La gestion durable des eaux pluviales et usées, une nécessité de notre époque

La gestion durable des eaux pluviales et usées, une nécessité de notre époque

Pour créer les quartiers durables de demain, AGORA développe une nouvelle stratégie de gestion de l’eau, notamment basée sur des solutions innovantes pour la rétention et la réutilisation des eaux pluviales et usées. Il s’agit de protéger et de faire les meilleurs usages de notre ressource la plus précieuse.

Pourquoi la gestion durable des eaux est-elle une priorité écologique du développement de nouveaux quartiers ?


« L’eau est une ressource essentielle à nos vies et à toutes nos activités urbaines, et nous savons aujourd’hui qu’elle risque de se faire de plus en plus rare et qu’il importe de la sauvegarder. Chez AGORA, notre souci est autant de favoriser une quantité d’eau suffisante pour utilisation par les citadins que de garantir la qualité des cours d’eau et de la biodiversité – nous planifions par exemple la renaturation de l’Alzette à Metzeschmelz. Nos réflexions portent autant sur la rétention et sur la dépollution des eaux que sur notre responsabilité à limiter l’impact négatif de nos aménagements urbains sur les flux d’eau. Le tout répond aussi à un cadre règlementaire très précis au Luxembourg qui vise à protéger nos cours d’eau, à généraliser les bonnes pratiques de gestion des inondations, à limiter toutes utilisations abusives de la ressource, de même qu’à encourager la rétention et la récupération des eaux pluviales. »

Alexandre Londot, Directeur des opérations, AGORA

Au cœur des projets urbains actuels d’AGORA, pourquoi les stratégies de gestion des eaux usées et des eaux pluviales en particulier vous semblent de la première importance  ?


« Chaque goutte d’eau dépensée inutilement a un impact négatif sur nos écosystèmes. Il nous semble donc évident que l’une des solutions à notre surconsommation d’eau et à la raréfaction de la ressource est d’améliorer les cycles de nos utilisations de cet or précieux et de repenser les infrastructures pour une utilisation rationnelle de l’eau. Je dirais que, dans toutes les communes européennes, le traitement des eaux usées et des eaux pluviales est peut-être l’une des opérations qui a le moins évolué au fil des décennies. Les systèmes standardisés opérés par la majorité des municipalités ne s’appuient pas sur une approche de circulation des eaux ni sur une réflexion sur les cycles hydrologiques possibles. Il est temps de s’y pencher et de faire de grands changements. Les citoyens doivent aussi s’adapter à la nouvelle situation de raréfaction et modifier leurs comportements. Nous sommes à un moment charnières. »

Yves Biwer, Directeur-Coordinateur quartier Metzeschmelz

Yves Biwer et Alexandre Londot
Yves Biwer et Alexandre Londot - © Agora

Pouvez-vous détailler les approches spécifiques développées à Belval et Metzeschmelz ?


« Nous avons une approche globale qui affecte toute la chaîne d’utilisation de l’eau et il serait long de nommer tout ce qui est envisagé. Mais abordons quelques exemples dignes d’intérêt. Il est prévu notamment de réutiliser au maximum les eaux pluviales pour l’arrosage et les toilettes, par exemple. Cela implique de construire des bassins de rétention et d’autres structures permettant de récupérer cette eau et de la filtrer au besoin. Les eaux usées, quant à elle, pourront servir à plusieurs reprises dans la vie domestique, par exemple l’eau de la douche pouvant être filtrée et redirigée vers la cuvette de toilette. L’eau potable, elle, ne servirait dans ce scénario qu’à la consommation humaine et cesserait d’être utilisée à outrance. Nous envisageons aussi la récupération de chaleur lors du filtrage des eaux grises pour la transformer en source d’énergie. C’est une nouvelle façon de faire, révolutionnaire, mais j’aimerais toutefois souligner qu’à Belval, il y a déjà un historique de récupération des eaux pluviales. Toutes les eaux pluviales drainées par le quartier Belval transitent par les étangs d’ArcelorMittal situés au Nord du site et sont utilisées pour le processus de refroidissement de l’usine. Nous nous inscrivons dans cet historique et allons plus loin. »

Alexandre Londot

Quels sont les plus grands défis techniques de réalisation du plan de gestion des eaux pluviales et usées  ?


« Dans le cas précis de Metzeschmelz, un quartier que nous construisons presque de A à Z, l’anticipation des inondations et la construction de structures aptes à les contenir sont un défi, en termes d’ingénierie, car elles impliquent des calculs complexes de volume de rétention, pour dimensionner des bassins qui s’intégreront bien dans le paysage urbain, ou pour déterminer comment les bassins existants et le nivellement naturel des terrains peuvent être utilisés. Nous travaillons à partir du concept de ville-éponge, c’est-à-dire une ville capable d’absorber les eaux pluviales dans le sol ou sur des toits verts pour réguler les inondations, et également pour diminuer la vulnérabilité en période de sécheresse. L’idée est aussi de vraiment multiplier les espaces de rétention, pour s’assurer de récupérer et de contrôler la destination de la plus grande quantité d’eau possible lors des grandes averses ou des orages, entre autres. En ce qui concerne les canalisations, le défi est d’anticiper les futurs développements du site, que nous voulons toujours doter de canalisations permettant plusieurs utilisations d’une même eau. C’est vraiment la tendance à adopter et la voie d’avenir. »

Vanessa Villeneuve, Ingénieur chef de projet, AGORA

Vanessa Villeneuve et Philippe Genot
Vanessa Villeneuve et Philippe Genot - © Agora


« Nous nous assurerons aussi, par diverses techniques, de contrôler le débit des ruisseaux pour maintenir l’équilibre écologique. Et c’est un défi considérable ! Il faut garantir un certain débit, et contrôler aussi minutieusement la quantité d’eau usée qui, à la fin de tous les cycles d’usage par nos citoyens et nos industries, pourrait être reversée dans l’Alzette. Cette eau doit avoir été analysée et traitée pour s’assurer d’un niveau moindre de pollution. Tout cela implique des calculs savants, certes, mais aussi l’implantation d’éléments structuraux, à la surface des cours d’eau, mais parfois aussi en souterrain. Cela peut paraître laborieux, mais c’est également passionnant, et, surtout, c’est essentiel dans le contexte actuel ! »

Philippe Genot, Chief Innovation Officer, Schroeder & Associés

Texte et photos : AGORA

Contribution partenaire in4green
Publié le lundi 14 octobre 2024
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