Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 18 janvier 2024
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janvier 2024

Regards de femmes

« La réussite est à la portée de toutes. Il est crucial de croire en soi et de refuser d’être limitée par des stéréotypes obsolètes. Chaque femme qui parvient à s’imposer, quel que soit son domaine, contribue à créer un monde plus équilibré et juste. »

Michelle Friederici, associée-gérante de FG architectes et présidente de l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI)

Regards de femmes
Sexe fiable
Sexe fiable

Une inversion pourrait-elle couper court à des millénaires de polémique ? En corrigeant une « faute de frappe » dans la Genèse, Ève devient symbole d’aventure et de complicité, et non plus de péché originel. Deux « sexes fiables » complémentaires, qui, depuis leur création – qu’elle soit scientifique ou biblique - essaient d’avancer à l’unisson.

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Réduire des milliers d’années d’inégalités et de revendications à un tel lapsus est évidemment un – sacré – raccourci ! Mais bien loin des théories originelles et des parcours historiques de femmes héroïques, ce dossier du mois n’a aucune intention de s’attarder sur le passé.

Il n’a aucune prétention féministe, non plus. Bon nombre de nos interlocutrices ont d’ailleurs souligné qu’elles ne souhaitaient pas se positionner dans de tels débats.

Nous les avons sollicitées pour vous faire part de leurs parcours, de tout ce qu’ils ont de plus (extra)ordinaires. Un échantillon de 28 femmes, toutes différentes, souvent très positives.


« La réussite est à la portée de toutes. Il est crucial de croire en soi et de refuser d’être limitée par des stéréotypes obsolètes. Chaque femme qui parvient à s’imposer, quel que soit son domaine, contribue à créer un monde plus équilibré et juste. »

Michelle Friederici, associée-gérante de FG architectes et présidente de l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI)

Dans un contexte universel, un tel discours a ses limites. Une Népalaise et une Ivoirienne, au vu de ce qu’elles représentent au sein de leurs pays respectifs, auraient bien du mal à s’y identifier. Ramenées à l’échelle européenne, voire au microcosme luxembourgeois, les paroles de la présidente de l’OAI sont par contre pleines de sens - même si on ne peut faire fi des inégalités sociales, de genre, d’embauche, etc.

Au Luxembourg, les récents chiffres montrent notamment qu’il y a davantage de femmes étudiantes dans l’enseignement supérieur, plus d’hommes qui bénéficient des congés parentaux et un écart de rémunération qui se rapproche de zéro. Des données qui reflètent une modernisation sociétale qui instaure enfin un cadre propice à l’épanouissement de tous.

Chez Infogreen, on a tendance à regarder de l’avant avec positivisme. C’est également le sentiment que me laissent ces 28 femmes aux profils variés, qui se sont – pour la plupart – senties encouragées dans leurs parcours professionnels, et qui ont su s’encadrer « des meilleur(e)s » sur le plan personnel.

Il y a encore du chemin avant d’atteindre « les quotas », « la parité », « l’égalité », pour peu qu’ils soient visés. Être « sous-représentées » au sein de conseils d’administration ne doit pas nous empêcher d’être entendues. Être moins nombreuses au bureau ne nous rend pas moins compétentes. Et nos différences justifieront toujours d’une forme d’inégalité, qu’il s’agit surtout d’apprivoiser, de calibrer, de modérer. Une vision dans laquelle la fiabilité que je prends le parti de nous attribuer, remplace notre – « génésiaque » – faiblesse.

Ce n’est évidemment que mon opinion. Libre à vous d’en découvrir 28 autres et d’y réagir – nos réseaux sociaux vous sont toujours ouverts.

Il est peut-être bon de l’indiquer : notre dossier, bien que très féminin, peut être lu par tous !

Marie-Astrid Heyde
Illustration : Camille Servais

Égalité des genres : entre progrès réalisé et à concrétiser
Égalité des genres : entre progrès réalisé et à concrétiser

Même si les mentalités évoluent favorablement, les femmes et les hommes ne sont pas encore traités d’égaux à égaux. Cela se vérifie autant sur le plan professionnel que privé. Pourtant, arriver à une équité a un impact positif sur l’économie d’un pays.

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Comme le souligne le rapport d’activité 2022 de l’Observatoire de l’égalité, « si l’indépendance économique est un but en soi pour toute personne, elle est également une condition préalable à la réalisation de la croissance économique, de la prospérité́ et de la cohésion sociale d’un pays. Les indicateurs dans le domaine de l’emploi sont importants pour mesurer les inégalités relatives au taux d’emploi, au chômage, à la prépondérance par secteur d’activité́ de l’un ou l’autre sexe, ainsi que pour mesurer les différences au niveau de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Accroître la participation des femmes dans l’emploi ainsi que l’indépendance économique des femmes et des hommes est un des objectifs de la stratégie en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes 2020-2025 de la Commission européenne. L’augmentation du taux d’emploi des femmes permet de faire plein usage des talents et ressources disponibles.

Selon une étude réalisée par McKinsey, une réduction des inégalités dans le secteur professionnel pourrait doubler la contribution des femmes à la croissance du PIB global entre 2014 et 2025. Actuellement, même si elles représentent la moitié de la population en âge de travailler, elles génèrent seulement 37 % du PIB. La réduction des inégalités au niveau du taux d’emploi permettrait par ailleurs de réduire le risque de pauvreté́ des femmes, et plus précisément la pauvreté́ des femmes âgées, celles-ci contribuant elles-mêmes pour leur pension. Une participation plus importante des femmes dans le monde du travail bénéficierait aux pays dont la population vieillit de plus en plus et faisant face à une pression du pool des personnes en mesure de travailler. »

Même si le Luxembourg est un bon élève en termes d’équité, force est de constater qu’il existe tout de même encore des écarts dans certains domaines. C’est notamment le cas pour le travail à temps partiel où 77 % des personnes ayant opté pour cette solution sont des femmes. Constat identique pour le chômage où on observe une majorité de femmes. Enfin, au niveau de la population active (20-64 ans), le taux d’emploi est de 68 % pour les femmes et 77 % pour les hommes (67 % et 79 % au niveau européen).

Équilibre vie professionnelle / privée

Aujourd’hui, bien que les femmes soient de plus en plus présentes sur le marché du travail, elles assument toujours une part disproportionnellement élevée des tâches ménagères et de soins. Mais cet écart diminue de manière significative, notamment grâce aux nombreuses mesures prises en faveur des pères qui peuvent ainsi plus délaisser leur vie professionnelle en faveur de leur vie privée.
Au Luxembourg, les réformes sur le congé parental, la mise en place du congé de paternité rémunéré, le chèque-service accueil ou encore la gratuité de l’éducation non formelle témoignent de cette évolution. Ces initiatives gouvernementales visent, pour les femmes, une croissance de l’emploi, une augmentation de leurs revenus et la progression de leur carrière. Pour l’économie, on s’attend à un pool de main d’œuvre et de talent plus élevé ainsi qu’à un absentéisme moins important.
Dans le même temps, on constate une augmentation significative du congé parental pris par les hommes. Il est d’ailleurs plus important que chez les femmes, pour les pères de 35 ans et plus. Ce qui prouve que les mentalités ont changé, notamment dans l’investissement en faveur de l’éducation et de la participation aux tâches ménagères.

Évolution du nombre de congés parentaux
Évolution du nombre de congés parentaux

Les revenus

Même si le combat est encore long, les études démontrent que l’écart entre la rémunération horaire brute moyenne a tendance à se réduire. Le Luxembourg fait d’ailleurs office de bon élève européen. Toutefois, certains secteurs comme les finances et les banques ont encore de très gros efforts à produire pour réduire cet écart défavorable aux femmes.
L’égalité salariale entre hommes et femmes a fait des progrès très importants au Luxembourg pour en arriver à un écart de rémunération de 0,7 % en 2020, tandis que l’écart de rémunération en UE est de 12,7 %. Que le Luxembourg se positionne ainsi montre que le marché de l’emploi luxembourgeois est atypique. Les causes potentielles des différences restantes pourraient être le temps partiel et son influence négative sur l’accès à l’emploi, les augmentations de salaire et progressions de carrière.

Sébastien Yernaux, sur base du rapport d’activité 2022 de l’Observatoire de l’égalité
Tableaux : ©Observatoire de l’égalité

Trois voix féminines dans l'humanitaire et la coopération
Trois voix féminines dans l’humanitaire et la coopération

Geneviève Krol (Fairtrade Lëtzebuerg), Conny Reichling (Fondation Follereau Luxembourg) et Françoise Binsfeld (Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal) sont toutes trois à la direction d’ONG luxembourgeoises. Elles partagent leur ressenti tant dans leur quotidien grand-ducal que lors des missions dans des pays en développement.

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Quelle est la place de la femme dirigeante dans les secteurs humanitaire et de la coopération ?

Geneviève Krol
Geneviève Krol - ©Fairtrade

Geneviève Krol : Il y a une très belle coopération entre les différentes institutions. Si le secteur est majoritairement féminin, personne ne s’arrête sur le genre pour autant. Tout le monde s’intéresse aux résultats sur le terrain et aux compétences personnelles. Chez Fairtrade Lëtzebuerg, nous avons une culture très féminine, y compris au sein du conseil d’administration. Même si notre président est un homme, 7 des 11 membres du CA sont des femmes. Je suis en faveur d’une certaine mixité qui est bénéfique à l’ensemble du staff. Cependant, lors des recrutements, je considère que le genre est un détail. La personne et ses compétences passent avant tout.

Françoise Binsfeld : Comme Geneviève, j’observe qu’une majorité des femmes travaillent dans le secteur humanitaire au Luxembourg. Toutefois, si je reprends mon parcours personnel et l’exemple d’AEIN, je suis la première femme présidente de l’ONG. Aujourd’hui, les postes de présidente et de directrice sont occupés par des femmes. Par contre, seulement 25 % des membres de notre CA sont féminins. Il faut continuer à encourager les femmes à acquérir l’expérience pertinente pour occuper des postes à responsabilité.

Conny Reichling : Je côtoie autant d’hommes que de femmes dirigeants. Même si on peut penser que nous, les femmes, apportons plus de sensibilité à la profession, il faut surtout apporter ses compétences pour que tous les projets se concrétisent parfaitement. Le caractère et le dialogue sont importants pour que les différentes associations se coordonnent et mettent en place des actions concrètes pour les populations.

Rencontrez-vous des difficultés ou jugez-vous qu’il est plus compliqué pour une femme – parce qu’elle est une femme – d’exercer cette profession ?

GK  : Je n’ai jamais ressenti de pression à mon poste en tant que femme, mais j’ai tout de même constaté que mon jeune âge, lors de ma nomination, a étonné plus d’une personne. Ça m’a forcée à être plus exigeante envers moi-même. Ça m’a mis une pression supplémentaire afin de pouvoir convaincre malgré mon manque d’expérience et malgré le fait que je n’étais pas luxembourgeoise. Aujourd’hui, je suis totalement intégrée au Grand-Duché et je m’épanouis pleinement dans ma carrière professionnelle.

Françoise Binsfeld
Françoise Binsfeld - ©Marie Champlon/infogreen.lu

FB : Mon parcours a bénéficié du soutien constant de collègues tant masculins que féminins, pour lequel je suis profondément reconnaissante. Je n’ai pas ressenti de difficultés particulières liées à mon genre. Cependant, je souhaiterais souligner l’importance des dynamiques intergénérationnelles au sein de notre organisation. AEIN, forte de ses 56 ans d’existence, a été fondée par des bénévoles dévoués, dont certains sont avec nous depuis les débuts. Cette longue expérience apporte une richesse inestimable, mais peut parfois représenter un défi dans l’adaptation aux nouvelles méthodes et idées. Il est essentiel de trouver un équilibre harmonieux entre le respect des traditions et l’ouverture aux innovations, afin de continuer à évoluer et à répondre efficacement aux besoins de nos communautés.

CR : Je ne me suis jamais sentie abandonnée ou en infériorité parce que je suis une femme. Que du contraire, j’ai été encouragée. Par rapport à mes qualifications, j’ai pu me sentir un peu moins légitime au début, parce que je ne venais pas du milieu. J’essaie toujours de me remettre en question, de me renseigner, de me former. Aujourd’hui, j’estime que j’ai des exigences personnelles, et par rapport à mon équipe, même si c’est géré de manière respectueuse. L’humain, la famille et la personne en soi ont une grande importance dans cette équité.

Sur le terrain, dans des pays où le statut de la femme n’est pas toujours reconnu, est-il difficile de mener vos actions ?

GK : Il faut toujours tenir compte de la culture locale et avoir un respect mutuel. Nous voyons les mentalités évoluer notamment en Amérique latine ou par exemple, dans les coopératives de cacao en Côte d’Ivoire. Maintenant, si le chemin est encore long dans certains pays, comme en Inde, j’admire le combat des femmes partout dans le monde qui s’engagent à leur niveau local pour faire entendre leurs droits.

Conny Reichling
Conny Reichling - ©Fondation Follereau

CR  : J’ai la chance de travailler avec des personnes ouvertes d’esprit, partout où je vais. J’ai, bien entendu, déjà eu droit à quelques commentaires mais qui n’étaient pas forcément méchants ou contre moi, mais plutôt dus à la culture locale. Je suis surtout fière de voir des femmes, sur le terrain, s’épanouir dans des métiers majoritairement masculins. Par exemple, au Bénin, nous avons récemment ouvert une nouvelle filière en maçonnerie. Deux filles s’y sont inscrites parce que ça leur correspondait. C’est une grande fierté à mes yeux.

FB : Nos projets en Inde et au Népal cherchent à aborder les structures patriarcales présentes dans les sociétés indiennes et népalaises, en remettant en question les normes, les stéréotypes liés aux genres. Donc il y a bien sûr une certaine résistance de la part des hommes à abandonner leur position de pouvoir. Cela prend des années pour changer les mentalités des communautés avec lesquelles nous travaillons. Mais que ce soit par le biais de la formation professionnelle, du mentorat ou de l’entrepreneuriat, on constate que la promotion du leadership féminin est l’un des éléments cruciaux à privilégier pour lutter contre les inégalités et les injustices entre les sexes.

Propos recueillis par Sébastien Yernaux et Marie-Astrid Heyde
Illustration : Camille Servais

Parcours et défis : regards croisés de deux femmes directrices dans le social
Parcours et défis : regards croisés de deux femmes directrices dans le social

Lola Artigao et Alexandra Oxacelay sont toutes deux chargées de direction dans le secteur social - l’une au sein du Centre d’Initiative et de Gestion Local (CIGL) Walferdange et l’autre à la Stëmm vun der Strooss. Elles nous racontent leur parcours et leur quotidien.

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Comment êtes-vous devenues chargées de direction ?

Alexandra Oxacelay : Complètement par hasard ! En avril 1998, je devais travailler à mi-temps pour le journal de la Stëmm, qui n’existait pas encore. Rapidement, le chef est parti et j’ai pris sa place, sans même avoir postulé. J’ai été accueillie à bras ouverts par les ministères et par le conseil d’administration. Je ne suis jamais partie. Ce poste m’a donné beaucoup de liberté, il m’a permis de m’accomplir.

Lola Artigao : Je travaillais dans le secteur de la formation d’adultes quand j’ai postulé au CIGL de Walferdange. Deux chargés de direction de l’époque ont cru en moi et m’ont soutenue dès les premiers instants, de même que le conseil d’administration. Je remplaçais une autre femme à la direction du CIGL Walfer.

Existe-t-il une approche « féminine » du management ?

LA : Probablement, oui. Pour moi, le management, c’est un mélange d’empathie et de cadre. Je dirais aussi qu’une de nos forces, c’est de savoir nous adapter. On dit souvent que les femmes sont multitâches ; cette capacité est positive dans le management, pour savoir appréhender les différentes personnalités et générations.

Indépendamment du sexe, je pense que j’ai toujours adopté un style très communicatif, très participatif. Si on part de ces concepts, on obtient une équipe. On se réunit d’ailleurs chaque semaine pour croiser les regards.

Alexandra Oxacelay
Alexandra Oxacelay

AO : À mon sens, le caractère de dirigeant, on l’a ou on ne l’a pas, qu’on soit femme ou homme. Certains hommes feraient mieux de ne pas diriger, et il en va de même pour les femmes. On a beaucoup à apprendre les uns des autres.

Cependant, je pense qu’en tant que femmes, nous avons plus tendance à travailler avec les équipes, alors que les hommes vont avancer de leur côté. On va sans doute manager plus à l’horizontal alors que l’homme va diriger de manière plus verticale étant donné qu’il y a toujours ce stéréotype du pouvoir de l’homme. Pour moi, comme pour Lola, le management ne peut être que participatif. Les jeunes vont aussi vers cela. L’ancien style, vertical, il ne fonctionne plus. On entre dans une nouvelle ère, dans laquelle on communique et travaille différemment. Attention, être dans le participatif ne signifie pas non plus qu’il ne faut pas prendre le pouvoir.

Quels obstacles avez-vous rencontrés à ce poste ?

AO : Au départ, j’ai bien sûr dû me faire ma place, montrer de quoi j’étais capable. Je n’avais par ailleurs aucune connaissance en comptabilité, en gestion des budgets.

LA : L’un des premiers challenges a été la fermeture d’OPE (Objectif Plein Emploi, ndlr) environ un an après mon arrivée. Ils ont tout débranché et on a dû repartir de zéro, avec pour seuls soutiens les directeurs des autres CIGL qui se retrouvaient dans la même situation. On apprend vite quand il s’agit d’assurer la survie d’une entreprise !

Ensuite, et je ne sais pas si c’est une difficulté mais au moins un constat : le dirigeant a toujours une position isolée. On a des collègues, mais on reste leur responsable ; il faut créer des liens mais garder une distance saine. C’est une question de posture professionnelle.

Certains obstacles sont-ils liés au fait d’être une femme ?

Lola Artigao
Lola Artigao

LA : Il peut y avoir un regard différent de la part des bénéficiaires hommes, dû à un mélange de cultures, de mentalités. C’est aussi un public très particulier, en raison des situations très difficiles - notamment de logement – dans lesquelles sont ces personnes. Elles sont dans la souffrance, le désarroi. L’humain est par conséquent important dans l’accompagnement que nous proposons et l’aide mise en place.

Dans ce contexte, du point de vue relationnel, il peut donc y avoir parfois des bénéficiaires qui font une association inconsciente entre le féminin et le maternel en lien avec ma fonction dirigeante.

AO : Dans un restaurant social, quand il y a des conflits entre deux personnes, ils acceptent moins de se faire remonter les bretelles par une femme– même quand elle mesure 1,84 m ! Je dois m’imposer, leur expliquer que c’est la règle, et que s’ils ne l’appliquent pas je devrai appeler la police. Généralement ils essaient une fois, mais pas plus.

Et puis, en tant que maman solo, il y a aussi ce grand écart entre vie familiale et vie professionnelle. Le téléphone est toujours à proximité et on est sur le qui-vive. Et là on est content d’avoir une équipe sur laquelle on peut se reposer. Quand on est une femme épanouie, on peut être une manager épanouie. C’est aussi grâce aux équipes. Par contre, c’était clair depuis le départ : vous engagez une femme, c’est un package !

LA : Quand on est maman et manager, on ne fait pas tout. Pour moi qui suis quelqu’un de passionnée, je renonce à beaucoup de choses, comme des conférences ou des événements en soirée. Il faut accepter qu’on ne peut pas tout faire. Ce qui est positif, c’est qu’on va valoriser ces aspects chez les autres, en encourageant les congés parentaux, en comprenant qu’un employé doit partir parce que son enfant est malade. On sera probablement moins dans le jugement qu’un manager masculin.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Fanny Krackenberger

« Nous pouvons compter sur des modèles inspirants à travers le monde »
« Nous pouvons compter sur des modèles inspirants à travers le monde »

L’ONG Fairtrade Lëtzebuerg s’engage pour le développement d’un commerce équitable plus juste et plus durable avec les producteurs, productrices, travailleurs et travailleuses d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes. Les femmes y occupent une place importante. Rencontre avec Geneviève Krol, la directrice.

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« Je rentre d’un magnifique voyage en Inde où l’égalité homme-femme est encore très compliquée. Nous avons cependant rencontré des partenaires engagés sur cette thématique. Ils nous ont expliqué que même si les organisations Fairtrade poussent à la diversité, grâce notamment aux comités de représentation des femmes, il existe encore des barrières culturelles extrêmement difficiles à surmonter en Inde. Néanmoins, j’ai rencontré des femmes très inspirantes. L’une est responsable dans l’atelier de confection de la découpe alors que c’est un poste traditionnellement masculin. L’autre développe actuellement sa propre activité pour promouvoir le compostage ménager.

 Jean-Louis Zeien, Divine Fulutuni et Geneviève Krol
Jean-Louis Zeien, Divine Fulutuni et Geneviève Krol - ©Fairtrade

Du côté de la Côte d’Ivoire, au niveau des coopératives de cacao Fairtrade, l’évolution des mentalités est plus présente grâce notamment à la mise en place par Fairtrade Africa de l’école de Leadership des femmes. « Les femmes constituent 25 % des producteurs de cacao, alors qu’elles représentent 68 % de la main-d’œuvre. Par contre, elles ne reçoivent que 15 % du revenu du cacao. Il y a donc une énorme inégalité. C’est pour cette raison que dans l’ADN du commerce équitable, nous avons des critères spécifiques pour l’égalité des femmes. Une des clés au niveau des producteurs, c’est l’accès des femmes à la propriété terrienne. Sans cet accès, elles vont avoir énormément de mal pour obtenir des revenus. Il faut donc les encourager. »

Le commerce équitable, un levier pour les droits des femmes

Les femmes sont vraiment omniprésentes dans le système Fairtrade. « Actuellement, la gouvernance du mouvement Fairtrade est menée par des femmes. Ça a beaucoup changé au cours des dernières années. Leurs arrivées ont renforcé notre volonté d’émanciper les femmes et de leur donner beaucoup plus de poids dans toutes les discussions au niveau international. » Effectivement, les femmes représentent 80 % de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement alors qu’elles sont privées de leurs droits. Elles sont beaucoup plus exposées à la pauvreté. C’est pour cela que Fairtrade lutte contre ces discriminations en prônant l’égalité entre hommes et femmes dans les organisations.

Les productrices et responsables de coopératives Fairtrade sont vraiment des sources d’inspiration. Bien qu’elles soient confrontées à cette non-parité d’un point de vue culturel, elles mènent un combat quotidien pour avoir leur place. Que cela soit en Amérique Latine, en Afrique ou en Asie, elles participent vraiment à la construction de la place de la femme dans la société. En tant qu’équipe majoritairement féminine au Luxembourg, elles nous motivent à sensibiliser et à parler du commerce équitable. Nous savons que sur d’autres continents, il y a des femmes qui sont extrêmement fortes et qui ont besoin de notre travail de sensibilisation ici. »

Geneviève Krol
Geneviève Krol - @Fanny Krackenberger

Justement, revenons au Luxembourg. Avez-vous déjà dû faire face à certains comportements déplacés ? « Dans l’ensemble, tout se passe très bien. Par contre, en 2023, une de mes collègues a vécu un événement assez triste, en face d’un CEO d’une grande société. Ce dernier lui a fait remarquer que la place des femmes était pour réaliser des « petites tâches ». Ma collaboratrice était extrêmement choquée. Comme elle était jeune et respectueuse pour les autres personnes autour de la table, elle n’a pas osé mettre fin à la discussion. Mais selon moi, elle aurait dû le faire, histoire de mettre en lumière ce manque de respect. Cette mésaventure a été beaucoup thématisée en interne. Il faut imposer le respect mutuel. Sans ça, nous ne pouvons pas créer de partenariats. C’est dommage de faire face à ce genre de comportement ou de remarque à notre époque. »

Chez Fairtrade Lëtzebuerg, l’équipe est majoritairement féminine. Que pensez-vous des quotas ? « J’ai toujours eu un regard critique sur les quotas. D’autant plus que quand nous parlons de quotas, il faut que ça soit aussi équitable dans les deux sens ! Je préfère recruter la personne, l’être humain, que ce soit un homme ou une femme, qui corresponde vraiment aux attentes de l’ONG et qui apporte un plus au niveau de l’équipe. À cause de certains quotas, nous pouvons passer à côté de très bons profils. Il faut cependant souligner et valoriser le fait que plusieurs obligations ont fait progresser la place de la femme à certains postes de gouvernance, ce qui est naturellement très positif. Le tout est de ne pas être extrémiste. À partir du moment où tu le deviens, tu es contre-productif. Et notre idée, en fin de compte, en tant qu’être humain, en tant que femme, c’est vraiment d’avoir une mixité qui nous permette de progresser tous ensemble et de représenter toutes les personnes pour que l’on puisse bien comprendre les besoins et les désirs de chacun. C’est cette mixité qui nous fera grandir. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : ©Fairtrade

Humanitaire : « La prise en compte des inégalités de genre s'est améliorée »
Humanitaire : « La prise en compte des inégalités de genre s’est améliorée »

Rencontre avec Paloma Cervantes, référente sur les questions de genre au sein de Handicap International Luxembourg.

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Quel est ton rôle au sein de Handicap International Luxembourg ?

Chez Handicap International, je supervise les projets financés par la Coopération luxembourgeoise, en m’assurant que les objectifs prévus sont atteints et les normes du ministère des Affaires étrangères et européennes respectées. À ce titre, j’aide nos collègues sur le terrain à comprendre et à respecter ces règles. En outre, j’identifie les possibilités de financement auprès des bailleurs de fonds institutionnels du Luxembourg, en alignant les projets proposés sur leurs priorités, notamment l’égalité entre les femmes et les hommes – un axe clé de la Coopération luxembourgeoise.

En tant que personne de référence pour les questions de genre au sein de notre équipe, j’ai suivi plusieurs formations pour améliorer la prise en compte des inégalités de genre dans le cadre de nos projets.

Comment Handicap International prend-elle en compte la question du genre dans ses projets ?

Dans tous ses projets, Handicap International considère systématiquement le handicap, le genre et l’âge comme des facteurs possibles d’exclusion ou de vulnérabilité. Nous avons donc élaboré des lignes directrices et des outils internes pour garantir que les femmes, les filles, les hommes et les garçons, handicapés ou non, soient tous traités sur un pied d’égalité.

Dans ce sens, nous veillons à ce que les besoins spécifiques des femmes et filles soient identifiés et pris en compte et nous mettons en place des mécanismes pour garantir leur participation pendant toute la durée du projet.

Quels sont les obstacles particuliers que doivent surmonter les femmes dans les pays d’intervention de HI ?

Malheureusement, les inégalités de genre persistent aujourd’hui partout dans le monde, et plus encore dans nos pays d’intervention. Les femmes sont confrontées à toute une série d’obstacles, tels qu’un accès limité à l’éducation et aux soins et subissent la violence basée sur le genre. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les femmes représentent les trois quarts des personnes handicapées, selon ONU Femmes. Ces femmes rencontrent des défis supplémentaires. Elles doivent faire face à des obstacles en matière d’accessibilité, ont des possibilités d’emploi limitées et sont plus susceptibles d’être victimes de violences.

Qu’est-ce qui t’a poussée à t’engager ?

Je suis originaire du Mexique, où les inégalités de genre sont importantes et où les femmes sont confrontées à une forte violence. La prise en compte des inégalités de genre dans l’action humanitaire s’est améliorée, mais il y a encore beaucoup de travail à faire !

- © P. Meinhardt/HI

Le projet Making It Work contre les violences faites aux femmes handicapées

Le projet Making It Work « Genre et handicap » lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles handicapées en Afrique. Il réaffirme leur leadership en soutenant des organisations locales dirigées par des femmes handicapées dans 10 pays du continent africain.

Les femmes en situation de handicap sont au moins deux à trois fois plus susceptibles que les autres femmes de subir des violences. Entre 40% et 68% d’entre elles subissent des violences sexuelles avant l’âge de 18 ans. En savoir plus ICI

Photo : Grace Jerry est la fondatrice et directrice exécutive de l’Association Inclusive Friends (IFA) au Nigeria. Elle est une militante des droits humains, du handicap et du genre, ainsi qu’une artiste de renom.

Texte et photos de Handicap International Luxembourg
Légende de la photo principale : Paloma Cervantes, ici lors d’une mission au Népal en 2022, est membre de Handicap International Luxembourg depuis 2019.

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L'éducation est la base d'un monde meilleur
L’éducation est la base d’un monde meilleur

Directrice de la Fondation Follereau Luxembourg depuis maintenant 5 ans, Conny Reichling nous apporte son regard sur la société qui l’entoure, mais également son expérience à l’étranger. Une rencontre assez éclairante.

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Être directrice, pression ou passion ?

Comme tout le monde, j’ai de grandes exigences par rapport à mon travail. Je ne ressens pas pour autant de pression parce que je suis une femme. Je sais que je peux toujours compter sur mon équipe et mon conseil d’administration.

Si je ne me suis jamais sentie placée à l’écart par rapport à mon genre, je me suis en revanche mis une pression par rapport à mes qualifications. Au début, je pensais être moins légitime car je n’avais jamais travaillé en ONG avant d’arriver à la Fondation Follereau. C’était donc un sacré défi pour moi. Cela m’a permis de me remettre en question, mais également de me former sur de nombreux sujets.

Mon parcours était finalement un désavantage uniquement dans mon esprit. Aujourd’hui, je le vois plutôt comme un atout. Pour être une bonne manager, je pense qu’il faut continuellement apprendre de soi et des autres. J’ai la chance d’être bien entourée. Les membres de mon équipe ont des compétences complémentaires qui la rendent unique. Ce n’est pas une personne qui est mise en valeur mais un collectif.

Votre point de vue sur l’égalité des chances ?

Il y a encore du boulot et ce n’est pas uniquement propre aux femmes. Au Luxembourg, nous ne sommes pas si mal que ça. Concernant les écarts salariaux, par exemple, nous sommes plutôt bien classés. Par contre, du point de vue des inégalités des chances, il y a encore des efforts à faire, autant pour les hommes que pour les femmes. Beaucoup trop de décisions sont prises par rapport aux qualifications, aux parcours scolaires, voire au milieu duquel nous sommes issus. Pour moi, c’est illogique. Tout comme les quotas au sein d’une entreprise qui, à mon sens, ne rendent pas toujours service à la femme ou aux personnes en minorité. Les compétences sont plus importantes.

Forcer une égalité ou une équité, cela ne fonctionne jamais. Et ce n’est pas le but. C’est comme dans un couple, on n’est jamais à 50 % tout le temps. Mais pour que cela fonctionne, il faut que les parties agissent de manière respectueuse vis-à-vis de l’autre personne. Il faut un équilibre.

À la Fondation Follereau, lorsque l’on recrute, on s’étonne souvent du fait que l’équipe est composée uniquement de femmes. Ce n’est pas une volonté, ni du sexisme. Nous cherchons des profils spécifiques et vu que le secteur social est très féminin, cela s’est mis ainsi avec les années. Nous avons choisi des personnes ayant les meilleures compétences pour nos projets sur le terrain. Je ne cache pas que nous avons parfois des remarques au niveau de l’équité. Si on devait suivre les consignes du ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité, on ne remplirait absolument pas les quotas.

Maintenant, outre le fait d’être la directrice de la fondation, je suis avant tout Conny. Et ce n’est pas parce que je suis une femme que je suis directrice. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec cette association. Ça me gênerait profondément d’être choisie, non pas pour mes compétences, mais pour un aspect externe à une fonction. Je ne l’accepterais pas à ce moment-là. Ce serait rabaissant.

Il y a toujours des petites contraintes. Il y a toujours des moments où ça va être difficile, où une femme a sans doute un peu plus à prouver. Je trouve que les discriminations se rencontrent davantage dans la vie privée. Elles ne sont pas nécessairement malveillantes, voire intentionnelles. Beaucoup de remarques ou comportements sont rentrés inconsciemment dans les mœurs et peu de personnes en tiennent comptent, car la plupart n’est pas directement concernée. Mais il y a encore des progrès à faire.

Et votre vision de la femme lors de vos missions ?

Nous travaillons avec des associations du continent africain et plusieurs sont dirigées par des femmes. Je constate une réelle ouverture d’esprit. Maintenant, il faut aussi avouer qu’au niveau des autorités publiques, il peut y avoir un peu plus d’obstacles car les hommes y sont majoritaires. Ça ne veut pas dire que les femmes ne sont pas écoutées, mais c’est un peu plus lent qu’au Luxembourg, car les moyens ne sont pas les mêmes pour tous. Notamment l’accès à l’école.

Dans les zones rurales de nos projets, on remarque souvent une différence de genre au sein des formations, notamment professionnelles. Si les filles sont scolarisées, elles mettent plus souvent un terme à leur formation avant la fin, généralement pour des raisons familiales ou personnelles, et n’obtiennent donc pas leur diplôme. Mais elles continuent très souvent leur activité avec leurs propres moyens de manière informelle.

Finalement, l’éducation est très importante. À l’école, bien entendu, mais également au cœur des familles. Et ceci est valable dans le monde entier. On voit que la mixité arrive progressivement dans des filières qui étaient prisées en grande partie par les garçons ou les filles. Les jeunes générations nous prouvent qu’il est important de choisir un métier pour soi-même et non pour rentrer dans une case. Cela devient de plus en plus ouvert et sans jugement surtout. Pour revenir à notre propre expérience en Afrique par exemple, il y a des filles mécaniciennes et du personnel de santé masculin qui pratique des accouchements.

Ce sont de belles avancées, je suis optimiste pour l’avenir.

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : ©Fondation Follereau

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Disparités, responsabilités et privilèges
Disparités, responsabilités et privilèges

Être femme ne s’appréhende pas de la même manière selon le lieu de naissance. Les disparités entre les hommes et les femmes sont malheureusement trop fréquentes et se basent sur la croyance infondée qu’une femme a par nature moins de valeur qu’un homme. Plutôt que d’opposer les genres, ne serait-il pas possible de souligner leur complémentarité ?

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La question de la condition féminine doit à mon sens être observée en tenant compte de l’endroit dans le monde où vivent les femmes. En effet, en fonction du pays dans lequel vous êtes née, votre existence de femme va prendre des chemins bien différents, et plus ou moins faciles à parcourir.

Les disparités de traitement sont phénoménales, que vous naissiez en Inde, en France, au Danemark ou au Luxembourg, pour ne prendre en exemple que ces quatre pays. Il est déplorable que, sur notre planète, des petites filles soient encore ostracisées, maltraitées, voire assassinées parce qu’elles ont eu le malheur de naître dans un environnement qui les considère à tort comme inférieures. Le fait d’être femme ou d’être homme n’a pas à être abordé à travers une échelle de valeur graduée, l’un et l’autre n’étant ni meilleur, ni pire que l’autre.

Homme et femme, femme et homme, nous appartenons à la même espèce humaine. Si nous ne sommes pas similaires au sens anatomique du terme, nous sommes complémentaires et capables, pour autant que chacun y mette du sien, de coexister harmonieusement. Je suis convaincue que c’est dans l’éducation et la transmission que se trouve la clé pour que chaque être humain, peu importe son genre, puisse être accueilli et accepté tel qu’il est. C’est aujourd’hui la responsabilité de tous et de chacun que de faire grandir les nouvelles générations en leur offrant des fondations stables, les plus équilibrées possibles, car elles sont nécessaires au bien vivre ensemble et à l’innocuité.

En tant que femme née en Belgique et travaillant au Luxembourg depuis quasiment un quart de siècle (que le temps passe vite…), j’estime avoir beaucoup de chance. D’un point de vue personnel, j’ai eu la joie de porter et de mettre au monde quatre merveilleux enfants que j’aime à l’infini et dont je suis très fière. J’ai eu la chance de naître sous une bonne étoile, de parents éveillés qui m’ont permis de grandir dans un environnement, certes pas toujours parfait, mais néanmoins aimant et sécurisant, en étant toujours acceptée telle que je suis. J’ai épousé un homme bon, fier de nos enfants, et n’envisageant pas une seconde qu’une femme puisse être inférieure.

D’un point de vue professionnel, j’estime être également privilégiée en tant que Directrice de Bientraitance asbl. Les valeurs portées par les organisations qui ont fondé l’association (arcus, Caritas, Elisabeth, la Croix-Rouge luxembourgeoise, les Internats Jacques Brocquart, Lëtzebuerger Kannerduerf et Lënster Päiperlék) sont riches de sens. Ensemble, nous œuvrons au quotidien pour que des personnes en situation de vulnérabilité, hommes comme femmes, puissent être accompagnées avec bientraitance dans le respect de leurs besoins, de leurs droits et de leur individualité. Notre action éducative répond à une volonté de considérer et accompagner l’être humain dans sa globalité et ses spécificités, peu importe son origine ethnique, ses croyances, son genre, son âge, sa langue ou sa nationalité. Est-ce une façon pour moi de pallier les injustices du monde dont j’ai fait état plus haut ? Oui, certainement. Et je suis profondément reconnaissante de ce que la vie m’a apporté pour m’aider à atteindre cet objectif.

Virginie Stevens, directrice de Bientraitance asbl
Photo : Fanny Krackenberger

1.000 femmes
1.000 femmes

Grâce à l’action d’une ONG et d’un groupe d’assurance luxembourgeois, un millier de Népalaises prennent leur vie en main, gagnent en autonomie et subviennent aux besoins de leurs familles.

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La municipalité de Bethanchowk, zone rurale à deux heures de route de la capitale Katmandou, est peuplée de familles marquées par l’absence des pères. Poussés par le manque d’emploi, l’instabilité politique et la corruption, ils ont rejoint la Malaisie, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Japon ou encore la Corée du Sud pour y trouver du travail et, souvent, y refaire leur vie. Laissant derrière eux femmes et enfants à qui ils envoient de maigres sommes d’argent rarement suffisantes.

Dans le district de Kavre, l’élevage de bétail et la production de fruits et légumes sont les deux principales sources de revenus. Pour donner plus de moyens aux femmes de Bethanchowk de développer une agriculture résiliente, l’idée d’une coopérative a été lancée par Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN) en 2021, rapidement rejointe par le Groupe Foyer dans le cadre d’un projet humanitaire.

Témoignage d’Amira Hellal, responsable du Groupe de travail humanitaire et attachée à la Direction générale du Groupe Foyer :

« Avril 2023, nous nous envolons pour Katmandou avec ma collègue Nathalie Hanus. Dès notre arrivée, le dépaysement est total et le lendemain matin nous partons à la rencontre des bénéficiaires. À près de 1.800m d’altitude, la nature environnante dans la région rurale est à couper le souffle et l’accueil qui nous est réservé par les bénéficiaires nous laisse sans voix : des cortèges humains, des colliers de fleurs, une joie sans pareille sur les visages pour nous exprimer leur gratitude. Des projets rondement menés mais un pays réellement dans le besoin. Une expérience enrichissante à tous les niveaux ! Avec le Groupe de travail, nous sommes fiers de travailler dans un Groupe tel que Foyer qui n’a pas peur de s’engager dans des projets humains de développement à long terme, porteurs de sens et qui contribuent à rendre notre monde meilleur. »

Women empowerment

« Une coopérative dédiée à 100% aux femmes, c’est quelque chose d’innovant pour un pays comme le Népal », explique la directrice Françoise Binsfeld, avant de citer la femme d’affaires américaine Andrea Jung : « Quand une femme gagne un dollar, le retour sur investissement est plus important. Elle investira dans ses enfants, dans leur éducation, leurs soins de santé et leurs besoins fondamentaux. L’impact du rôle d’une femme dans l’économie profite à l’ensemble de la société. »

Avec 400 actionnaires au début, et 1.008 fin 2023, cette initiative est un réel succès. L’on y devient actionnaire en achetant une part pour 3.000 roupies, l’équivalent de 22 euros. La « Rural Women Vegetable and Fruit Cooperative Ltd » donne alors accès à des prêts à taux avantageux leur permettant d’étendre leurs activités de culture ou de transformation alimentaire, à des formations sur la gestion des budgets, sur l’épargne et l’investissement, sur les outils numériques et les risques d’Internet, etc.

« Récemment, nous avons financé un véhicule afin qu’elles puissent se rendre directement sur les marchés de la région et jusqu’à Katmandou. En supprimant l’intermédiaire, elles constatent une augmentation de revenus de 40% », précise Françoise Binsfeld, qui s’y rend chaque année pour observer l’évolution du projet. Sur place, le suivi est assuré par Ramesh Twayana, un Népalais ayant vécu 20 ans au Luxembourg avant de retrouver sa contrée natale. La coopérative compte trois employées chargées des tâches administratives et exécutives, telles que les demandes de prêts et les visites de contrôle.

Témoignage de Menuka Timalsina, actionnaire :

« Je n’avais jamais pensé que je pouvais avoir une voix, mais maintenant je sais que je peux m’exprimer et être entendue. Cela ne me semble pas toujours réel lorsque je participe aux décisions financières de ma famille. Je gagne environ 50.000 roupies (362 euros) par saison grâce à l’agriculture. La coopérative m’a accordé des prêts pour mes investissements agricoles. Je peux maintenant offrir de meilleures opportunités à mes enfants. »

Envie de vous impliquer ?

Vu la réussite et le nombre de demandes continuellement en hausse, une nouvelle phase de 3 ans démarre dès 2024 pour diversifier les sources de revenus et renforcer cette chaîne de valeur de mini-entreprises. AEIN souhaite – entre autres - augmenter la capacité de la coopérative à accorder des prêts, favoriser l’inclusion et la participation égale de toutes les femmes de la municipalité, organiser des formations en apiculture, fabrication de chips, production de fumier composté, mais aussi en marketing et stratégie de marque, etc. Des formations qui peuvent être réalisées sur base de partages de compétences avec des partenaires luxembourgeois. L’appel est lancé…

Les investissements d’AEIN au Népal sont en grande partie possibles grâce à l’accord-cadre avec le ministère des Affaires étrangères et européennes qui finance ses projets à hauteur de 80% depuis 2005. Les donateurs privés et notamment le système de Payroll Giving lui permettent de compléter les budgets et de faire naître de plus en plus de success stories familiales à travers l’Inde et le Népal.

Video - From Harvest to Sale - Women Farmers Lead the Way :

Marie-Astrid Heyde
Photos : AEIN

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Les femmes apportent beaucoup dans l'univers forestier
Les femmes apportent beaucoup dans l’univers forestier

Pour beaucoup de personnes, l’univers forestier est exclusivement masculin. Une croyance qui a malheureusement encore du mal à disparaître, malgré la présence croissante de femmes au sein des différents départements. Rencontre avec Claudine Felten, directrice de natur&ëmwelt asbl.

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Son large sourire atteste de sa passion pour la nature et la protection de l’environnement. Au fil des années, Claudine Felten a gravi les échelons pour être aujourd’hui, à la tête de natur&ëmwelt asbl. Quel est votre parcours ? « Je suis ingénieure forestière de formation. Cela fait 20 ans que je travaille pour la Fondation Hëllef fir d’Natur. En septembre 2022, je suis devenue directrice de natur&ëmwelt asbl. C’est une belle reconnaissance dont je suis assez fière. »

Alors, le monde forestier, est-ce vraiment un univers masculin ? « Il est en majorité composé d’hommes, mais le nombre de femmes ne cesse d’augmenter. On peut honnêtement parler de bouleversement dans le domaine. Je suis persuadée que la présence des femmes est positive pour tout le monde. »

Il y a 20 ans, les mentalités étaient certainement différentes qu’à l’heure actuelle. « Quand j’ai effectué mes études, je dois bien avouer que les hommes, surtout les anciens, étaient un peu intrigués par le fait que des femmes viennent se mêler du secteur forestier. Avec la nouvelle génération, c’est différent. Pour eux, l’émancipation est passée par là. Il n’y a aucune différence entre les hommes et les femmes. Seules les compétences comptent. Une vision somme toute assez normale à notre époque. »

Pour Claudine Felten, les femmes n’apportent pas plus que les hommes dans le secteur forestier. « La personnalité passe avant le genre. Chacun a sa vision de son travail et le fait progresser au quotidien. Si je prends ma perception, je me suis plus focalisée sur la protection de la nature et moins sur la production. Mais j’ai des ami(e)s qui fonctionnent différemment. C’est vraiment une question de sensibilité. Le plus important est que le soir venu, le travail soit bien réalisé. »

Les Luxembourgeois sont-ils sensibles à la protection de la nature ? « Notre association a 103 ans. Si au départ, elle était orientée vers les oiseaux, aujourd’hui nous nous occupons de tous les sujets. Même s’il y a beaucoup d’initiatives pour conscientiser la population à la protection de la planète, nous sommes tout de même conscients qu’il y a encore une certaine partie qui n’a que des connaissances basiques. La nature représente plus un cadre ludique ou pour pratiquer son sport. C’est seulement quand un coin de la forêt commence à disparaître qu’ils réalisent qu’il faut agir concrètement pour la protection de l’environnement. »

D’où l’importance des nombreux stages et ateliers. « La sensibilisation est vraiment la base de l’éducation à l’environnement et à la nature. Nos campagnes sont très importantes car les gens souhaitent principalement protéger ce qu’ils connaissent. Donc, plus ils sont informés des lieux qui les entourent, plus ils sont impliqués dans leur protection. »

Est-ce un secteur qui est en manque de personnel ? « Actuellement, il y a une grande demande d’ingénieurs forestiers et de biologistes dans le domaine de la conservation de la nature. Et on constate un manque de spécialistes comme des ornithologues ou des entomologistes. C’est plus compliqué, car il n’y a pas vraiment d’études spécifiques, mais ce sont des biologistes qui sont passionnés par les oiseaux et les insectes, et qui ont une formation supplémentaire. Pour embrasser une carrière dans la nature, il faut surtout suivre sa passion. Nous sommes toujours à l’écoute pour donner des conseils et partager notre passion pour la nature. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photo : ©natur&ëmwelt

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Féminin pluri-elles
Féminin pluri-elles

Dans cette carte blanche, Sara Liégeois, coordinatrice d’infogreen.lu et administratrice de Picto Communication Partner, explore la réalité des femmes, victimes d’un système injuste au sein duquel elles se sont toujours battues pour revendiquer leurs droits.

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Il est un proverbe selon lequel, « derrière chaque grand homme, il y a une femme », phrase attribuée à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, homme d’église (ce qui n’a rien d’étonnant). Cette posture résume d’un coup – d’un seul – la place qu’on attribue à la gent féminine. Ce second rôle fait rêver, cela va sans dire…

Ne pas tomber dans la victimisation est un exercice difficile. Malgré toute notre bonne volonté, naître femme fait de nous les victimes toute désignées d’un système injuste qui nous demande par la même de ne pas jouer « à la victime » et fait peser sur nous le poids d’une culpabilité où la culture du misérabilisme est mal venue.

Point de cliché, mais un tant soit peu de lucidité et d’honnêteté face à une réalité, celle des violences faites aux femmes, des féminicides qui s’inscrivent désormais comme des faits divers, d’une violence ordinaire, de la non considération à sa juste valeur du travail féminin, des systèmes de retraite qui précarisent la femme alors que nous sommes en 2024 !


Je crois que la vie est une vaste expérience. Notre éducation, notre environnement, nos rencontres, nos interactions sociales, la pression sociétale façonnent et déterminent notre façon d’envisager notre condition de vie de femme.

J’ai toujours pensé que la femme doit jouer des coudes pour faire sa place dans la société. Elle subit depuis la nuit des temps des lois qui ne sont pas les siennes, des religions qui la considèrent comme pêcheresse – voire impure –, une fresque historique où elle est l’éternelle oubliée, une langue que ses détenteurs défendent à grand coup de règles académiques dont l’une d’elle consiste à dire que le masculin l’emporte toujours sur le féminin sans oublier de souligner son invisibilité dans l’histoire de l’art et le monde des sciences où on l’on commence à peine à la réhabiliter.

La domesticité, le patriarcat, la logistique familiale, l’éducation des enfants, l’aliénante vie de mère au foyer nous ont longtemps tenues éloignées du grand échiquier autour duquel jouent les décisionnaires de ce monde.

Nous sommes de par notre genre l’être le plus malmené sur terre et ce depuis que le monde est monde. Pourtant nous représentons une population de 3.932.647 âmes sur terre.

Les femmes ont systématiquement dû lutter pour faire valoir leurs droits, au cours des 100 dernières années. C’est au prix de combats permanents qu’elles ont obtenu le droit de vote, l’accès à l’éducation, l’émancipation, l’évolution de la capacité juridique matrimoniale, la légalisation de la pilule, le droit à l’IVG, la loi pour l’égalité réelle entre hommes et femmes…

Et même si les droits des femmes évoluent ponctuellement selon les pays, les cultures, les sociétés, rien n’est jamais acquis, et parfois même la condition de la femme régresse selon le contexte. Il faut sans cesse revendiquer, réaffirmer nos droits.

Je reste persuadée que la femme a un grand rôle à jouer dans l’avenir de ce monde en transition, ou ce qu’il en reste. Consciente de son lien particulier à la vie qu’elle porte, de sa relation privilégiée à la terre-mère nourricière, forte et résiliente, elle se doit pour les générations futures de rassembler, pacifier, insuffler de l’espoir, endiguer cette course folle au profit qui va à l’encontre de tout ce qui est vie en faisant peser de tout son poids sa vision du monde en tant qu’individu à part entière dans l’optique d’une avancée collective.


Gisèle Halimi a justement dit que « Les hommes ont le pouvoir, les femmes ont l’avenir ».

Se projeter dans l’avenir, s’engager, se réinventer est notre cheval de bataille à toutes, pour un monde plus juste, construit – co-construit –, dans l’équité, l’amour, le respect, l’intelligence. C’est notre humanité qu’il reste encore à construire … Je laisserai le mot de la fin à Marguerite Yourcenar qui disait qu’« il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin ».

Un trait d’humour et de dérision

J’aime tout particulièrement le teaser de cette pièce de théâtre de Laura Leoni, mis en scène par Laetitia Gonzalbes, jouée par Diane Prost qui retrace avec humour la grande épopée de la femme à travers les siècles.

Sara Liégeois
Photo : Fanny Krackenberger

Femmes en action : témoignages de leadership et défis à responsabilités
Femmes en action : témoignages de leadership et défis à responsabilités

Les femmes occupant un poste à responsabilités sont de plus en plus nombreuses, non pas pour intégrer un quota mais pour apporter leurs expériences et leurs compétences. Être à un poste stratégique n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Rencontre avec cinq femmes inspirantes.

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Michelle Friederici – Associée-gérante de FG architectes et présidente de l’OAI

En tant qu’architecte évoluant dans un domaine traditionnellement masculin, j’ai relevé de nombreux défis. Loin de me décourager, ils m’ont montré que le succès est accessible. La présence croissante des femmes dans l’architecture est un indicateur positif, bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour équilibrer la représentation dans les postes de direction.

La question de la conciliation entre maternité et carrière, souvent posée aux femmes mais rarement aux hommes, révèle un double standard qu’il est urgent de dépasser. Je m’oppose à l’idée que les femmes doivent être des superwomen pour réussir, une pression qui peut intimider et dissuader. La réussite est à la portée de toutes. Il est crucial de croire en soi et de refuser d’être limitée par des stéréotypes obsolètes. Chaque femme qui parvient à s’imposer, quel que soit son domaine, contribue à créer un monde plus équilibré et juste. Des politiques comme le congé parental obligatoire pour les pères, appliquées dans certains pays, montrent qu’un meilleur équilibre familial est possible et bénéfique pour tous. Cela normalise l’implication des hommes dans la vie familiale et favorise une plus grande égalité des sexes au travail.

L’égalité des chances pour les femmes nécessite un changement de mentalité et de culture d’entreprise. En encourageant un partage plus juste des responsabilités tant professionnelles que familiales, nous ouvrons la voie à davantage de femmes dans des rôles de direction et de leadership. Ce changement culturel est essentiel pour que les futures générations de femmes puissent aspirer à des carrières ambitieuses sans être freinées par des attentes de genre désuètes.

Netty Thines - Administrateur-délégué Mediation

Depuis toute jeune, j’ai l’esprit rebelle et j’éprouve le besoin de me révolter contre toute forme d’injustice et de discrimination. Mon travail m’a fait rencontrer beaucoup de femmes qui ont un manque de confiance en elles, et qui préfèrent se taire au lieu de se battre pour leurs droits et prendre la parole. C’est une des raisons pour lesquelles je me suis engagée très tôt dans des réseaux comme la Fédération des Femmes Cheffes d’entreprise ou bien, plus tard, dans l’association des Femmes Pionnières du Luxembourg. Un des objectifs de cette association est de faire sortir les femmes de l’ombre, de leur donner de la visibilité.

Personnellement j’ai eu un autre vécu. Ainsi, ce sont des hommes qui m’ont invitée à prendre la direction de l’entreprise à la tête de laquelle je suis depuis toute jeune. Lors de réunions, j’étais souvent la seule femme. Je n’étais pas toujours entendue, alors que je voyais un homme reprendre mon idée et là, elle passait. Mais l’idée ne me venait pas du fait que j’étais une femme. J’ai simplement pensé que je devais améliorer mes compétences de prise de parole, de confiance en moi et mes talents de vente.

Plus tard, j’ai réalisé que c’était une expérience commune pour beaucoup de femmes. Éduquées différemment, on leur inculque de se taire. Même avec des compétences équivalentes, les femmes tendent souvent à douter d’elles-mêmes et à rester en retrait.

La prise de parole et la confiance en soi sont les clés du succès. Dans la société, ce sont celles et ceux qui ont un vrai talent d’orateur qui réussissent. Mon message est clair : il faut OSER. Répétons sans cesse aux femmes qu’elles sont capables, qu’elles peuvent porter haut leurs projets.

Caroline Lamboley - CEO Lamboley Executive Search

En tant qu’ancienne DRH et chasseur de têtes, j’ai collaboré avec de nombreux décideurs. L’accès aux hautes responsabilités pour les femmes reste complexe.
J’ai constaté des évolutions positives en matière de diversité et d’inclusion dans les postes de direction. Les entreprises sont de plus en plus conscientes de l’importance de la diversité, d’un point de vue éthique, mais aussi en tant que moteur de la performance et de l’innovation.

Cependant, des défis persistent et certaines femmes peuvent encore rencontrer des obstacles attribués à des stéréotypes persistants, des normes culturelles et des biais inconscients.

En tant que chasseur de têtes, mon rôle est d’identifier et de promouvoir les talents exceptionnels, quel que soit leur genre. Mon engagement est de promouvoir l’égalité des chances dans le cadre de mes recherches et de contribuer à un changement positif dans le monde professionnel luxembourgeois.

Il est par ailleurs crucial de reconnaître les risques potentiels de la discrimination positive. Le danger réside dans le fait de promouvoir une femme à un poste de direction uniquement en raison de son genre, sans évaluer rigoureusement ses compétences. Cela peut non seulement créer un sentiment d’injustice parmi les employés, mais aussi compromettre la performance globale de l’entreprise. Il faut reconnaître et promouvoir les talents exceptionnels, en fonction des compétences et non du genre.

Il est essentiel de trouver un équilibre délicat entre la promotion de la diversité et le maintien de normes élevées d’évaluation des compétences pour garantir une progression professionnelle équitable et durable.

Laure Elsen - Directrice générale d’Accentaigu et Administrateur délégué de Charles Kieffer Group

Malgré l’évolution des mentalités, je crois que c’est toujours davantage compliqué pour une femme d’accéder à des postes à responsabilités, même si, pour ma part, j’ai un parcours atypique étant donné que je gère deux sociétés : une que j’ai créée moi-même et l’autre, l’entreprise familiale, que j’ai eu en héritage.

La pression est forte surtout dans les sociétés historiques et dans les PME. Les préjugés résident comme le fait qu’une femme est moins compétente et moins disponible parce qu’elle doit s’occuper des enfants. Il faut prendre position et combattre ces idées préconçues. Il y a de plus en plus de femmes à la tête de grandes entreprises et de projets majeurs et qui œuvrent pour l’évolution des mœurs. Leurs parcours sont des exemples et je m’en réjouie.

Un autre constat est qu’entre hommes les rapports sont plus vite amicaux. Même si j’ai le même statut qu’eux, je ressens toujours cette différence. Je suppose que ça n’a rien de personnel mais qu’il est plutôt question d’éducation et de convenance. Sans oublier que cela reste un stéréotype générationnel, enfin j’ose espérer.

Être directrice est un double challenge, la main de fer dans un gant de velours : d’un côté, il faut être féminine, empathique et confiante et de l’autre, il faut exercer son autorité avec force et détermination.

Isabelle Lentz - CEO - Munhowen

Tout au long de mon parcours professionnel, j’ai consacré des efforts significatifs à mon développement personnel et professionnel en suivant des formations continues, telles qu’un MBA et diverses sessions à l’INSEAD ou encore à la Chambre de commerce. Année après année, je m’impose de participer à des formations dans divers domaines pour maintenir une ouverture d’esprit !

Je suis plongée dans l’univers de la brasserie et de la logistique, des secteurs largement dominés par la présence masculine. Malgré cela, je n’ai jamais ressenti de pression de la part de mes collègues ou de mes supérieurs. Au contraire, ma féminité s’est avérée être un véritable atout dans mon parcours professionnel.

Mon approche de la gestion repose sur la communication et l’écoute, mettant l’accent sur la collaboration et la prise en compte des opinions dans le processus décisionnel. Cette approche a ajouté une dimension féminine à un secteur traditionnellement masculin. La présence de femmes dans des environnements majoritairement masculins apporte une bouffée d’oxygène et crée un équilibre.

À mes yeux, cet équilibre entre hommes et femmes est essentiel pour faire progresser une entreprise. Ces sociétés deviennent plus performantes, bénéficiant de perspectives variées. Les femmes apportent des points de vue différents et jouent un rôle crucial dans la pérennité des entreprises.

En fin de compte, encourager l’égalité des chances et promouvoir la diversité de genre non seulement renforce l’image de l’entreprise en tant qu’employeur équitable, mais contribue également à son succès à long terme en favorisant une culture d’entreprise dynamique et innovante.

Propos recueillis par Sébastien Yernaux

« Quand on a toujours galéré, on a envie de s'en sortir »
« Quand on a toujours galéré, on a envie de s’en sortir »

À 29 ans, Viviane Rannou est cofondatrice de trois sociétés valorisées à une vingtaine de millions d’euros - dont Bauer Energie au Luxembourg. La jeune serial entrepreneur se trace une carrière sur mesure, depuis le Luxembourg et à l’international. Portrait.

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Ambition

Issue d’un milieu modeste, Viviane Rannou a grandi en France au sein d’une famille qui peinait à joindre les deux bouts. Rapidement, elle décide d’opter pour un parcours qui lui assurera une stabilité financière – « Cela donne une force, car quand on a toujours galéré, on a envie de s’en sortir ».
Durant ses études de management international à l’Université de Bretagne occidentale (Brest), elle approfondit ses connaissances en langues – anglais, italien, chinois, en plus du français et du polonais qu’elle parle déjà. « À l’époque, je savais qu’il fallait que je connaisse plusieurs langues, mais je ne savais pas encore bien pourquoi. »

À l’issue de son cursus académique au cours duquel elle passe quelques mois en Chine, elle réalise quelques stage en Pologne et au Luxembourg, où elle décide de rester. Peu après, elle rencontre Amine en Belgique, avec qui elle partage depuis lors sa vie tant privée que professionnelle. Ensemble, ils ouvrent une première entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, dans le plat pays, qu’ils ont récemment vendue. Puis une autre au Luxembourg, dans le même domaine. « On a beaucoup appris avec ces premières expériences. »

Le côté entrepreneurial, elle le tient probablement de sa maman, l’artiste-peintre Margaretha Koper Rannou.


« C’est grâce à l’influence remarquable de ma mère que j’ai trouvé la force et le courage d’embrasser l’indépendance et de cultiver la confiance en soi nécessaire pour entreprendre. »

Aujourd’hui, elle travaille – notamment – avec son papa, directeur technique de Bauer Energie, entreprise d’installation de panneaux photovoltaïques et pompes à chaleur à Dippach.


« Grâce à l’inestimable enseignement de mon père, j’ai acquis la capacité de rester sereine et de gérer le stress dans n’importe quelle situation. Ses conseils et son exemple m’ont permis de développer une approche calme et réfléchie face aux défis, renforçant ainsi ma résilience dans le monde professionnel et personnel. »

Passion

Durant ces stages et premières expériences, Viviane ne trouve pas forcément sa place. « J’avais beaucoup de compétences, mais n’en utilisais qu’une partie. Le jour où je me suis lancée, c’est comme si j’avais explosé. Je pouvais enfin solliciter toutes mes compétences, j’avais créé l’emploi qui me convenait. »

Bien que Bauer Energie représente sa principale charge de travail, l’entrepreneuse ne s’est pas arrêtée là. Elle est cofondatrice et Chief Marketing Officer de deux autres sociétés.

Il y a d’abord XDaysWeb, basée à Dubaï et active dans l’événementiel. « Trois à quatre fois par an, XDaysWeb réunit des spécialistes internationaux du digital durant deux semaines autour de conférences, événements de networking, voyages, etc. Actuellement, nous sommes en Thaïlande. Les prochaines sessions sont prévues au Maroc, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. Nous avons créé cela par passion du digital. C’est toujours positif de rencontrer plus de personnes, de créer un réseau. »

Il y a finalement la société de logistique COD Power Group basée au Luxembourg, en France et en Belgique et qui opère dans plusieurs pays d’Europe. Avec des partenaires notamment en Chine, en Afrique, au Moyen Orient, cette plateforme de e-commerce gère tous les aspects opérationnels liés à la vente en ligne. « On doit constamment se déplacer, pour aller sur place voir les entrepôts, discuter avec les partenaires, etc. »


« Parfois, on me dit que j’ai trop de chance. Mais quelle chance ? C’est du travail, des nuits blanches, des défis. Ça demande beaucoup de sacrifices. On ne peut pas se permettre de terminer à 16h ou 17h, pas en ayant trois entreprises en tout cas. Je travaille tous les jours jusque 22h, je voyage toutes les trois semaines environ. Je ne déconnecte jamais réellement. Il faut être motivé, il faut voir le chemin. Et surtout, il faut aimer ce qu’on fait. Si c’est une passion, alors on ne compte pas ses heures. »

Challenges

Trois entreprises et donc trois sources de stress. « Des problèmes, il y en a absolument tous les jours. À la longue, on développe comme une carapace, quelque chose qui nous permet de faire face aux soucis quotidiens. Ma philosophie, c’est qu’il ne faut pas stresser parce que chaque problème a sa solution. »

Viviane et son compagnon étant impliqués ensemble professionnellement, il y a une compréhension mutuelle qui les soude. « Heureusement, nous sommes complémentaires. Nous avons tous les deux des compétences bien distinctes, et de ce fait, on ne se mêle pas de ce que fait l’autre. Sinon, je pense qu’il y aurait beaucoup de disputes ! »

Être femme et entrepreneuse, c’est toujours compatible ?


« Je n’ai pas l’impression d’avoir été freinée parce que j’étais une femme. Il y a certains pays avec lesquels j’ai traités, dans lesquels les femmes ne sont pas perçues à leur juste valeur, c’est une question de regard et de culture. Il faut savoir s’adapter à l’autre, essayer de comprendre la personne, parler quelques mots de sa langue aide beaucoup aussi. »

Et pour la suite ? « Pour moi, le futur, c’est développer Bauer qui est déjà bien ancrée au Luxembourg, et COD Power Group. Mais aussi un jour fonder une famille. Évidemment, à ce moment-là, il faudra réduire. Gérer tout ne sera pas possible, il faudra s’entourer des bonnes personnes. »

Marie-Astrid Heyde
Photos : XDaysWeb / Bauer Energie

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« Travailler pour demain avec l'enthousiasme contagieux »
« Travailler pour demain avec l’enthousiasme contagieux »

20 ans après son entrée chez Schroeder & Associés, Martine Schummer siège désormais au comité de direction du bureau d’ingénieurs-conseils. Regard lucide sur un secteur qui se féminise peu à peu, coup d’œil dans le rétro et projection vers le futur durable.

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Martine Schummer, vous êtes la première femme à accéder au comité de direction de Schroeder & Associés. Est-ce le symbole d’une carrière ?

Cette nouvelle fonction est évidemment importante pour moi : on me confie une responsabilité supplémentaire et j’en suis très honorée. J’ai commencé chez Schroeder en 2003 en tant que jeune ingénieure civile dans le service « Bâtiments », j’y ai grandi avec mes projets de construction et je suis associée et administratrice depuis 2016. J’étais alors la première femme au conseil d’administration du bureau. Aujourd’hui, parmi les 15 associés-administrateurs, nous sommes deux, Nathalie Muller et moi.

Et je suis désormais au comité de direction, jusqu’ici composé de quatre hommes. Robert Jeworowski partant en retraite, je reprends son siège pour représenter le Département Structure.

Est-ce une percée dans un monde que l’on dit souvent très masculin ?

Quand j’ai commencé mes études en génie civil à l’Université (à Karlsruhe-Allemagne), nous étions déjà un tiers de femmes. Au Luxembourg, les femmes étaient encore rares dans la profession. Quand j’ai été engagée par Schroeder & Associés, j’étais la deuxième femme ingénieure employée par la société. Nous sommes une cinquantaine aujourd’hui.

En fait, je n’ai jamais ressenti un problème dans le fait d’évoluer avec des hommes… ou d’être en concurrence avec eux. Je trouve que la féminisation de la profession est bien engagée depuis des années et qu’elle représente une plus-value pour le secteur. Et j’ai l’impression que l’orientation vers le développement durable va encore l’amplifier. En tout cas, moi, mère de famille et ingénieure, je m’engage vraiment pour l’avenir de nos enfants, qui se bâtit tous les jours.

Il faut plus de femmes dans ces métiers alors ?

Je ne suis pas fan des quotas. Mais je crois dans les compétences, le travail en commun, la diversité des approches et l’engagement. Les spécialités réputées plus techniques ont certes mis plus de temps à attirer les candidates, notamment dans le secteur de la construction. Mais il y a de plus en plus de femmes en génie civil et, chez les architectes, les femmes sont déjà majoritaires.

Il faut encourager les futures ingénieures potentielles, leur montrer ce qui existe, la variété des disciplines et des besoins. C’est un métier technique, intellectuel et très social. Il faut pouvoir discuter avec les clients, les architectes, les entrepreneurs… , aller sur le terrain et convaincre, être capable de s’imposer dans ce qui est également très valorisant sur un plan sociétal : nous participons à des projets d’envergure qui changent le quotidien de milliers de gens, et on peut toucher du doigt ces réalisations.

Un regard vers demain ?

Je prends mes nouvelles fonctions à cœur et avec cœur, dans ce comité de direction qui m’accueille avec ma vision personnelle. Comme dans tout ce que j’entreprends, j’espère avoir un impact, apporter ma touche, une sensibilité, une réflexion, un prolongement naturel de notre stratégie d’entreprise socialement responsable et durablement engagée. Ce sont des sujets qui me motivent et que j’encourage, notamment dans les différents comités - développement durable, RSE, communication…

J’ai toujours bien aimé cette phrase de Baden-Powell, le père du scoutisme : « Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que vous l’avez trouvé ». C’est un peu ma devise et la source de mon engagement que j’essaie de transmettre dans nos projets et dans nos initiatives ; j’espère avoir l’enthousiasme contagieux.

Ces dernières années, avec mes collaboratrices et collaborateurs, nous avons développé les unités de compétence « transformations, revalorisations », « constructions en bois », « conseil en construction durable » et « ressources durables et biodiversité » dans le département « Structure » du bureau. Ces unités sont toutes en relation avec la construction durable. Et il y a des pistes de diversification à prolonger ou à lancer, des opportunités dans l’économie circulaire, la construction saine, les techniques, le conseil, les matériaux, les chaînes de valeur…

Je suis convaincue que les ingénieurs doivent contribuer énergiquement à négocier le virage environnemental et sociétal. En proposant des solutions innovantes, nous travaillons pour demain. Cette mission-là ne peut être accomplie qu’en équipe, voire en famille, dans la coopération et le partage des expériences. C’est la « Schwarmintelligenz » – littéralement l’intelligence de l’essaim- , une forme d’intelligence collective qui est aussi un moteur d’action organisée. Les femmes talentueuses et impliquées au travers de leur métier et de leurs projets y ont évidemment un beau rôle à jouer.

Texte et photo de Schroeder & Associés

Femmes dans le BTP : regards inspirants sur les métiers en évolution
Femmes dans le BTP : regards inspirants sur les métiers en évolution

Linda Thiry partage sa vision et son expérience grâce à son parcours, des grandes entreprises internationales à la direction de Karp-Kneip, et offre une perspective unique sur l’intégration des femmes et la transformation en cours dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP).

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De nos jours, de plus en plus de jeunes professionnels aspirent à travailler au sein d’entreprises qui reflètent leurs valeurs et convictions personnelles. Fondée en 1898 par la famille et, 125 ans plus tard, dirigée par les 4e et 5e générations – François, Christophe et Linda Thiry –, Karp-Kneip se distingue par son histoire, sa culture et ses valeurs. Cette entreprise centenaire, toujours familiale, s’engage de manière ambitieuse dans le développement durable et dans la recherche de nouveaux talents en quête de sens et d’une entreprise où ils peuvent véritablement s’épanouir.

« Bien que ce domaine reste majoritairement masculin, mon expérience, que ce soit au sein de grandes entreprises mondiales ou dans la structure familiale de Karp-Kneip, démontre une intégration réussie. Le nombre de femmes dans le BTP augmente. Notre ambition est également d’accroître l’attractivité et l’intérêt de ce secteur afin d’intégrer de façon durable des femmes au sein de notre entreprise », se réjouit Linda Thiry.


« Chez Karp-Kneip, hommes et femmes se côtoient avec une motivation et un dévouement exceptionnels. La passion qui m’anime pour les travaux publics réside dans la possibilité constante d’évolution et de changement, tant en interne que dans le secteur global. En interne, je considère que c’est l’un des rares secteurs où l’on peut débuter sur le terrain et, avec de la motivation, progresser considérablement sur le plan professionnel. Notre politique a toujours été de donner une chance aux personnes motivées et ambitieuses. Au niveau de l’industrie, le monde change, et selon moi, nous ne faisons que commencer une transformation majeure qui saura relever les défis économiques et environnementaux. »

Linda Thiry, directrice de Karp-Kneip

« Nos métiers sont en pleine évolution et comportent de plus en plus de défis, mais ils demeurent toujours indispensables à la société. Le monde change et nous évoluons avec lui en étant pleinement mobilisés dans nos ambitieux engagements tels que la digitalisation, les évolutions dans le transport, le développement de l’inclusion sociale dans nos métiers, les progrès en matière de gestion des déchets, la décarbonation du secteur, le développement de nouveaux matériaux tels que des enrobés à séquestration de CO2, ainsi que l’adoption de nouveaux procédés, comme avec l’acquisition du recycleur à froid et stabilisateur de sol WR250i de WIRTGEN GROUP et le poste d’enrobé du futur à Brumath en France, à haute performance environnementale.

Notre entreprise s’engage à offrir aux nouvelles générations des opportunités exceptionnelles. Notre culture familiale, nos valeurs transmises depuis des générations, la perspective de croissance et notre impact positif sur la société font de Karp-Kneip un employeur attractif. Chez nous, le genre n’est qu’un critère parmi d’autres, nous valorisons l’autonomie et mettons en avant le talent, l’expérience et l’enthousiasme de chacun.

La valeur humaine de l’entreprise assure et assurera la pérennité et le développement de l’entreprise, c’est notre conviction. »

En conclusion, le BTP, vu à travers les yeux d’une femme, s’affirme comme un domaine propice à l’épanouissement professionnel, à l’innovation et à l’engagement durable. Karp-Kneip, avec sa vision inclusive et son engagement envers la diversité, incarne le futur des métiers des travaux publics.

Texte et photos de Karp-Kneip

Soutenir l'entrepreneuriat féminin au Luxembourg
Soutenir l’entrepreneuriat féminin au Luxembourg

L’entrepreneuriat féminin constitue une part importante du tissu économique. BGL BNP Paribas veille à le soutenir.

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Selon l’Observatoire BNP Paribas de l’Entrepreneuriat au Féminin, l’entrepreneuriat féminin est caractérisé par une certaine forme de prudence. Plus que les hommes, les femmes craignent de ne pas dégager assez de revenus (36%), ont peur de l’échec financier (25%) et déclarent manquer de confiance en elles-mêmes (18%). Elles recourent donc peu au crédit, préférant auto-financer le lancement de leur société (73%).


Selon le Global Entrepreneurship Monitor, l’entrepreneuriat féminin en « early stage » au Luxembourg aurait chuté de 40% suite à la pandémie du Covid-19, soit la plus importante diminution en Europe.

Ce constat, alarmant pour l’économie luxembourgeoise dans son ensemble, appelle une réponse efficace de toutes les parties prenantes.

Accompagner chaque entrepreneur

Comment la banque peut-elle prendre en compte ces spécificités pour mieux accompagner les femmes qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale ? « Chez BGL BNP Paribas, nous estimons qu’il est indispensable de soutenir l’entrepreneuriat de manière générale, considérant qu’une part importante de l’économie luxembourgeoise repose sur les Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises », relève Marie Delhaye, Sustainability Program Officer au sein de BGL BNP Paribas. « Qu’ils soient hommes ou femmes, les entrepreneurs trouveront au sein de notre banque deux lignes de services qui leur permettront de développer leur entreprise de la meilleure des façons, l’une dédiée aux professions libérales, l’autre aux PME, qu’elles soient de petite taille ou très développées. »

Il est essentiel de prendre en compte les particularités de la personne et de son entreprise. « Qu’il s’agisse de la création d’entreprise, de sa gestion quotidienne, de demandes de crédit ou de leasing, du financement de matériel ou encore de la transmission d’entreprise, les entrepreneurs trouveront chez BGL BNP Paribas tous les services dont ils ont besoin. Nous restons surtout à l’écoute de leurs besoins, afin de les accompagner à chaque étape de la vie de leur société », ajoute Manuela Mendes, Directrice commerciale, Banque de détail chez BGL BNP Paribas.

Un cycle de conférences dédié aux femmes

Au-delà de ce travail quotidien, BGL BNP Paribas a aussi souhaité renforcer son engagement envers les femmes entrepreneurs. En collaboration avec la FFCEL (Fédération des Femmes Cheffes d’Entreprise Luxembourg), un réseau qui regroupe des femmes dirigeantes, un cycle de conférences a ainsi été mis sur pied.


« L’objectif est de permettre aux femmes de s’inspirer entre elles, de prendre confiance et de réaliser qu’elles ont toute leur place dans le monde des affaires »

Marie Delhaye, BGL BNP Paribas

Autour d’une présentation inspirante, suivie d’une partie interactive et d’un cocktail de networking, ces conférences cherchent à réveiller l’esprit de solidarité qui existe bien souvent dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin.

Après deux sessions qui ont abordé la relation entrepreneuse-banquier et les différents outils utiles aux entrepreneuses, deux autres conférences ont été organisées en 2023, permettant notamment de présenter les différents modes de financement qui sont à la disposition des entrepreneurs. « Nous pensons qu’un beau projet ne doit pas forcément dépendre d’un auto-financement ou d’un crédit traditionnel. Il existe d’autres possibilités de se financer, comme le microcrédit, qui peut donner accès à des fonds à des personnes qui ne peuvent pas prétendre à un crédit traditionnel. BGL BNP Paribas s’engage d’ailleurs dans cette voie à travers sa participation dans Microlux, institution de microfinance qui a déjà soutenu 200 entrepreneurs depuis sa création en 2015, dont 40% de femmes », conclut Marie Delhaye.

Retrouvez le programme complet des événements FFCEL sur www.fcel.lu

En savoir plus : csr@bgl.lu

Texte et photo de BGL BNP Paribas
Légende : Manuela Mendes (à gauche) et Marie Delhaye (à droite)

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« C'est l'aspect humain de la politique qui m'attire »
« C’est l’aspect humain de la politique qui m’attire »

Carole Weigel (44 ans) est la bourgmestre CSV de Wiltz, la première femme à occuper ce poste au sein de la commune. Entretien avec cette éducatrice de profession, qui entend bien casser le mythe du politicien inaccessible.

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Ça fait quoi d’être la première femme bourgmestre de la commune de Wiltz ?

Je n’avais pas réalisé avant qu’on me le dise, mais je suis fière d’être la première femme bourgmestre de la commune et contente aussi que la première échevine (NDLR : Chantal Kauffmann) soit également une femme. Dans notre société, il y a autant d’hommes que de femmes et je trouve que cela devrait tout naturellement être la même chose en politique, mais les choses changent et on y arrivera, à cette représentativité. En plus d’être bourgmestre et d’être éducatrice, je suis aussi maman et en 2017, j’avais refusé de me présenter alors qu’on me l’avait demandé, car je trouvais mes enfants trop jeunes à l’époque. Il me tenait à cœur d’être présente pour eux et d’avoir le temps de les éduquer. Aujourd’hui, ils ont 12 et 15 ans et c’est plus simple, même si la décision n’a pas été évidente à prendre. Mon quotidien me demande beaucoup d’organisation : occuper un tel poste ne serait pas possible pour moi sans le soutien de ma famille et de mes amis, mais surtout de mon conjoint avec qui je partage toutes les tâches. Je crois qu’un couple doit vraiment travailler ensemble, main dans la main, pour que chacun puisse s’épanouir professionnellement.

Le collège échevinal de Wiltz
Le collège échevinal de Wiltz

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre part à la vie politique de votre commune ?

Je suis de Wiltz, j’y ai grandi et j’ai toujours été impliquée dans la vie locale, notamment en faisant partie de différentes associations. J’étais engagée dans le CGDIS, dans l’entente d’Erpeldange, dans le comité des jeunes et je suis toujours inscrite au club de théâtre. La politique, ça me permet de m’engager à un autre niveau. Avant, lorsque j’étais au sein du conseil communal, je m’informais, j’apprenais, mais maintenant, je peux vraiment concrétiser des projets tout en prêtant une oreille attentive à tous les habitants. J’ai toujours vécu ici, je connais beaucoup de gens, d’autant que j’ai le contact facile et encore plus de par mon emploi d’éducatrice dans le précoce. C’est l’aspect humain de la politique qui m’attire et que je veux mettre en avant à travers mon mandat.

Depuis 2015, Wiltz porte le titre de « Hotspot de l’économie circulaire au Grand-Duché de Luxembourg », une thématique à laquelle vous êtes particulièrement sensible…

À titre personnel, je trouve cela indispensable d’informer et de responsabiliser les citoyens dès le plus jeune âge à ce sujet. On n’a qu’une Terre, on doit la protéger, c’est un fait que j’évoque aussi à la maison, avec mes propres enfants. Au niveau de la commune, nous voulons prendre nos responsabilités pour les générations futures et faire le maximum pour diminuer notre impact sur l’environnement et l’utilisation de ressources naturelles. Une vingtaine de projets pilotes en économie circulaire ont déjà été réalisés ou sont en cours de réalisation, et nous ferons en sorte de les mener à bien. En 2020, sous l’impulsion de la commune et du Fonds du Logement, le Circular Innovation HUB a ouvert ses portes. C’est une plateforme nationale qui facilite et promeut l’échange des connaissances et des expériences autour de la thématique de l’économie circulaire, mais qui nous permet aussi et surtout de communiquer et d’informer sur les projets en cours d’élaboration et de réalisation sur le territoire de la commune de Wiltz. C’est le cas notamment du nouveau quartier « Wunne mat der Wooltz » qui est développé selon les principes de l’économie circulaire ou du campus éducatif Geenzepark.

L’économie circulaire est justement au cœur d’une nouvelle exposition proposée à Wiltz. Que peut-on y découvrir ?

Implanté jusqu’à fin 2022 sur d’anciennes friches industrielles, le Circular Innovation Hub a déménagé au sein du château, au cœur de la ville haute, ce qui le rend bien plus accessible à tous. C’est là que se trouve l’exposition intitulée « Au-delà des limites de la planète – Et si l’économie circulaire était la solution ? » qui s’adresse à tous les publics. Les enfants dès le cycle 4 du fondamental peuvent la visiter. Je la trouve passionnante, car elle permet vraiment d’expliquer aux plus jeunes l’impact de nos choix en matière d’alimentation, de logement, de consommation en général, tout en montrant en quoi l’économie circulaire permet de proposer des solutions durables à ces problèmes. C’est un excellent moyen de familiariser le public à ce sujet, de l’informer et de le sensibiliser.

L'exposition « Au-delà des limites de la planète – Et si l'économie circulaire était la solution ? »
L’exposition « Au-delà des limites de la planète – Et si l’économie circulaire était la solution ? »

Votre commune va croître prochainement au niveau démographique, notamment grâce au futur quartier « Wunne mat der Wooltz » et ses 1.085 logements. Quels sont les défis de ces prochaines années pour vous ?

Ce quartier, développé par le Fonds du Logement, est notre priorité. Nous devons finaliser ce projet et c’est une grande responsabilité. Nous anticipons la croissance démographique, comme avec le campus éducatif Geenzepark qui a fait sa première rentrée et qui est ainsi prêt à accueillir les futurs enfants de la commune dans les années à venir. Nous envisageons également de créer une piscine et mettons sur les rails le projet « Jugendwunnen » qui permettra de proposer des logements abordables aux jeunes adultes qui démarrent dans la vie professionnelle. L’offre médicale sera aussi densifiée grâce au bâtiment Schlasskéier, l’annexe du Centre Hospitalier du Nord. On espère créer de nouveaux emplois en accueillant de nouvelles entreprises sur la Zone d’activité Salzbaach et de nouveaux commerces dans la Grand-Rue, au rez-de-chaussée de maisons que nous rénovons sous forme de logements abordables. L’objectif est vraiment de faire de Wiltz une commune où il fait bon vivre, habiter et travailler. Reste que nous avons un budget à respecter et qu’il va falloir faire des choix, car nous devons à la fois épargner et investir…

Si on vous donnait une baguette magique, quel vœu exauceriez-vous pour la commune ?

Je choisirais d’accélérer notre transition vers une économie pleinement circulaire et respectueuse de nos ressources naturelles. Mon souhait serait de voir Wiltz devenir un phare pour le développement durable, inspirant aussi bien au Luxembourg qu’au-delà de nos frontières, en garantissant une qualité de vie élevée pour aujourd’hui et demain.

Propos recueillis par Salomé Jeko
Photos : Commune de Wiltz

À Dudelange, poussez la porte d'une formidable histoire de femme
À Dudelange, poussez la porte d’une formidable histoire de femme

D’Alep à Dudelange. De l’exil à l’éclosion. De la perte à la création. Yara Kassouha vous ouvre les portes de Yara Art. Rarement une boutique artisanale représente ainsi le parcours et la force de caractère de sa gérante.

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Comment lui est venue sa passion pour la couture ? Yara Kassouha répond que c’est « en observant sa mère, tôt dans sa jeunesse. Je pouvais rester des heures à la regarder coudre ».

C’était à Alep, lieu de sa naissance, première ville syrienne avant la guerre civile et berceau du savon d’Alep – le savon originel du haut de ses 3000 ans d’histoire. Elle ne savait pas encore que ces contemplations tisseraient un jour son quotidien et que les véritables savons d’Alep se poseraient sur ses étals comme un trait d’union entre ses deux vies.

Parce qu’à Alep, notre interlocutrice était comptable pour une grande société, possédait une maison et jouissait d’un très bon train de vie. Jusqu’en 2011, au moment des premiers combats. Elle perd d’abord son emploi. Mais sans se décourager, pendant quatre années, elle se consacre exclusivement à sa seconde occupation : l’aide aux réfugiés.

Yara Art, boutique à Dudelange, véritables savons d'Alep et bijoux
Yara Art, boutique à Dudelange, véritables savons d’Alep et bijoux - Fanny Krackenberger

En 2015, contrainte par un danger devenu intenable, elle choisit l’exil et cette fois, perd tout. Avec ses deux enfants, elle foule le sol luxembourgeois pour la première fois. De son propre aveu, un pays dont elle n’avait jamais entendu parler au Moyen-Orient.

Après le soulagement, vient l’adversité. Yara doit tout reconstruire. Pour ses enfants comme pour elle, tous les repères viennent de s’effondrer : « c’était impossible de retourner en Syrie, j’avais peu d’amis et je ne parlais qu’arabe et anglais. J’étais désorientée, tout était très cher, le niveau de vie très élevé. »

Elle travaille alors, fait du secrétariat et peine à joindre les deux bouts. Bien sûr, l’adaptation dans une position sociale dégradée est difficile et ses enfants ne comprennent pas, parfois jusqu’à la colère, pourquoi ils ont dû ainsi changer de statut.

Quand elle évoque ces années, l’émotion n’est jamais loin. On peut encore observer leur poids peser sur ses épaules. Elle explique à quel point, à l’image de l’Europe, la situation d’une mère monoparentale au Luxembourg est la plus difficile : « seul, on peut se loger dans une petite superficie, mais pour les enfants il faut de l’espace, deux ou trois chambres, et le loyer grimpe alors en flèche ». Dans ses souvenirs subsistent encore quelques frustrations de n’avoir pu assumer seule les factures en travaillant pourtant 40 heures pleines.

Au bout de ces années de dépréciation sociale encore accentuée par l’épidémie de Covid-19, naît l’idée pour Yara de se tourner vers le commerce. Comme une vocation nouvelle. Alors qu’elle travaille à Differdange, l’opportunité d’ouvrir un premier pop-up se présente. Elle la saisit. Au bout de l’échéance, forte de cette première expérience pertinente, elle se met alors à la recherche d’un nouvel établissement éphémère.

Son fils l’aide à rédiger des dizaines de courriers qui partent dans tout le Grand-Duché. Claude Leners, City Manager de Dudelange est le premier à lui répondre et à lui proposer un bail, avenue de la Grande-Duchesse Charlotte. Yara y installe ses créations et son univers.

Depuis cette aide initiale, la commerçante souligne l’accompagnement permanent de la Ville de Dudelange et de ses services, « toujours prompts à répondre à la moindre de ses interrogations ou problématiques ».

Ce soutien fondamental à un équilibre commercial difficile, jamais assuré et l’accueil chaleureux des habitants la poussent ensuite à ouvrir son propre magasin, à quelques pas.

Le magasin propose des produits faits main accompagnés par un service de retouches ; des tableaux nés de son savoir-faire de couturière, des bijoux, de nombreuses idées cadeaux originales et l’emblème du magasin, le coussin, coloré et unique. La créatrice tend la main vers une pièce terminée adaptée de la photo de famille d’un client. Ses coussins totalement personnalisés reflètent selon elle « le désir du consommateur local d’offrir un cadeau qui a une signification et qui marque une véritable attention ».

Un supplément d’âme qui traverse ce petit shop et l’ensemble de ses compositions.

Création artisanale de coussins par Yara Kassouha
Création artisanale de coussins par Yara Kassouha - Fanny Krackenberger

Aujourd’hui de nationalité luxembourgeoise, sa plus grande réussite n’est pourtant pas son propre itinéraire mais bien celui de ses enfants et surtout de leurs études abouties, respectivement en pharmacie et science politique.

Il n’est donc pas étonnant qu’elle considère avec le recul que la condition et l’émancipation des femmes passent avant tout par « leur éducation et par l’accomplissement de solides études », plus que par une notoriété rapide sur les réseaux sociaux.

Pour finir par son avenir, Madame Kassouha vante les mérites de Dudelange où elle se sent particulièrement bien : « une ville dynamique où il y a toujours quelque chose à faire, toujours des activités, même pendant les vacances ». Certains clients sont devenus ses amis et elle souhaite désormais y demeurer.

Par Sébastien Michel
Photos : Fanny Krackenberger


YARA ART - Infos utiles

📍 71, Avenue Grande-Duchesse Charlotte L-3340 Dudelange
📧 kassouhayara@gmail.com
➡️ Suivre les réalisations de Yara Kassouha sur Facebook

« Notre collectif passe avant les intérêts personnels »
« Notre collectif passe avant les intérêts personnels »

Chez IMS, pas de souci d’ego, ni de comportement déplacé. Grâce à un management à plat, chaque membre trouve sa place naturellement dans l’organisation et dans les différents projets.

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En poste depuis 10 ans, Nancy Thomas, la directrice d’IMS, a pu constater une évolution positive de la place de la femme au Luxembourg. Du point de vue personnel, tout semble également au beau fixe pour cette éternelle optimiste.

« Je pense que j’ai toujours été connue et portée pour ce que je fais. Je n’ai jamais senti de discrimination. Mon travail et mes actions ont toujours été valorisés. Quand j’ai démarré il y a plus de dix ans, nous étions trois et nous étions tous au même niveau. Aujourd’hui, j’essaie toujours d’appliquer cette philosophie avec un management très plat, il n’y a pas de problème d’ego ou de genre, car tout le monde est sur un pied d’égalité. »

La parité est présente dans de nombreuses conversations. Est-ce un souci chez IMS ? « Non, car il y en a une dans notre conseil d’administration. Et les membres sont alignés sur les mêmes valeurs. Personne n’est là pour défendre ses intérêts personnels, mais pour porter les projets d’IMS. Notre cadre de travail est ultra-favorable à un bel épanouissement. Le management ne comporte pas de hiérarchie, chacun et chacune est libre et autonome dans ses prises de décisions. En ce qui concerne les relations dans l’équipe, elles sont également positives et ne rencontrent aucun comportement déplacé. Actuellement l’équipe est composée de 22 femmes et 1 homme. »

Une force quand on est promoteur de la charte de la diversité ? « Comme l’équipe est majoritairement composée de femmes, certaines personnes peuvent avoir des a priori sur ses membres et ses valeurs. Nous promouvons une égalité entre les hommes et les femmes. Chacun a sa propre liberté de pensée, que cela soit une femme ou un homme. Maintenant, il est clair que lors de certains rendez-vous, nous pouvons être confrontées à des remarques ou à des comportements déplacés. C’est évidemment difficile de savoir comment réagir, surtout si c’est quelqu’un du top management d’une grande entreprise. Nous savons que parfois cela peut être involontaire de prononcer certaines phrases qui ne sont pas perçues comme pouvant être un comportement gênant ou discriminant. Et c’est là que notre rôle est important car nous pouvons les sensibiliser à l’impact de ces propos sur certaines personnes. Mais encore une fois, il faut peser ses mots car on ne peut pas arrêter une conversation comme ça. Nous mettons d’ailleurs sur le site de la Charte, des outils à disposition pour savoir comment réagir dans ce genre de situation. »

Une pression particulière quand on est directrice ? « Non, pas du tout. Les activités et les sujets sur lesquels on travaille sont vraiment très appréciés. Les entreprises et les dirigeants, qui sont plutôt des hommes, sont très demandeurs. Nous avons beaucoup d’interactions, notamment via notre club dédié à la fonction de CEO où les femmes et les hommes partagent de belles valeurs sans s’arrêter au genre. Maintenant, si dans notre sphère tout se passe bien, je tiens tout de même à rappeler aux personnes qui font face à un comportement déviant ou discriminatoire qu’il faut en parler, ne pas rester seul face à la situation, porter plainte si besoin. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photo : ©Fanny Krackenberger

« Je porte des valeurs hautes en couleur »
« Je porte des valeurs hautes en couleur »

Béatrice Mange, CEO de Color Wellness, est passionnée par les harmonies chromatiques et leurs bienfaits dans notre quotidien. Elle partage son regard de femme sur le chemin parcouru tout au long de ces quatre dernières années.

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N’était-ce pas un pari un peu fou de créer Color Wellness, promouvoir la couleur et ses valeurs émotionnelles dans un monde où l’architecture et la conception environnementale sont de plus en plus techniques et digitalisées ?

Ma passion pour ce métier a vaincu les difficultés de démarrage, début 2020, marqué par la crise sanitaire puis la lente reprise des activités. Mes clients, majoritairement architectes, interpellés par ma passion de la couleur ont été séduits par mon discours sur le bien-être procuré par les harmonies chromatiques.

J’ai transmis, pas à pas, mon expertise tout en appliquant des valeurs féminines et une méthodologie personnelle : ma position en tant que femme ayant une expérience professionnelle solide de direction dans un milieu industriel international (ex-vice-présidente Design), m’a aidée à faire valoir les valeurs que je porte « hautes en couleur » et pour lesquelles je lutte ardemment.

Je veille à employer une pédagogie basée sur le respect de l’autre, l’écoute et l’échange.

Être une femme dans ce parcours, m’a aidé à prendre du recul, à avancer prudemment, à faire passer des messages en évitant de remettre en question de façon radicale les convictions parfois un peu « dépassées » de mes interlocuteurs sur la couleur.

Convaincre les acteurs du bâti à faire entrer du bien-être par la couleur, dès l’amont, dans leurs projets n’est pas « un long fleuve tranquille » !

Convaincre, c’est apporter des preuves concrètes pour rassurer son client et le mettre en confiance.

Convaincre, c’est respecter le choix du client, ses doutes, lui apporter des réponses simples, sans jamais montrer ma supériorité en matière de savoir scientifique ou expérimental.

Convaincre, c’est accepter, parfois, l’égo du client tout en le faisant évoluer vers une autre approche, avec des arguments solides et efficaces, dans la douceur et la persuasion.

C’est ainsi que, munie de l’agrément de l’État pour la formation professionnelle continue, je crée plusieurs modules de formation couleur à destination du Luxembourg puis de l’Europe.

Tout cela n’aurait pu se faire sans l’accompagnement bienveillant d’organismes qui ont cru en moi, pour communiquer ou développer Color Wellness, comme Infogreen, l’INFPC etc...

Mes sessions de formation en architecture démontrent que la couleur, grâce à son rôle fonctionnel et émotionnel, a définitivement pris sa place dans notre confort de vie.

Le pari lancé il y a 4 ans est devenu possible à relever : convaincre les architectes d’associer la couleur à l’espace de vie, pour le bien-être de l’utilisateur dans différents secteurs (habitat privé, éducation, santé, bureau…) est devenu naturellement possible !

Ce challenge est à la hauteur de mes ambitions ! Car de l’ambition, il en faut ! N’ayons pas peur, nous les femmes d’aujourd’hui, d’afficher haut et fort nos aspirations professionnelles, nos convictions personnelles sans jamais dévier de notre route ! C’est la clef du succès !

Béatrice Mange, fondatrice de Color Wellness

Vers une nouvelle ère de l'entreprise
Vers une nouvelle ère de l’entreprise

Dans le monde du travail, l’égalité des chances, la diversité et l’inclusion sont des piliers essentiels pour le succès et la pérennité des entreprises. Indépendamment de leur sexe ou origine, tout le monde a une voix et doit pouvoir s’exprimer. Des principes qui tiennent particulièrement à cœur à Christine Theodorovics, CEO de Baloise à Luxembourg

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La diversité, un atout pour tous

Christine Theodorovics
Christine Theodorovics - CEO Baloise Luxembourg

« Chez Baloise, je m’engage à créer un environnement de travail où chacun se sent respecté et n’a pas peur de s’exprimer. On a tous à y gagner à être inclusif, nous avons d’ailleurs plus de 25 nationalités chez Baloise à Luxembourg. C’est positif pour le collaborateur bien sûr parce que la diversité lui permet des échanges riches et dynamiques, pour le client parce qu’il peut se retrouver dans chacun de nos collaborateurs, et pour l’actionnaire pour finir, parce que la collaboration et l’harmonie sont source de productivité et de performance ! » explique Christine Theodorovics.

Oser faire sa place

Malgré les progrès accomplis, les femmes continuent de faire face à des obstacles dans leur ascension professionnelle, notamment dans l’accès aux postes de leadership.

Il y a d’ailleurs un manque de modèle féminin dans certains secteurs - l’assurance et la finance sont encore très souvent considérées comme des mondes d’hommes avec peu de femmes au niveau des comités exécutifs.

« C’est vrai il y a toujours plus d’hommes dans les fonctions de top leadership mais c’est en train d’évoluer. Je constate d’ailleurs que lorsque des femmes occupent ce type de positions, cela en encourage d’autres à postuler, ce qui est positif. Néanmoins, pour ma part, je ne suis ni pro-femmes ni pro-hommes mais pour l’égalité des chances. Je suis pour une méritocratie équitable. Je pense que chacun doit pouvoir progresser sur base de compétences et de performances parce ce qu’au final, c’est tout ce qui compte » ajoute Christine Theodorovics.

Laurence Fransen
Laurence Fransen - Director, Head of Human Resources & General Services

L’égalité des chances et l’inclusion : l’essence même du secteur

En adoptant ces principes, en plus de stimuler l’innovation et la performance, les entreprises améliorent leur image mais aussi leur attractivité. « L’assurance est un univers très intéressant et polyvalent. Premièrement, nous avons une vraie raison d’être et un rôle sociétal. Nous accompagnons nos clients dans toutes les étapes importantes de leur vie, bonnes et mauvaises. Nous les aidons à se remettre de pertes importantes, à se protéger contre les risques futurs, à préserver leur patrimoine. Deuxièmement, l’assurance offre une gamme étendue de métiers, on ne s’ennuie pas et on apprend tout le temps. Troisièmement, on évolue dans un secteur à la pointe de l’adoption de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, l’analyse de données. Et dans tout cela, ce qui fera vraiment la différence, c’est la culture d’entreprise : une culture ouverte, saine, respectueuse, basée sur la communication et la collaboration » conclut Christine Theodorovics.

Texte et photos de Baloise Luxembourg
Photo de groupe : de gauche à droite et de haut en bas : Nora Toutaoui, Carmen Welter, Sophie Kornek, Lucia Masi, Nathalie Vieni, Anne-Laure Pfeiffer, Sandra Bento, Elenore Bertoncini

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« Entreprendre, c'est avant tout une aventure humaine »
« Entreprendre, c’est avant tout une aventure humaine »

Créative, curieuse, spontanée, intuitive, pro-active avec une grande soif d’apprendre et d’entreprendre, je mets mes passions comme moteur au service du changement. Je parcours le « monde » à pied, en autonomie complète. Ce sont à la fois des voyages d’introspection, mais également d’échange, de bienveillance, de solidarité.

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Nous sommes « acteurs » et « spectateurs » du monde qui nous entoure, confronté à la place de l’homme dans son habitat, dans toute sa complexité et de constater notre déconnexion profonde à notre environnement.

Dans notre société européenne essentiellement patriarcale, je pense que notre défi d’aujourd’hui est justement de repenser ces normes sociales, de les agrandir, de les élargir pour s’inscrire dans un futur résilient et durable. Tout un chacun, nous avons un potentiel créatif en nous quel que soit notre âge ou notre sexe. Entreprendre, c’est avant tout une aventure humaine, un parcours parsemé d’embûches et de paysages merveilleux épicés de belles rencontres, de belles découvertes. Mais c’est aussi faire face à une série de facteurs imprévus, sur lesquels nous n’avons aucune prise et qui nous demande de rester agile, voire même de se réinventer.

Les désordres générés par nos activités humaines ont des effets négatifs multiples (ressources, air, climat, énergie, biodiversité, sociétal…). Ils nous motivent à repenser notre rapport au monde, aux autres et notre vision d’entreprendre par le choix d’un modèle de développement qui partage la même vision que celle de l’économie du développement durable.

Une des clefs de la réussite reste pour moi, la « communication », mais avant toute chose une bonne compréhension de son environnement, afin de créer « un lien », un langage commun entre tous les acteurs. Sans cela la meilleure des idées, des projets, peut ne pas éclore. Je pense que ces deux derniers aspects sont les plus dur à matérialiser, se réinventer tout en sachant embarquer son équipe avec soi et porter le changement ensemble !

De toutes ces énergies et réflexions est né très naturellement Sensbox SIS en 2022. Nous accompagnons la transformation des territoires et des villes en matière de développement durable et de l’adaptation au climat. Notre mission consiste à aider les entreprises, les organisations publiques ou privées, à réduire l’impact environnemental et à intégrer une vision holistique dans chaque développement de projet. Notre volonté est de cocréer les territoires et communautés durables avec toutes les parties prenantes ainsi que de faciliter la transition sociétale par la sensibilisation et la formation. Contribuer ainsi à l’accomplissement des objectifs de développement durable de l’Agenda 2030, en reconnectant l’Homme à son environnement.

Ensemble, construisons le futur !

Soïli Mathieu
Photos : ©Sensbox SIS

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