La pauvreté et les disparités salariales toujours marquées au Luxembourg

La pauvreté et les disparités salariales toujours marquées au Luxembourg

Depuis 2005, l’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché, plus connu sous le nom de Statec, publie chaque année un rapport sur le travail et la cohésion sociale. Il y fait état de l’évolution de la population, des revenus et des inégalités au Luxembourg.

Dans son rapport « Travail et cohésion sociale » 2024, le Statec relève tout particulièrement l’importance du taux de risque de pauvreté des enfants qu’il qualifie de « phénomène préoccupant ». À 24%, ce taux place le Luxembourg parmi les pays les plus mal classés de l’Union européenne dans le domaine. Et ce malgré que ce taux ait déjà reculé de quatre points « grâce au bénéfice du Chèque Service Accueil (CSA), qui améliore le niveau de vie des ménages. » Le taux de pauvreté des mineurs est encore plus élevé dans les ménages monoparentaux, avec 44% des adultes ayant un ou plusieurs enfants à charge touchés par la pauvreté.

Amélioration du risque de pauvreté en vue

Dans la population en général, le risque de pauvreté suit une tendance à la hausse qui, selon le rapport, « se maintient ». Considérant les revenus de 2022, 18,8% de la population était considérée en risque de pauvreté en 2023, donc vivait « avec moins de 2.382 euros par mois, seuil représentant 60% du revenu disponible médian par équivalent-adulte. » 8% de la population et 15% des enfants étaient touchés par la persistance du risque de pauvreté, « c’est-à-dire que leur niveau de vie était en dessous de 60% du niveau médian en 2022, et au moins deux années entre 2019 et 2021 », indique le rapport.

Mais le Statec reste optimiste puisque « le taux de risque de pauvreté monétaire calculé sur base des prévisions de revenu de 2023 serait de 18,3%, en légère baisse par rapport aux 18,8% enregistrés en 2022. » Il précise aussi que le taux de pauvreté peut être nuancé par d’autres dimensions, en tenant compte du revenu bien sûr, mais aussi de la consommation et du patrimoine. Ainsi en 2023, ce taux de risque de pauvreté multidimensionnel a augmenté, passant de 3,9% en 2022 à 6,6%.

Des disparités salariales qui persistent

Si « le Luxembourg se distingue par l’écart salarial homme/femme le plus faible d’Europe », les femmes restent sous-représentées dans les postes de direction, avec « seulement 32% de managers féminins ». L’emploi au Luxembourg est aussi très ségrégué par branche d’activité et par type de profession : « 39% des hommes travaillent dans la construction, l’industrie et les transports, contre seulement 9% des femmes. À l’inverse, 29% des femmes sont employées dans les secteurs de la santé et de l’éducation, où seuls 8% des hommes sont présents. »

Des différences se font aussi entre résidents et frontaliers, les salaires moyens de ces derniers restant plus faible que ceux qui habitent au Luxembourg. Selon l’institut, cela « s’explique en grande partie par le fait que les frontaliers sont concentrés dans des branches et professions moins rémunératrices ». Par contre, si on tient compte du pouvoir dans les pays frontaliers, « la différence de salaire entre frontaliers et résidents s’atténue considérablement, voire s’inverse dans certains cas. » Les disparités de revenus sont globalement assez marquées au Luxembourg. « Les 10% des personnes les plus riches gagnent, en moyenne, 6,7 fois plus que les 10% des moins riches, après impôts et cotisations sociales », affirme le rapport.

Le Statec conclut cependant sur une note plutôt positive puisque, selon les prévisions de revenu pour 2023, « le revenu disponible moyen des ménages résidant au Luxembourg devrait augmenter pour passer de quelque 7.259 euros par mois en 2022 à 7.662 euros par mois en 2023. » Une hausse de 5,6% que l’institut attribue aux indexations de février, d’avril et de septembre 2023.

Par Léna Fernandes

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Publié le jeudi 26 septembre 2024
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