5 idées reçues sur les panneaux photovoltaïques
Souvent présentés comme l’une des solutions d’un nouveau mix énergétique durable, les panneaux photovoltaïques – permettant de transformer les rayons du soleil en électricité – continuent de convaincre... même les plus sceptiques ! Le vrai du faux avec Anouk Hilger, Head of Renewables chez Enovos Luxembourg.
Des petites installations sur les toits des résidences unifamiliales aux grandes centrales capables de produire des dizaines de mégawattheures (voir fin d’article), les projets photovoltaïques s’intègrent de plus en plus aisément au paysage grand-ducal. Poussés par les subsides, ils font partie d’un ensemble de solutions permettant de générer de l’électricité verte – non polluante – regroupant également les centrales à hydrogène ou à biogaz et les éoliennes, par exemple, afin de progressivement tourner le dos aux centrales nucléaires, au charbon, au fioul, au gaz…
Et pourtant, derrière cette technologie avancée résident certains doutes. Anouk Hilger d’Enovos – principal fournisseur d’énergie au Luxembourg – tente de convaincre les plus sceptiques d’entre vous.
1. Les panneaux photovoltaïques ne produisent de l’électricité que lorsque le soleil brille. Alors, au Luxembourg…
« Les panneaux produisent de l’énergie dès qu’il y a présence de lumière diffuse. La production sera moindre si les nuages sont nombreux, mais la technologie a beaucoup évolué ces dernières années et il n’est pas du tout nécessaire de vivre en Andalousie pour obtenir un rendement suffisant. Au contraire, en cas de très fortes chaleurs, les panneaux et leurs onduleurs risquent de surchauffer, conduisant ainsi à une baisse d’efficacité.
La météo que nous connaissons habituellement au mois de mai est idéale, avec des températures aux alentours de 20-25 degrés, mais les panneaux produisent bien tout au long de l’année. »
2. De toute façon, il faudra remplacer les panneaux dans quelques années. Cela n’en vaut pas la peine !
« Grâce aux évolutions technologiques, les fournisseurs sont à présent en mesure de garantir les panneaux jusqu’à 25 ans. Évidemment, la durée de vie va au-delà, mais il faudra plus de recul pour les garantir sur de plus longues durées. Pendant 25 ans, une productivité de min. 80% est donc assurée.
Chez Enovos, nous avons mené nos propres expériences. Le constat ? Durant la première année, les panneaux perdent assez rapidement 1% d’efficacité, pour ensuite se stabiliser. »
3. On nous parle d’électricité non polluante, mais la production des panneaux nécessite de nombreux matériaux et un apport énergétique énorme…
« C’est vrai, produire des panneaux est énergivore. Nous indiquons à nos clients qu’en moyenne, après une petite année, un panneau produira plus que ce qu’il aura consommé en énergie. À partir de ce moment-là, on peut réellement parler d’un impact environnemental neutre : pas d’émissions de CO2, pas de pollution de l’air, ni de l’eau. »
4. … sans même parler de ce qu’ils deviennent en fin de vie.
« Indépendamment de leur provenance, les panneaux photovoltaïques sont similaires et recyclables. La filière du recyclage des panneaux, câbles, et onduleurs s’est organisée. Si on analyse les différents composants de plus près : l’aluminium, le verre, l’argent et le cuivre sont 100% réutilisables, le film plastique peut être transformé en granulés pour redevenir une matière première et le silicium est réutilisable jusqu’à 4 fois. »
5. Puisque je ne suis pas à la maison en journée, je ne pourrai pas consommer ma propre électricité. Je n’ai donc aucune raison d’installer des panneaux photovoltaïques chez moi.
« Il existe deux cas de figure en tant que particulier au Luxembourg et dans les pays voisins :
Une installation en autoconsommation : qui implique, en effet, de consommer l’énergie au moment même où elle est produite, par exemple en programmant le lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, etc. à distance aux heures les plus ensoleillées. Ou pour les personnes qui travaillent depuis leur domicile avec leur ordinateur branché et leur auto qui charge, par exemple. L’installateur va calculer le rapport production-consommation en fonction du profil des occupants. On peut également avoir recours à des batteries de stockage en complément. En cas de besoin, le réseau public reste bien entendu accessible au tarif normal.
Dans ce premier cas, l’État intervient jusqu’à hauteur de 62,5% sur l’investissement pour une installation d’une puissance maximale de 30kW + un allègement fiscal.
Une installation avec injection sur le réseau : l’énergie totale produite est injectée dans le réseau et rémunérée avec un tarif garanti fixé dans le règlement grand-ducal. Le contrat à signer est à demander auprès du gestionnaire du réseau.
Dans ce second cas, les subsides s’élèveront à 20% de l’investissement pour une installation d’une puissance maximale de 30kW + un allègement fiscal. »
Plus d’infos : enovos.lu
Les grandes centrales photovoltaïques
Cet été, un appel d’offres pour des installations agri-PV a été finalisé en vue de concilier exploitation agricole et parc photovoltaïque. « Nous avons réalisé des aménagements permettant de faire cohabiter des cultures ou animaux de ferme avec une installation de production électrique. Dans cette démarche, l’amélioration de la biodiversité est également à prendre en compte en passant d’une agriculture intensive à une agriculture extensive ».
En parallèle et depuis plusieurs années, Enovos investit dans des centrales à travers le pays. On peut citer la centrale flottante sur l’ancien bassin de refroidissement d’ArcelorMittal, l’ombrière de parking du site Tarkett avec une technologie bifaciale qui capte les réflexions lumineuses des voitures et du sol en plus des rayons directs, ou encore les 30.000 panneaux installés sous les antennes de RTL à Junglinster et Beidweiler. Anouk Hilger : « Sur les terrains de Junglinster et Beidweiler, nous avons de notre propre initiative, et avec l’aide de deux bergers, intégré des moutons. La cohabitation se passe très bien ! ».
Marie-Astrid Heyde
Photos : Enovos
Portrait d’Anouk Hilger : Infogreen.lu / Fanny Krackenberger
Article tiré du dossier du mois « Doheem »