
Objectif : la réouverture de l’hôpital de santé maternelle de Port-au-Prince
Actuellement en mission en Haïti, Wilma van den Boogaard, chercheuse opérationnelle chez MSF Luxembourg (LuxOR), explique l’avancement du nouveau projet MSF sur la clinique de santé sexuelle et reproductive qui ouvrira à Port-au-Prince dans les mois à venir, dans un contexte où les femmes sont prises au piège entre violence et pauvreté.
Depuis 2022, la commune de Cité Soleil est le théâtre de violents affrontements entre groupes armés rivaux. Pendant plusieurs années, le quartier de Brooklyn, contrôlé par l’un de ces groupes, est resté encerclé par les combats. Ses habitants vivaient sous la menace constante des tirs croisés et ne pouvaient circuler librement sans risquer leur vie.
Anciennement le plus grand hôpital de santé maternelle de Port-au-Prince, la maternité universitaire appelée « Maternité Isaïe Jeanty » (MIJ) a dû fermer début 2024 en raison de l’insécurité. La MIJ est très connue en Haïti – de nombreux collègues y sont nés – mais comme elle est située dans une zone contrôlée par les groupes armés, elle est devenue trop peu sûre pour poursuivre ses activités – comme en témoignent les nombreux impacts de balles sur le toit.

Cette fermeture a laissé des milliers de femmes sans accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Elles doivent trouver des soins ailleurs à domicile avec une sage-femme traditionnelle (matrone) ou restent sans aucun service. Cela a bien sûr des conséquences négatives sur la mortalité maternelle et néonatale, bien que l’ampleur réelle de ces conséquences reste inconnue.
En collaboration avec le ministère de la Santé Publique (MSPP), MSF a commencé les travaux de réhabilitation du MIJ fin 2024. L’objectif de ma mission est d’épauler les équipes MSF dans la poursuite de ces efforts pour rouvrir les services de la MIJ en 2025.
Wilma van den Boogaard, chercheuse opérationnelle chez MSF Luxembourg (LuxOR)
L’hôpital ouvrira en plusieurs phases : la phase A comprendra les consultations externes telles que les soins prénatals et postnatals, la contraception et les services de lutte contre la violence sexuelle et sexiste – la réhabilitation de ces parties du bâtiment ayant été achevée par une équipe de MSF. Deux autres phases suivront au fur et à mesure de l’avancement des travaux de réhabilitation : l’ajout de services d’hospitalisation, tels que les accouchements normaux (phase B) et les accouchements compliqués (phase C), y compris les soins postopératoires et les soins néonatals pour les bébés de faible poids sans comorbidités.
Cette semaine, j’aurai la chance de sortir avec l’équipe de promotion de la santé pour discuter avec les matrones et d’autres notables clés des communautés environnantes de leur perception du retour dans cet hôpital, de leur sentiment de sécurité pour y accéder et de la manière dont MSF peut collaborer avec les matrones.
Wilma van den Boogaard, chercheuse opérationnelle chez MSF Luxembourg (LuxOR)

L’avancement de ce projet dépend fortement de la situation sécuritaire, qui compte pour tout le monde : le personnel MSPP qui vient y travailler, les patients, nos collègues haïtiens locaux de MSF, et nous-mêmes en tant qu’employés internationaux de MSF. Je suis très impressionnée par la façon dont MSF maintient le dialogue avec tous les acteurs concernés afin d’assurer la continuité de nos activités et la sécurité du personnel et des patients.
Communiqué par Médecins Sans Frontières
Photos : © Quentin Bruno/MSF