« Nous avons tous droit à plusieurs chances »

« Nous avons tous droit à plusieurs chances »

Les membres du Comité National de Défense Sociale (CNDS) sont présents sur tous les fronts pour aider les plus démunis dans leur réinsertion professionnelle. Et les résultats sont plutôt positifs. Rencontre avec le directeur, Raoul Schaaf.

Le CNDS est une asbl créée il y a 56 ans. L’article 2 des statuts de l’association résume très bien les activités prioritaires : aider par tous les moyens appropriés au reclassement des détenus libérés afin de faciliter une réintégration dans la société, d’une part, et mettre en œuvre les moyens propres à aider l’enfance et l’adolescence en danger de déviance, ainsi que toute personne en danger de marginalisation, d’autre part. « Aujourd’hui, les activités se sont nettement diversifiées, mais au centre de notre philosophie, on retrouve toujours l’humain », souligne le directeur, Raoul Schaaf.

« Actuellement, 152 salariés s’occupent d’environ 650 personnes distinctes par an. Afin que tout se passe bien, l’encadrement repose sur trois piliers : bénéficier d’une habitation, avoir un travail qui a du sens et qui peut contribuer au bien-être de la personne et, enfin, tisser des liens sociaux qui font progresser dans la reconstruction. »

Parmi les activités du CNDS, on retrouve l’Abrigado qui aide les consommateurs de drogues dures. « Il s’agit d’une prise en charge médicale et d’un accompagnement socio-pédagogique. Les personnes qui souhaitent continuer à consommer peuvent le faire dans un endroit propre et adapté. Depuis 3 ans, nous avons aussi un programme de substitution pour celles et ceux qui désirent s’arrêter. C’est évidemment une étape importante pour se relancer dans la vie, sans devoir courir après sa dose. »

L’humain avant tout

Pour créer des liens sociaux, rien de mieux que la Vollekskichen qui propose des repas sains et copieux pour un petit budget. « Tout le monde peut y aller. Les personnes les plus vulnérables y croisent des travailleurs et des habitants du quartier dans une ambiance très conviviale. Personne n’est exclu ni jugé. Pour 7 euros, on peut savourer un repas équilibré. C’est vraiment la preuve que l’inclusion sociale peut fonctionner. »

CNDS Nei Aarbecht est un autre service qui rencontre un beau succès. Il propose des mesures d’activation sous forme de travaux d’utilité collective à des bénéficiaires du revenu d’inclusion sociale. « Nous y récupérons des meubles qui sont par la suite remis à la vente par nos soins. Le service a été créé en 1986. Nous avons donc mis un pied dans l’économie circulaire bien avant que tout le monde ne s’engouffre dans le créneau. Nous récoltons actuellement entre 4 et 5 camions par semaine. Notre magasin est accessible à tout le monde et change quasiment de visage tous les jours. Il connaît un franc succès, par exemple auprès des jeunes qui sont à la recherche de meubles et de déco des années 70 et 80. » Certains articles plus « précieux » sont mis en vente sur la page Facebook. L’achat peut se faire par ce biais, mais l’enlèvement doit toujours se faire au magasin.

Le dernier service en date est un magasin de vélos d’occasion à Mersch. « Nous les réparons, les entretenons et les vendons. Nous proposons également un service de dépôt-vente. Il y a toujours une notion d’économie circulaire et de réinsertion sociale. »

De la nature au logement

La nature n’est pas oubliée avec les services de CNDS Services de l’Entraide et CNDS-Naturaarbechten. Il s’agit de structures d’activation et/ou de stabilisation socio- professionnelle, qui s’adressent à des personnes socialement défavorisées et souvent très éloignées du premier marché de l’emploi ; elles peuvent acquérir une certaine autonomie par le biais de travaux accompagnés. « Nous nous occupons surtout de l’entretien des réserves naturelles. Nous sommes actifs sur la majorité des réserves naturelles appartenant à la “Stëftung Hëllef fir d’Natur” répartis sur tout le pays. Nos services de l’Entraide, basés à Troisvierges, participent également à la réinsertion socio-professionnelle via la vente de légumes régionaux, de miel, de confitures, des travaux de sous-traitance, mais également de vêtements de seconde main et de jeux. Depuis très longtemps, ces services s’occupent également du balisage et de l’entretien de bon nombre des sentiers auto-pédestre à travers le pays. »

Avoir un toit au-dessus de la tête est une base pour se relancer dans la vie. Lancée en 1978 par le Ministère de la Famille et de l’Intégration, le CNDS Wunnen a comme objectif la réinsertion sociale de personnes seules, de couples ou de familles qui sont en situation de non-logement, de mal-logement ou en situation de vie précaire. « Il y a 6 ans, nous avons mis en place le projet Housing First (un chez-soi d’abord), un concept qui vient des USA. Grâce au logement mis à disposition, les bénéficiaires se sentent plus en sécurité, sans encourir les risques de la vie dans la rue et peuvent se concentrer sur leur avenir. Nous les aidons dans leurs démarches administratives et autres. Mais nous avons également des centres d’accueil classiques et des logements encadrés et accompagnés (LEA). »

Jamais abandonner

Au CNDS, on a toujours droit à plusieurs chances. «  S’il y a un souci avec un bénéficiaire, on ne le met pas de côté. On cherche des solutions pour le relancer une nouvelle fois dans la vie. Il faut savoir que vivre dans la rue représente du stress pur, tant au niveau de la sécurité qu’au niveau des conditions sanitaires ou d’accès aux services de santé. À titre d’exemple, avec Housing First, on observe un changement considérable chez tous les locataires du moment qu’ils ont leur chez-soi. On leur laisse le temps nécessaire pour s’habituer et évacuer progressivement leur stress avant de se lancer à nouveau dans la vie. Pour accéder aux logements, c’est la motivation intrinsèque qui compte, c’est la personne qui doit faire le premier pas. Sinon, notre première priorité est d’aider la personne à retrouver un cadre et une certaine stabilité dans sa vie. »

Les bénéficiaires sont intégrés dans les différents services, dans le cadre de contrats de travaux d’utilité collectifs, qui permettent de ré-acquérir certaines compétences et pratiques, telles que la propreté, la ponctualité, la gentillesse ou encore la persévérance dans le travail. « Une fois qu’une certaine stabilisation est atteinte, et il n’y a aucune urgence, nous pouvons, le cas échéant, les orienter vers des mesures de réinsertion socio-professionnelle comme le Forum pour l’emploi ou co-labor, ou sur le premier marché du travail. Toute cette démarche se passe dans le respect du rythme et de la volonté de chacun puisqu’on ne peut aider personne malgré elle-même. »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Infogreen
Extrait du dossier du mois « Former pour agir »

Article
Article
Publié le mardi 7 mars 2023
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires