Elmen, un quartier futuriste avec une culture d’époque
Avec 375 maisons et 375 appartements, qui accueilleront quelque 2 000 habitants sur 27 ha en bordure de forêt, le projet Elmen, à Olm, dans le nord-ouest du pays, se voit comme un laboratoire concret du vivre-ensemble, porté sur l’entraide et la solidarité, avec une vision écologique et durable.
« Un village, c’est avant tout habiter ensemble »
C’est un des postulats de départ du projet Elmen que Julien Bertucci, ingénieur développement durable en chef à la SNHBM, définit comme « un quartier futuriste avec une culture d’époque ». « On revient aux fondements d’un village », explique-t-il, « Certains éléments ont été mis en œuvre d’un point de vue architectural et urbanistique pour encourager les habitants à vivre entre eux ».
(Re)créer du lien social – un élément majeur du projet - passera aussi par des jardins communautaires, par de nombreux espaces publics (48 % de la superficie totale, dont 28 % d’espaces verts), et par des rues plus étroites que la moyenne (3,5 m) qui favorisent la mobilité douce, facilitent la jonction vers les parcs, places et chemins de promenade, et permettent aux enfants de jouer en toute sécurité.
Un service de sharing sera mis en place pour inciter les futurs habitants à louer les équipements dont ils ont besoin dans le domaine du bricolage, du jardinage et de la cuisine (un appareil à raclette, par exemple), au lieu de les acheter et de les stocker. Une société présente sur site s’occupera du check-in, du check-out et des réparations nécessaires. Ce système existera aussi pour les voitures de manière à inviter les usagers à ne posséder qu’un véhicule au lieu de deux et à avoir une voiture de petite taille pour tous les jours plutôt qu’une grosse.
La mixité sera de mise avec des maisons qui côtoient des résidences, mais aussi une maison pour tous, une école, une crèche pouvant accueillir une quarantaine d’enfants ainsi que des logements pour personnes handicapées de la ligue HMC et un supermarché. Le tout autour de la place centrale qui sera le cœur du quartier.
Une durabilité qui repose sur 4 piliers
Le premier de ces piliers est la création de parkings centralisés, équipés en partie de bornes électriques. Ils seront 8 au total, d’une capacité d’environ 200 places chacun. Le but est encore une fois de minimiser l’impact de la voiture sur la qualité de vie. « Aucune maison n’aura de parking privé attenant, ce qui permettra d’avoir des rues où les personnes pourront vivre sereinement », indique Julien Bertucci.
Les espaces verts font également partie de ces piliers. Les jardins privatifs ont été réduits au profit de zones de récréation et de jardinage communes, et des promenades ont été aménagées autour des bassins de rétention des eaux pluviales qui ont été intégrés dans le paysage.
La gestion des eaux de pluie, 3e pilier de la durabilité, se fera via les toitures qui, à quelques exceptions près, seront toutes végétalisées. Elles auront pour vocation de retenir les eaux de pluie pour temporiser leur écoulement dans la rue via des caniveaux jusque dans les multiples bassins de rétention à ciel ouvert.
Enfin, la gestion des sols sera elle aussi réalisée de manière responsable : seules 4 % des surfaces bâties disposent d’un sous-sol, donc quasiment aucun terrassement ne sera nécessaire. « Nous avons choisi de ne pas aplanir le terrain, d’en respecter le relief. Toutes les maisons seront à des niveaux différents, ce qui est un défi pour nos architectes ».
Des logements de qualité à prix abordable
Les maisons seront construites en bois (massif, pour des raisons d’inertie thermique), avec un isolant minéral (hormis au sol). Elles répondront aux critères Nearly Zero Energy Building (NZEB), seront équipées de systèmes 4-en-1 de chauffage, ventilation, rafraîchissement et production d’eau chaude sanitaire, de panneaux photovoltaïques avec batteries en option (objectif : produire 50 % de l’énergie consommée sur le bâtiment) et, au-delà de ces choix techniques, le promoteur public lancera un projet pilote sur la communauté énergétique virtuelle, autrement dit la vente ou l’achat du surplus d’énergie produit entre voisins.
Notons qu’Elmen fait partie du projet européen Interreg GReENEFF, qui vise le financement de quartiers écologiques innovants et de logements sociaux énergétiquement efficaces dans la Grande Région et il est une des références de ce programme. « Nous espérons être un moteur pour que des quartiers similaires se développent au niveau national et dans la Grande Région », conclut-il.
Mélanie Trélat