Les cool roofs, contre les ICU
SOPREMA a développé des solutions de toitures qui conjuguent une bonne réflectance et une bonne émissivité afin de limiter l’échauffement dans et à l’extérieur des bâtiments. Et elle ne compte pas s’arrêter là !
Quel lien peut-on faire entre matériaux et îlots de chaleur urbains (ICU) ?
Aurélie Dévant : Les ICU sont avant tout liés à l’urbanisation. En effet, pour que la ville reste propre et facile à vivre, les urbanistes ont développé des espaces très minéralisés, qui intègrent peu de végétaux. Or, pendant la journée, les matériaux utilisés s’échauffent. Et la nuit, ils rayonnent la chaleur qu’ils ont absorbée dans la journée.
Que faut-il dès lors favoriser ?
A.D. : Sachant qu’une matière de couleur sombre est plus sensible à la chaleur qu’une matière de couleur claire, il faut privilégier les couleurs claires. Mais aussi, et surtout, la végétalisation que ce soit au sol, en toiture ou en façade.
Quelles solutions proposez-vous chez SOPREMA ?
A.D. : Nous avons développé des membranes d’étanchéité de couleur blanche, qui ont été inspirées par l’observation des villages de Grèce.
Nous proposons aussi des toitures végétalisées, une technique que nous avons lancée il y a trentaine d’années, qui sont autant d’années d’expertise. Ce type de toiture casse le phénomène d’emmagasinement et de rayonnement de chaleur. L’épaisseur du substrat et des plantes isole le bâtiment et crée un ombrage permettant au bâtiment, particulièrement le dernier étage, de ne pas monter en température.
Rik Van Keymeulen : Nos cool roofs sont composés comme une « lasagne » dans laquelle il y a différentes couches : on part d’un support qui peut être en bois, acier, béton…, sur lequel on pose un vernis d’adhérence, un pare-vapeur, un isolant, une sous-couche et une couche de finition de couleur claire qui va faire l’étanchéité. Ceci permet d’obtenir un bon niveau d’émissivité (la capacité à décharger l’énergie absorbée) et un bon indice SRI (c’est-à-dire la réflectance ou la capacité à réfléchir le rayonnement solaire) ce qui contribue à une gestion efficace de la chaleur. Nous avons deux familles de produits : SOPRALENE Techno White, qui offre un excellent rapport qualité-prix, et SOPRALENE Optima, qui est notre gamme supérieure. Les deux existent en classique, en différents coloris, dont le blanc et en spécial toitures végétalisées.
Avez-vous pu mesurer les résultats obtenus ?
A.D. : Ce sont des études très complexes à réaliser, mais on sait qu’une toiture plate traditionnelle peut monter à plus de 72°C un jour de canicule, ce qui a une incidence sur la température dans le bâtiment, au dernier étage. La température de la surface d’une membrane d’étanchéité blanche se maintient à 42°C, ce qui limite l’échauffement du bâtiment.
Pour ce qui est des toitures végétalisées, nous avons observé qu’elles permettent de gagner 2 à 4°C sur l’étage supérieur, à l’intérieur. Et, à l’extérieur, elles restent à une température proche, voire équivalente, à celle de l’air ambiant.
R.K. : Si la température grimpe au-delà d’un niveau acceptable dans le bâtiment, cela a une incidence non seulement sur le confort des occupants, mais aussi sur l’énergie consommée pour rafraîchir. Et, pour refroidir une pièce de 1°C, on a besoin de 3 fois plus d’énergie que pour la chauffer de 1°C. Les produits à haute réflectance permettent ainsi d’économiser 15 à 20 % d’énergie.
Y a-t-il d’autres solutions en cours de développement ?
R.K. : Nous partons du principe que nos produits sont techniquement bons. Ils sont certifiés comme tels. Nous avons réalisé de nombreux investissements ces dernières décennies pour ajouter de la valeur à nos solutions (parce qu’elles contribuent à la biodiversité ou à la lutte contre les phénomènes d’ICU, par exemple). Nous avons également fait plusieurs acquisitions pour étendre notre offre et, notamment, développer les toitures vertes.
A.D. : La majorité des toitures végétalisées actuelles sont constituées de couverts végétaux, formés d’un mélange de sedums, de mousses et de vivaces. Ces plantes ont été sélectionnées pour leur capacité à survivre dans un complexe hors-sol, à encaisser des rayonnements forts et des variations importantes de température, et non pas pour leur capacité à rafraîchir. Simplement parce que ce n’était pas une problématique jusqu’à présent. Elles n’amplifient donc pas les phénomènes d’ICU, mais elles sont moins performantes que ce qui pourra bientôt se faire et notamment qu’un nouveau système que nous allons bientôt lancer, où nous avons sélectionné des plantes qui ont des propriétés rafraîchissantes.
R.K. : Bien que la performance énergétique des bâtiments soit un sujet tout à fait d’actualité, on parle encore peu du concept de cool roof. Dans ce contexte, nous nous inscrivons dans une mission d’information, de prescription, afin d’offrir des solutions pour tout type de bâtiment, qu’il s’agisse de rénovation ou de construction nouvelle.
Mélanie Trélat
Interview d’Aurélie Dévant, responsable marketing SOPRANATURE®, département toitures végétalisées de SOPREMA , et Rik Van Keymeulen, specification manager chez SOPREMA
Légnde Photos :
Entrepôt (Orcq, Belgique) > SOPRALENE Techno White
Restaurant Colmar (Anvers)
Réaffection d’un ancien supermarché Colruyt en Events Home > SOPRALENE Optima White
Article tiré du NEOMAG#33
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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