Électromobilité et ville font-elles bon ménage ?
C’est un fait, l’électromobilité est en marche comme le prouvent les immatriculations en 2020 avec près de 20% de part de marché pour les voitures électrifiées (hybrides et électriques). Ce phénomène résulte de l’effet des primes gouvernementales en vigueur au Luxembourg pour les voitures hybrides Plug-In et 100% électriques, mais aussi des normes d’émissions de CO2 imposées aux constructeurs automobiles par la Commission européenne. Cette tendance, qui profite aussi à la réduction de la pollution en ville (ndlr, en plus de réduire le CO2, les voitures électrifiées émettent beaucoup moins – voire pas du tout - de gaz polluants comme les NOx, HC et PM), pose pourtant la question de leur recharge aussi bien à domicile que sur la voie publique.
En effet, l’environnement urbain n’est pas des plus propices à la recharge à domicile puisque, dans le cas des maisons individuelles, nombreuses ne disposent pas de garage privé pour pouvoir y installer une borne de recharge. Une situation qui se rencontre davantage encore dans le cas d’immeubles à appartements dépourvus de parking ou dont ces derniers ne sont pas équipés en conséquence, sans compter le manque de puissance disponible dans de nombreux quartiers.
De plus, comme la recharge des batteries demande plusieurs heures, il ne faut pas compter sur les bornes publiques Chargy qui risquent d’être prises d’assaut dès lors que le nombre de voitures électriques sera conséquent. Les politiques rétorqueront que c’est la raison de la mise en place des futures bornes rapides SuperChargy permettant une recharge en moins d’une heure. Oui mais… cette solution n’en est pas vraiment une pour les utilisateurs ne disposant pas de borne privée pour plusieurs raisons : d’une part le nombre de bornes SuperChargy prévu est de 88 pour tout le pays, ce qui sera nettement insuffisant pour satisfaire la demande, d’autre part le tarif annoncé est de 0,35 euro par kWh, soit près du double de celui pratiqué en résidence privée, ce qui met le « plein électrique » au niveau de celui d’un véhicule thermique. C’est bien là le paradoxe de la voiture électrique particulièrement vertueuse en milieu urbain et périurbain mais dont la recharge pose problème dans son environnement de prédilection.
Alors que faire ? À l’Automobile Club du Luxembourg (ACL), nous sommes persuadés des bienfaits du véhicule électrifié dès lors que les conditions pour sa bonne utilisation sont réunies pour le rendre efficace, pratique et avantageux. C’est pourquoi nous avons lancé ElectroLease, une solution de leasing de voitures électriques, pour favoriser l’électromobilité des particuliers avec une formule tout inclus. Néanmoins et contrairement aux messages souvent véhiculés par les pouvoirs politiques, nous ne pensons pas que la voiture électrique constitue pour l’instant la réponse universelle aux besoins et contraintes multiples et variés de la globalité de la population. C’est pour cette raison qu’à l’ACL nous sommes persuadés que la réponse à la question du choix de la motorisation est multiple et doit être adaptée au profil de l’utilisateur. En résumé, oui le véhicule électrique est presque parfait pour celui disposant d’une possibilité de le recharger à domicile, mais dans le cas contraire un véhicule thermique moderne, voire un hybride auto-rechargeable, sera la réponse la plus adaptée et réaliste.
Ing. Antonio da Palma Ferramacho Head of Mobility Technologies - ACL
Article tiré du dossier du mois « Énergie, ville : soyons énergiphiles ! »