ouragan Matthew et, en 2017, au nord-est du pays suite au passage de l’ouragan Irma.
Actualité de notre partenaire SOS Villages d’Enfants Monde
Légende photo : des jeunes filles dans un centre communautaire près
de Les Cayes, Haïti-(c) Danielle Pereira