L'argent ne fait pas le bonheur

L’argent ne fait pas le bonheur

Francesco Sarracino, Senior Economist du Statec, a animé le 1er d’une série de 4 « lunch debates » sur le thème : « Bien-être et durabilité ».

Pour une fois, l’expression « L’argent ne fait pas le bonheur » est à prendre au pied de la lettre, statistiques à l’appui.

Dans les locaux de la House of Start-ups de Luxembourg, invité par Ana-Luisa Teixeira et les équipes de Plaidons Responsable by Caritas, Francesco Sarracino, Senior Economist du Statec, a animé le 1er d’une série de 4 « lunch debates » sur le thème : « Bien-être et durabilité ».

Au menu de cette première rencontre des plus enrichissantes : évaluer, envisager les scénarios d’un développement durable, porté par une société plus « heureuse » dans un contexte économique de post croissance…

Un constat alarmant : entre chiffres-clefs et idées préconçues, le bonheur ou plutôt le bien-être a la vie dure

Francesco Sarracino : « Entre surmenage - aux USA près de 50% de la population travaille plus de 40h/semaine (Source Gallup 2013-2014) -, crise de confiance envers la sphère politique - toujours aux USA près de 80% du public ne fait plus confiance au Gouvernement (source Trust – PEW research Center 2017) -, crise climatique et écologique, ou encore surexploitation des ressources naturelles… la liste est si longue que notre belle feuille de route vers un monde durable et dans lequel il fait bon vivre se transforme rapidement en impasse. »

Nos sociétés, nos économies sont en perpétuelle recherche de croissance, comme si ce fameux PIB (Produit Intérieur Brut) pouvait à lui seul être la réponse à tous nos maux. Nos vies sont fondées sur une vision consumériste linéaire, « Je produis, j’achète, je consomme, je jette », au cœur d’un cercle vicieux où chaque étape entraine la suivante… sans fin, ni satisfaction individuelle ou collective.

Une alternative possible

Il faut travailler en profondeur sur l’idée de découpler le bien-être de la propriété. Notre qualité de vie, notre planète. Et les générations futures en paient déjà un lourd tribut. Selon l’expert du Statec, c’est « en renforçant les populations dans leur recherche de bien-être individuel que nous pourrons constater de multiples évolutions dans une spirale positive ».

En effet, il s’agit d’enclencher un mouvement circulaire vertueux avec l’humain au centre ; pour lui, selon ces préceptes du néo-humanisme, la recherche de bien-être aura de multiples effets positifs.

Sur la productivité d’abord : en étant plus heureux dans sa vie personnelle, plus épanoui, on devient plus productif, et en étant plus productif durant son temps de travail… on pourrait même se permettre, tout en conservant une activité économique viable, de le réduire, ce fameux temps de travail. C’est mathématique.

Francesco Sarracino déclare : « Si l’on augmente d’1 point le niveau de satisfaction et de bien-être individuel, l’amélioration de la productivité serait telle qu’on pourrait travailler 2 semaines en moins par an ». Ce qui permettrait de dégager plus de temps pour ses loisirs, sa famille, et créer du lien… terreau de durabilité sociale et environnementale. Nous pourrions coexister de façon apaisée avec le « vivant » de cette planète. Il faut enclencher des actions individuelles et collectives pour atteindre des objectifs communs. Ce sont ces clefs qui nous permettront d’envisager une durabilité sociale et environnementale dans un contexte de post croissance.

Par où commencer ?

Francesco Sarracino apporte quelques pistes et solutions, d’abord en priorisant les relations sociales « réelles », sous-entendu hors des réseaux et médias sociaux, en s’appuyant sur une planification urbaine réfléchie et orientée en ce sens, sur un système éducatif qui sensibilise et intensifie les échanges, les discussions et non la compétition entre élèves, sur une meilleure organisation du travail, en abaissant par exemple la durée du travail, en garantissant un revenu minimum universel et en soutenant les entreprises sociales.

Ensuite, il faut renforcer la notion de service public avec un État providence qui intervient activement dans les domaines social et économique en vue d’assurer des prestations aux citoyens comme les transports, l’éducation, la santé, les services sociaux…

Enfin, pourquoi ne pas aussi libérer l’espace public de la publicité ? Il s’agirait de réduire voire supprimer ces incitations à la consommation à outrance…

Mais aussi tout simplement…

Sur le plan public, en commençant par se rassembler entre amis, collègues, voisins pour trouver des réponses aux problèmes environnementaux locaux, en soutenant financièrement des actions écologiques, s’engageant bénévolement dans un travail de protection de l’espace naturel, en facilitant l’accès à une information de qualité sur les sujets écologiques…

Sur un plan individuel, avec des gestes simples comme commencer par acheter des produits sans emballages, plus respectueux de l’environnement et limiter le gaspillage alimentaire…

On l’aura compris les idées et les propositions fusent, pour notre bien-être. Hâte de retrouver Francesco Sarracino et les équipes de Plaidons Responsable by Caritas mercredi 19/10 pour la suite…

Frédéric Liégeois

Pour le programme complet des 3 lunch-débats restants, cliquez ici.

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Publié le lundi 10 octobre 2022
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