La pratique pour construire plus durablement
Gros consommateurs d’énergie (45 % du total européen), les bâtiments sont en pleine mutation : de véritables passoires à chaleur, ils sont aujourd’hui passés à des Nearly-Zero Energy Buildings quasi autonomes, voire producteurs d’énergie, et ils deviendront bientôt des banques de matériaux démontables et réutilisables. Pour accompagner cette évolution, la formation est nécessaire.
« Le développement durable, et plus particulièrement la construction durable, ont toujours été ancrés dans le fonctionnement de l’Institut de Formation sectoriel du Bâtiment, dès sa création, il y a 15 ans », indique Alexis Sikora, chef du département Construction durable à l’IFSB.
Cette approche s’incarne dans ses activités. L’IFSB est notamment à l’origine du 1er événement dédié à cette thématique au Luxembourg, en 2006 : une conférence dont le but était d’en expliquer les principes et la manière dont le secteur pouvait l’implémenter dans toutes les phases de vie d’un bâtiment, tant au niveau de la technique que du management. Le succès de cette initiative, qui a réuni quelque 200 participants, a confirmé que la demande en formation sur le sujet existait bel et bien.
Puis, en 2007, une formation Conseiller en construction durable de 110 heures a été développée, portant sur l’impact de la notion de durabilité sur la gestion d’un chantier et les techniques de construction. « Cela passait par des éléments liés à la réglementation, à l’isolation, à l’étanchéité à l’air de l’enveloppe, aux énergies renouvelables, aux différents tests de contrôle, ou encore au confort et à la santé dans les bâtiments. L’objectif de cette formation était de proposer une vision transversale de la construction durable, notamment aux architectes et aux entreprises générales afin qu’ils prescrivent ou suivent la mise en œuvre correcte des éléments liés à l’efficacité énergétique », explique-t-il.
Le phénomène s’est ensuite amplifié avec la traduction dans la réglementation nationale d’une directive européenne imposant, depuis 2010, la production d’un certificat de performance énergétique valide pour toute vente ou location de bâtiment. « Ceci a dynamisé la formation, les besoins venant notamment de bureaux offrant du conseil en énergie, des architectes établissant les CPE et des promoteurs communiquant sur l’impact réduit sur l’environnement », ajoute Alexis Sikora.
Enfin, depuis 2012, soit 5 ans avant la réglementation qui impose que chaque nouvelle construction de bâtiment d’habitation ait une consommation d’énergie quasi nulle et corresponde au standard (AAA), les formations dédiées aux salariés manuels intègrent les éléments liés à la performance énergétique des bâtiments : « Tout ouvrier maçon qui est passé par l’IFSB depuis 2012 a suivi un cursus comprenant des modules spécifiques à l’efficacité énergétique, matérialisés sous forme de cours théoriques, mais aussi sous forme de cours pratiques ».
Pour ce qui est de la pratique, l’institut de formation s’est doté en 2014 d’un bâtiment didactique passif de 300 m2 qui donne la possibilité aux stagiaires de réaliser une maçonnerie isolante, de poser une façade isolante, des menuiseries extérieures étanches à l’air, des isolants et un pare vapeur en toiture et ce, en conditions réelles. Le travail est ensuite testé au moyen d’un blower-door test qui permet de mettre en évidence les fuites d’air liées à des défauts de mise en œuvre. Les stagiaires peuvent aussi y effectuer l’installation et la mise en service de pompes à chaleur. Dans le bâtiment didactique, sont également proposées des formations adaptées aux exigences de la nouvelle certification luxembourgeoise des bâtiments durables LENOZ avec par exemple, depuis quelques mois, la réalisation de façades démontables, domaine dans lequel de nouveaux modules seront lancés en 2018. Sur site, sont également dispensées, en partenariat avec la Chambre des Métiers, des formations liées à la mise en œuvre et à la mise en service d’installations solaires thermiques, photovoltaïques et de pompes à chaleur. « Nous proposons des formations pratiques, orientées sur le concret, sur les mises en situation réelles avec du vrai matériel, du travail en hauteur, des problèmes techniques à résoudre ce qui permet de former les stagiaires de manière à ce qu’ils soient en mesure de répliquer ces gestes correctement sur les chantiers. C’est le modèle qui nous caractérise », souligne Alexis Sikora.
L’IFSB utilise également le Neobuild Innovation Living Lab comme outil de démonstration et de retour d’expérience d’une construction exemplaire en termes de performance de l’enveloppe, d’énergies renouvelables et de confort et de santé dans les bâtiments.
Mélanie Trélat