Comment penser et construire la ville et les bâtiments de demain ?
Le point d’entrée des réflexions sur les villes et bâtiments de demain est l’utilisateur. Et l’usage est le nerf de la guerre, mais l’usage par qui ? Nos générations diffèrent de celles de nos enfants des points de vue de la facilité d’accès aux technologies et de l’acceptation du changement. Nos enfants n’ont pas besoin d’accepter un changement puisqu’ils le vivent. Pourtant, c’est nous qui sommes à la barre et devons casser certains codes pour les suivants.
L’avenir, ce n’est pas la technologie poussée à l’extrême, mais plutôt la technologie intelligente, au bon endroit, bien dosée et utile. Tout le challenge est de savoir si telle technologie est la bonne réponse à apporter dans une situation donnée. Pour le comprendre, il faut l’expérimenter et se diriger rapidement vers le prototypage pour avoir du feedback et éviter des développements trop longs. Non que la recherche et le développement soient inutiles ; ils sont au contraire indispensables et le soutien à l’innovation est primordial, mais ils doivent être orientés vers l’applicatif. Il est parfois nécessaire de prototyper plusieurs fois à quelques années d’intervalle parce que l’évolution technologique peut entre-temps avoir aboli certains freins d’usage. C’est le cas du BIM ou de la 5G qui ouvre des perspectives encore impensables il y a encore 5 ans dans le domaine des objets connectés. C’est le prototypage qui met au jour des contraintes jusqu’alors inconnues et permet aux chercheurs de trouver des solutions pour y faire face, dans une logique d’apprentissage progressif.
En tant que pôle d’innovation technologique du secteur de la construction durable au Luxembourg, Neobuild est le trait d’union entre l’homme de métier qui a une idée d’innovation durable à mettre en œuvre ou un problème à résoudre et l’industriel qui lui permettra de le faire. Neobuild traduit les besoins du premier en une solution définie, l’accompagne dans la recherche de partenaires opérationnels, de subsides éventuels et d’investisseurs motivés, concentrés sur le résultat final, qui l’aideront à concrétiser son projet. Il met également à sa disposition son Living Lab’, composé d’une partie bâtiment et d’une partie chantier, pour qu’il puisse tester sa solution dans des conditions réelles d’utilisation et pendant un laps de temps suffisamment probant, en l’occurrence plusieurs semaines.
Parmi les solutions à l’épreuve chez Neobuild figure, par exemple, l’usage des objets connectés sur les chantiers. Ils sont analysés depuis deux ans déjà, l’objectif étant de déterminer l’apport qu’ils peuvent avoir dans les processus de construction, notamment pour la gestion des banches de coffrage. Le système à l’étude est employé par les stagiaires de l’Institut de Formation Sectorielle du Bâtiment (IFSB), sur le chantier commun de Neobuild et de l’IFSB, dans le cadre du volet pratique de leur apprentissage au centre de formation. Il s’agit d’une plateforme qui permettrait aux entreprises de visualiser quel matériel est utilisé, à quelle fréquence et à quel endroit, afin d’éviter tout gaspillage aussi bien de temps que d’argent.
Sont aussi testés l’intégration de panneaux sous vide dans des éléments préfabriqués ou l’emploi d’aérogel pour l’isolation, mais aussi la mise en œuvre de blocs constructifs conçus à base de matériaux biosourcés, donc issus de ressources renouvelables, car la ville de demain n’est pas seulement technologique, elle est aussi circulaire.
Smart building, biosourcing, efficacité énergétique, bâtiment sain et industrialisation sont les cinq axes majeurs sur lesquels Neobuild travaille. La finalité de l’industrialisation est de faire plus avec moins. Comment ? En utilisant les compétences en plus grandes proportions grâce à la préfabrication d’éléments en atelier qui sont ensuite livrés sur site. S’il ne devait pas perdre une grande partie de son temps à transporter et à manutentionner son matériel, un chauffagiste, par exemple, pourrait installer trois chaudières au lieu d’une en une journée. Nos villes vont se densifier et nous devons nous inspirer des grandes métropoles qui ont déjà implémenté ces techniques, à cette différence près qu’elles l’ont fait dans l’urgence, dans l’absolue nécessité, alors que nous avons le temps d’y réfléchir pour atteindre des réalisations encore plus vertueuses et efficientes.
Dans cet esprit, Neobuild poursuit le projet Interreg E = 0, basé sur la méthodologie EnergieSprong qui vise l’assainissement énergétique massif de logements sociaux en apposant sur le bâti existant des éléments de toiture et de façade préfabriqués. Il y joue le rôle de facilitateur dans le but de conscientiser et de mettre en pratique un écosystème vertueux avec les acteurs concernés.
Le Luxembourg, de par sa petite taille, a pour plus-value de pouvoir se positionner comme un Living Lab’, à l’échelle du pays. Les technologies prototypées chez Neobuild peuvent être facilement déployées à l’échelle nationale pour l’être ensuite dans de plus grands pays et ce, d’autant plus qu’un autre atout du Luxembourg est sa multiculturalité, tant au niveau des utilisateurs que des normes.
Francis Schwall, directeur de Neobuild, pôle d’innovation technologique du secteur de la construction durable
Article tiré du NEOMAG#27
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