La pandémie divise !
La crise COVID nous pèse à tous depuis des mois et sa durée et son impact sur la société et l’économie ne sont pas encore totalement prévisibles. Globalement, la situation n’est pas uniforme mais préoccupante, et le manque d’informations ou les différentes normes d’analyse ne permettent pas de tirer facilement des conclusions précises.
Tous nos projets ne sont pas affectés de la même manière. Cependant, alors que nous travaillons avec des personnes dans le besoin ou dans la lutte pour leurs droits, il faut malheureusement dire que les membres les plus vulnérables de la société sont les plus gravement touchés. Les mesures bien connues pour contenir la pandémie et protéger la population ne peuvent souvent pas y être mises en œuvre, et ce, en raison du manque de ressources financières, de la corruption, de problèmes structurels, de raisons culturelles. La distance sociale est impossible dans un bidonville, le lavage fréquent des mains est difficile à organiser dans les zones de sécheresse. La disponibilité des masques ou des désinfectants est un problème général dans de nombreux pays, et plus encore pour les personnes les plus pauvres. La quarantaine ou l’interdiction de sortie est une condition impossible pour ceux qui sont obligés de travailler quotidiennement pour leur nourriture.
Par exemple, l’Inde, avec son 1,4 milliard d’habitants, est l’un des pays les plus touchés par la pandémie. Fin août, le pays comptait environ 6,6 millions de personnes infectées et 64 500 morts. Nos partenaires du Centre des femmes d’Archana sont encore très limités dans leurs activités après le lockdown, car une grande partie du programme consiste en des formations et des réunions supplémentaires.
La saison des pluies a commencé ici, nous prévoyons des inondations dans un avenir proche. Dans l’ensemble, la situation est très sombre. Il ne se passe pas grand-chose au niveau des projets. En fonction du temps nécessaire, nous essayons de fournir des services d’urgence, tels que la mobilisation de colis alimentaires pour les plus pauvres et les familles avec des femmes, en impliquant le plus grand nombre possible de femmes dans la production de kits et de masques PSA, dont elles ont besoin par milliers chaque jour. À ce jour, nous sommes dans un isolement complet, car toute la région d’Ettumanoor et d’Athirampuzha a été gravement touchée. Nous ne savons pas si nous serons en mesure d’atteindre nos objectifs, déclare Thresiamma, la fondatrice du Centre.
C’est exactement la même chose au Brésil, où la pandémie est une distraction du génocide et de la destruction de l’environnement ! Environ 155 peuples indigènes sont touchés par la Corona, avec un total de 22 900 personnes infectées et 757 morts (au 31 août). C’est une évolution catastrophique compte tenu des faibles défenses des peuples indigènes face aux maladies importées. Compte tenu de la hausse rapide des chiffres de l’infection au Brésil et de l’attitude raciste du président d’extrême droite et de son gouvernement, notre partenaire local, le CIMI auriat dû faire appel à des fonds de soutien pour les projets COVID et faire ce que le gouvernement lui refuse : acheter et distribuer des masques, des articles d’hygiène et de l’aide alimentaire. L’absence d’aide du gouvernement ne peut être considérée que comme une tentative systématique d’éliminer les peuples indigènes : le président est coupable de génocide !
La situation se complique lorsque les modes de vie culturels des populations indigènes doivent être adaptés aux conditions sanitaires de la pandémie. De nombreuses communautés indigènes ont barricadé leurs villages et personne n’est autorisé à y entrer. La pression sur les réserves est accrue par l’invasion des grands propriétaires terriens, des bûcherons, des prospecteurs. Le gouvernement brésilien profite de la pandémie pour abroger sans entrave les lois de conservation et pour promouvoir activement le défrichement de l’Amazonie : c’est ce qu’a proposé le ministre de l’environnement Salles (sic !) dans une commission sénatoriale ! Une telle politique et les moyens financiers bloqués pour lutter contre la déforestation détruisent l’Amazonie et les moyens de subsistance des peuples indigènes. Le droit constitutionnel à la terre des peuples indigènes est ignoré. Les incendies de forêt en Amazonie cette année pourraient même dépasser ceux de l’année dernière.
La pandémie de corona a provoqué des crises dans le monde entier. Ils aggravent des problèmes de longue date et provoquent l’insécurité, la peur, mais aussi de la colère. Sur base des informations reçues de nos partenaires, on peut dire que les droits de l’homme et la conservation de la nature ont malheureusement été relégués au second plan. Cependant, même les nouvelles formes de solidarité n’ont pas pu empêcher le repli sur ses propres besoins et sa propre protection. Une action mondiale et la recherche de solutions à cette pandémie sont nécessaires et indispensables pour que chacun puisse en bénéficier. Nous ne sommes qu’une fibre dans le tissu de la nature, disent les peuples indigènes, et la pandémie de Corona nous a fait prendre conscience de cela, du moins à ceux qui ne sont pas déjà aveuglés par la consommation et la maximisation du profit.
Le pape François, dans son encyclique Laudato Sí (2015), s’est préoccupé de la maison commune : L’humanité et la nature sont inséparables ; le soin de la santé de l’une et de l’autre exige de nous toute perspicacité, engagement et renoncement afin que chacun puisse avoir une vie en plénitude (Évangile de Jean 10:10), y compris les générations futures !
Actualité de notre partenaire Fondation Partage Luxembourg https://partage.lu/fr/actualites/435/pandemie-divise