Le Green Deal européen le rappelle aux distraits : l’appel à plus de durabilité s’intensifie, à tous les niveaux. Dans ses engagements à réduire les émissions de CO2 de 55% d’ici 2030, le Luxembourg a inclus la création et la promotion des bâtiments fonctionnels et résidentiels à faible consommation d’énergie.
Mais la question de l’habitabilité peut prendre des formes diverses. « Le problème n’est plus comment bâtir le paradis sur Terre, mais comment y vivre », soulignait Alexandre Zinoviev, le philosophe-écrivain russe contemporain. Cela met l’humain, l’occupant, au centre d’un cercle vertueux de la construction. Le bâtiment est, souvent, le refuge (confirmé de facto par les périodes de confinement) ou le foyer (notion de cellule familiale qui vient du feu autour duquel se rassemblaient les parents et la fratrie), le lieu de vie, l’espace de travail, l’immeuble qui abrite des citoyens, des services… Parfois, de plus en plus souvent même, les fonctions se mixent, entre travail, loisirs, activité commerciale, habitat, production, consommation. Mais toujours, il y a l’Homme et son environnement.
De fait, les bâtiments durables ne se réduisent pas uniquement à une efficacité sur le plan énergétique ou de la gestion des espaces, ils sont également constitués de matériaux naturels, recyclables, réutilisables, d’éléments de confort et de bien-être, de combinaisons évolutives selon le cycle de vie du bâtiment, d’un mélange de techniques de pointe et de savoir-faire artisanal – l’un n’excluant jamais l’autre.
Toutes ces données se retrouvent dans les grandes notions et approches du bâtiment : économie circulaire, cradle to cradle, industrialisation, fonctions nobles, autonomie, matériaux biosourcés, production active d’énergie et plus généralement de ressources, à partager plus qu’à consommer…
Les façons de penser la construction ne cessent d’évoluer, et toutes les parties prenantes, des concepteurs aux occupants, en passant par les promoteurs, les urbanistes, les architectes, les techniciens, les fabricants, les artisans, les pouvoirs publics…, tous contribuent à l’évolution du cadre de vie et apportent leur pierre à l’édifice, en bonne intelligence. Et, petit à petit, l’oiseau fait son nid…
Les utilisateurs sont au centre, les techniques sont à leur service, et aussi au service de bâtiments durables, dans l’environnement, dans le temps, et ce même si l’affectation d’un lieu peut – doit pouvoir – s’adapter aux besoins. Dans ce dossier, on trouvera des avis, des exemples, des projets primés, des conceptions innovantes, des matériaux d’avenir, des techniques spéciales, des démarches sociétales…
Dans un Luxembourg qui voit exploser les besoins immobiliers à géométrie variable, bâtir (pour) le futur, c’est peut-être d’abord construire juste. Agir pour les occupants d’aujourd’hui prépare les besoins des citoyens de demain. C’est la place d’une génération constructive.
Alain Ducat