L’être humain, s’il ne veille pas à rétablir le règne de l’arbre, scie littéralement la branche sur laquelle il est assis. Car l’arbre, c’est l’élément vital, la source d’oxygène, le puits de carbone, le couvert végétal, la régulation thermique, la sauvegarde des sols trop érodés, la biodiversité, l’intelligence du biotope…
« S’il fallait un jour que les forêts disparaissent, l’Homme n’aurait plus que son arbre généalogique pour pleurer. » Cette citation d’Albert Einstein nous plonge aux racines du lien entre l’Homme et l’arbre, ce prodigieux et indispensable végétal, inspirant par nature...
Selon la Commission européenne, en 30 ans (entre 1990 et 2020) le monde a perdu 420 millions d’hectares de forêts ! C’est la main de l’Homme qui défriche et dénature, pour l’agriculture intensive, l’exploitation industrielle, la productivité à court terme, l’efficacité des marchés mondiaux…
Il est plus que temps d’inverser la courbe de la déforestation, de l’ornemental ou de la croissance rapide, en réfléchissant à la bonne gestion et au bon usage du bois, aux essences qui renaturent, aux bienfaits de l’espace forestier, aux ressources multiples et renouvelables, aux bonnes pratiques pour construire des espaces de vie durables, aux solutions pour activer le reboisement intelligent, aux liens sociaux réactivés entre populations humaines…
Ici, au Luxembourg, c’est le combat quotidien de dizaines de personnes qui, chacune à son échelle, agissent, parfois dans l’ombre, souvent sur le terrain. Ils sont présents dans la gestion durable des surfaces forestières, dans le reboisement raisonné et exemplaire, dans la certification et le développement de filières intégrées et collaboratives. Fruits et bourgeons d’une pépinière de talents et de réflexions, ils pratiquent l’arboriculture et plus encore la culture de l’arbre, l’agroforesterie, la sylviculture, l’intelligence des réseaux naturels… Ils luttent contre la déforestation, organisent des soutiens financiers et solidaires qui contribuent autant à la compensation de l’empreinte carbone qu’aux liens sociaux resserrés entre populations et territoires, au Nord et au Sud. Ils apprécient et font connaître les vertus de l’arbre, l’oxygénation du corps et de l’esprit, les plus profonds et durables liens entre l’être et le bien-être. Ils bâtissent des projets en respectant l’ordre naturel, qui sied autant aux végétaux qu’aux habitants d’une planète qui a plein de solutions à offrir et des droits à reprendre.
Il y a dans cette approche du genre humain durable toute une arborescence collaborative, une communauté au service de l’espèce. Nous, vous, tous, nous pouvons en être, nous voulons faire partie de la solution, plus du problème. Et nous souhaitons faire en sorte de nourrir l’arbre généalogique en chérissant l’arbre génial et logique.
Il est temps de rendre à l’arbre ses lettres de noblesse, ses fonctions vitales. Et d’aller au-delà des cris d’alarme et des SOS. Sève qui peut !
Alain Ducat