Le potentiel des serres de toit à la loupe
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une préoccupation internationale majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique, qui menace l’ensemble de notre écosystème.
Le secteur de la construction a évidemment un rôle clé à jouer et, si la rénovation énergétique des bâtiments est une façon d’y contribuer, une autre solution pourrait bien venir d’en haut... Levons les yeux et considérons sérieusement tout le potentiel de nos toits !
Résultats du projet GROOF
GROOF est un projet de recherche INTERREG NWE dont l’objectif est d’étudier les synergies entre construction et agriculture, à travers la construction et le suivi de quatre serres pilotes sur les toits de quatre villes européennes. Dirigé par le CDEC (Conseil pour le développement économique du secteur de la construction) au Luxembourg, il regroupe onze partenaires issus de cinq pays (France, Belgique, Allemagne, Espagne et Luxembourg) qui apportent chacun des compétences et des connaissances précieuses telles que le processus et la méthodologie de construction, la gestion énergétique des bâtiments, le développement de l’agriculture urbaine, la connaissance des plantes et des systèmes de culture, l’esprit d’entreprise, les compétences socio-économiques...
L’approche de GROOF est à la fois intersectorielle et innovante. Elle vise à réduire les émissions de CO2 des deux secteurs concernés à travers :
- la recirculation de la chaleur générée par le bâtiment vers une serre sur le toit (RTG) de manière active (par le système de ventilation) et passive pour favoriser la production de plantes,
- la collecte du CO2 produit par l’activité humaine et les activités du bâtiment pour stimuler la croissance des plantes et améliorer les rendements,
- la réduction des émissions de CO2 générées par le transport en produisant localement des aliments frais.
Pour chacun de ces aspects, les équipes de GROOF ont :
- identifié les obstacles à l’accès au marché,
- créé un état de l’art basé sur la littérature et l’expérience des serres de toit existantes,
- expérimenté, validé et démontré l’efficacité des serres sur toiture grâce à l’étude de quatre projets pilotes,
- accompagné les premiers adoptants des serres sur les toits (porteurs de projets) dans tout le nord-ouest de l’Europe,
- rassemblé toutes les connaissances dans des directives dédiées pour encourager chaque entreprise ou individu qui souhaite développer un projet de serre sur les toits.
Les avantages des serres de toit relevés lors de ce projet sont les suivants :
- Une distance plus courte entre producteurs et consommateurs permet d’avoir des fruits et légumes plus frais, moins chers et avec un impact carbone réduit dû aux économies de transport et de stockage. Ceci est particulièrement important dans les villes situées loin du lieu de production des aliments.
- Les serres sur les toits en milieu urbain peuvent également être des lieux de sensibilisation/éducation de la population aux moyens de production des aliments.
- Construire des serres sur les toits plutôt que sur le sol permet de gagner de l’espace qui peut être utilisé pour l’agriculture, les espaces verts ou d’autres types de logements.
- Une serre sur le toit peut utiliser l’excès de chaleur et de CO2 émis par le bâtiment auquel elle est intégrée, ce qui permet d’économiser de l’énergie.
Au-delà de GROOF
Un nombre croissant de serres ont été construites sur les toits de villes du monde entier.
Elles présentent certains défis :
- Le bâtiment doit avoir la capacité structurelle de supporter un étage supplémentaire. Si ce n’est pas le cas, cela nécessite de la renforcer, ce qui peut être coûteux.
- La construction de l’accès à la serre et son intégration avec le bâtiment pour l’échange de chaleur et d’air augmenteront les coûts par rapport à une serre sur le sol.
- Il peut également être difficile d’obtenir l’autorisation de construire une serre sur un toit dans un centre-ville pour des raisons esthétiques ou parce que les réglementations n’autorisent qu’un certain nombre d’étages sur les bâtiments de la zone.
Afin de faire face au coût élevé de ces structures, l’entreprise peut travailler sur divers modèles économiques :
- les visites guidées et l’éducation peuvent contribuer à faire de la serre plus qu’un simple outil commercial,
- la vente directe aux consommateurs par le biais de son propre magasin (voir le projet des Fermes de Gally à Paris), de son restaurant (voir la serre FRESH de l’IFSB) ou de systèmes de boîtes alimentaires peut augmenter les revenus, tout en permettant qu’une plus grande part du prix final revienne au producteur.
- certaines serres sur les toits sont également construites pour être utilisées à des fins éducatives et de recherche par des universités ou des écoles (voir le projet de ULiège à Gembloux, Belgique).
- Enfin, toutes ces serres utilisent des systèmes hydroponiques pour l’irrigation et la fertilisation des plantes.
Romain Guillaud, Innovation Project Manager – CDEC et Mélanie Trélat, rédactrice - Neomag
Extrait du NEOMAG#53
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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