La paille, un matériau de construction sain et durable
À l’heure où les pouvoirs publics imposent le standard de la maison passive, pourquoi ne pas aller plus loin encore ? Par exemple, en construisant une maison en paille.
En effet, quelle cohérence y a-t-il à construire une maison passive en béton, très énergivore, isolée en polystyrène ou polyuréthane issus du pétrole ? Il est possible d’atteindre le même standard avec des matériaux naturels qui ont capté du carbone durant leur croissance.
Au Luxembourg, la société Holzwunnen est en train de concevoir une maison-témoin en ossature bois et isolation paille en collaboration avec l’entreprise belge Paille-Tech pour la partie ossature.
L’idée de cette maison est de démontrer que l’on peut réaliser une telle construction avec un haut niveau de qualité, tant dans les matériaux que dans l’exécution. Ce bâtiment, situé à Kaundorf, sera construit avec une structure en bois, une isolation en paille, des finitions intérieures en argile, bois et Fermacel, un parement extérieur en crépi sur fibre de bois, des châssis en bois-alu et une isolation sous dalle en verre cellulaire. Le constructeur prévoit de limiter l’énergie grise de cette maison à son strict minimum en y mettant en œuvre autant que faire se peut des matériaux écologiques.
Le travail de Paille-Tech comporte une partie de bureau d’études, puis une phase de préfabrication en atelier. Holzwunnen, ayant déjà l’expertise dans les maisons à ossature bois, garantit un montage très rapide sur site : la construction d’une maison se discute souvent des mois avec le client et son architecte, se construit en 3-4 semaines en atelier et est montée en moins de 5 jours.
Les avantages de la construction en paille sont multiples et peuvent être résumés ainsi :
Isolation
Les murs en ossature bois remplis de ballots de paille de 46 cm de large permettent d’atteindre les coefficients d’isolation des maisons passives (U=0,12W/m2K).
Inertie thermique et hygrométrie
Les enduits d’argile peuvent être directement appliqués sur la paille, ce qui évite de multiplier les couches de panneaux divers. De 3 à 4 cm en moyenne, ils apportent une inertie importante au bâtiment. En outre, la terre crue, qui est un fabuleux régulateur hygrométrique, est garante d’un confort incomparable : pas de buée sur les fenêtres ou les miroirs, pas de gorge irritée par un air trop sec.
Santé
Une jolie maison sans produits chimiques, sans colles et sans peintures, c’est désormais possible et c’est bien meilleur pour la santé de ses occupants.
Résistance au feu et longévité
Contrairement à certains a priori, la paille en ballot résiste très bien aux incendies, qu’elle n’alimente pas. Elle garde son pouvoir isolant même confrontée à de très hautes températures, d’autant plus lorsqu’elle est enduite d’argile. Les pompiers français et allemands ont fait des expériences édifiantes, valables pour toute l’Europe. La longévité des ballots de paille dans la construction est attestée par leur état impeccable dans des réalisations vieilles de plus d’un siècle. Et les rongeurs ne s’y plaisent pas : trop compact et sans valeur nutritive.
Produits locaux abondants, non transformés et recyclables
À l’heure de l’économie circulaire, que peut-on rêver de mieux pour construire des bâtiments ? Aucune pollution à l’entrée, aucune à la sortie, tout peut retourner à la terre en cas de besoin.
CO2
Le bois et la paille ont stocké du carbone durant leur croissance. Contrairement aux autres techniques, l’isolation en paille constitue un puits de carbone. On estime qu’il faut 10 ans pour que la consommation de carbone des habitants d’une telle maison pour se chauffer ne dépasse la quantité stockée dans les murs. Sans compter que les murs sont sans ciment ni terre cuite, gros consommateurs d’énergie.
De nombreux bâtiments publics ont été édifiés un peu partout en Europe et ce, jusqu’à 8 étages ! La paille est donc définitivement un matériau d’avenir dans la perspective d’un habitat sain et durable pour les générations futures !
Infogreen avec Julien Lefrancq / Paille-Tech