Le paysage acoustique au Luxembourg

Grave, aigu… c’est une maladie... non, c’est le bruit. Bruit, nuisances sonores et pollution sonore.

Qu’entend-on par acoustique ?

L’acoustique est le domaine de la physique qui traite de la propagation des ondes dans l’air, tout particulièrement. Ça, c’est pour les scientifiques. Dans la pratique, c’est du bruit. Le bruit est partout et tout le temps. Chez soi, au travail, dans la rue, dans les transports... Chacun le perçoit différemment en fonction de sa physionomie, de sa culture, de son métier, de ses hobbies et de sa tension nerveuse. Parfois le bruit est utile. On parlera alors de son, de musique, d’information ou d’acoustique. Souvent il est néfaste. Le bruit est un facteur agissant sur la santé. Cela est connu depuis longtemps, pourtant, la prise de conscience est lente. Pourquoi ? L’acoustique est considérée comme un produit de luxe ou de loisir, qui améliore le confort de vie mais n’affecte pas la santé. C’est une erreur, l’Organisation Mondiale de la Santé a publié en 2018 le document « Lignes directrices relatives au bruit dans l’environnement dans la Région européenne : Résumé d’orientation ». Cette publication présente les seuils de bruit à partir desquels les effets néfastes du bruit se font sentir. Il semble que personne ne s’attendait à des valeurs aussi faibles (recommandations : pour le trafic routier Lden ≤ 53 dB(A) ; 45 ≤ dB(A) Lnight, le trafic ferroviaire Lden ≤ 54 dB(A) ; 44 ≤ dB(A) Lnight et Lden ≤45 dB(A) ; 40 ≤ dB(A) Lnight pour le trafic aérien). Veiller à l’acoustique est alors particulièrement important si nous souhaitons apporter confort et bien-être à nos environnements.

Comment se positionner sur ce marché ?

Le positionnement sur ce marché ne peut pas être étroit. On peut bien sûr se spécialiser dans un domaine comme l’environnement ou la construction, mais un jour ou l’autre il faut piocher dans l’un pour avancer dans l’autre. Pour apporter un service de qualité au niveau local, une vision plus large semble plus appropriée. C’est-à-dire qu’il est préférable de suivre l’évolution de chaque domaine de l’acoustique.

Quelle est la place de SECO ?

Les secteurs les plus demandeurs au Luxembourg sont le secteur environnemental et le secteur de la construction, avec une émergence des constructions en bois. On retrouve également des demandes dans le secteur industriel et chez les particuliers. Le marché est donc hétérogène et important.

SECO Expert propose ses services dans le domaine de l’acoustique et des vibrations. Cela permet de mener les missions de manière plus complète. SECO Expert réalise des missions dans les secteurs de l’environnement, de la construction, du génie civil et des ouvrages d’art. Le service acoustique intervient dans le conseil, la définition des performances, la validation des produits par simulations ou par mesures, par exemple.

Que peut-on dire de la technicité de l’acoustique ?

D’un point de vue technique, l’acoustique est largement couverte par des méthodes et des techniques reprises dans des normes nationales et européennes. Un travail d’harmonisation a été mené en Europe sur les indicateurs de bruit et les performances à atteindre. Cela a porté ses fruits notamment sur les performances des éléments de construction. En revanche, lorsqu’il s’agit des performances globales d’un logement, les indicateurs et les niveaux de performances divergent entre pays de l’Union européenne.

Les dernières évolutions se sont principalement faites dans la gestion des informations. Le GIS (Geographic Information System) permet de prendre en compte les données d’urbanisation directement dans les logiciels de modélisation et de croiser les données. Le BIM (Building Information Modeling) permet d’intégrer l’acoustique plus efficacement dans le flux de travail des architectes.

Quels sont les agréments, autorisations et normes ?

Pour intervenir dans le domaine de l’environnement, il est préférable d’être agréé par l‘Administration de l’environnement. La réglementation est relativement stable mais pourrait changer avec la mise en application de la méthode CNOSSOS.

Pour intervenir dans le domaine de la construction, il est préférable d’être familier des normes publiées par l’ILNAS ou le CEN. Dans ce domaine, la norme allemande DIN 4109 fait référence, mais depuis mars 2022, l’ILNAS a publié une norme spécifique aux habitations.

Qui dit acoustique, dit mesures ; quel est l’objectif ?

Le travail des acousticiens en amont des projets est essentiellement basé sur des modélisations informatiques. Les résultats de ces analyses prévisionnelles sont obtenus à partir d’hypothèses qui sont soit favorables soit défavorables. Souvent aussi, des paramètres typiques sont utilisés et les défauts de mise en œuvre ne sont généralement pas pris en compte. De fait, les mesures restent indispensables et peuvent permettre de recaler les modèles de prévisions. Les mesures sont utilisées dans la majorité des cas pour caractériser une situation réelle. Les résultats servent à valider des performances ou au contraire à quantifier des défauts ou des dépassements de limites.

Le matériel de mesure bénéficie des dernières avancées technologiques. La tendance, comme dans d’autres secteurs, est de lier le système de base (microphone et préampli) aux smartphones. De fait, les sonomètres modernes sont plus compacts, sont reliés au réseau 4G et intègrent un GPS, une caméra et peuvent être contrôlés à distance. Des outils de localisation de sources de bruit ont été commercialisés et des solutions de surveillance avec une publication presque instantanée des résultats sur le web sont couramment utilisées.

Quels sont les besoins ou les attentes des entreprises ?

Les demandes et les besoins diffèrent en fonction des secteurs d’activité. Cependant, je pense pouvoir résumer le rôle des intervenants en acoustique, à celui d’accompagnateur de projet. Ils doivent connaître les référentiels et conseiller les acteurs publics ou privés en leur apportant des données d’aide à la prise de décision.