Espaces publics repensés pour une Ville-Haute moderne à Wiltz

Espaces publics repensés pour une Ville-Haute moderne à Wiltz

Pour accompagner les projets de développement urbain Haargarten, Op Heidert et Wunne mat der Wooltz, le centre historique de Wiltz, situé sur sa partie haute, sera remanié dans les années à venir pour offrir aux usagers un cadre de vie et de travail agréable, verdoyant, fonctionnel et inclusif.

Un processus de participation citoyenne

Les espaces publics de la Ville-Haute de Wiltz constituent un réseau cohérent et la commune veut s’assurer que leur développement se fasse en accord avec les objectifs et les besoins de l’ensemble des parties prenantes. L’objectif étant de créer un environnement de haute qualité composé d’un mobilier urbain moderne, de fontaines, d’une végétation indigène abondante et d’une zone pensée selon les principes du shared space, afin de susciter un sentiment de bien-être chez les usagers et de leur donner envie de profiter de la ville.

Pour atteindre l’acceptation et l’appropriation des nouveaux espaces par des différents types d’utilisateurs, la commune a lancé un processus de participation citoyenne pour la conception du plan directeur pour l’aménagement futur des différents espaces publics dans la Ville-Haute. Il s’est déroulé entre septembre 2022 et septembre 2023 et a impliqué des représentants du commerce et de l’HoReCa, des responsables politiques, des membres du personnel de la commune, ainsi que des habitants âgés de 35 à 65 ans et des jeunes du lycée du Nord. « Les jeunes ne sont généralement pas très enclins à participer aux réunions publiques. Nous avons pu compter sur le soutien du Jugendbureau Éislek, dont la vocation est d’aider les adolescents à s’impliquer dans la vie de leur commune et de leur région, qui a rencontré les jeunes au lycée pour les inciter à exprimer leurs désirs et leurs volontés pour l’espace public de demain », indique Bob Wetzel, City Manager.

« Les quinze lignes directrices qui ont été déterminées dans le cadre de ce processus constituent une base solide pour établir des briefings clairs à l’attention des bureaux d’études et d’urbanisme qui travaillent sur le projet. Pour vous donner des exemples : une des lignes directrices préconise que l‘espace public devrait être plus proche de la nature ; une autre propose l’intégration de l’art pour enrichir et valoriser l’espace public. Respecter ces quinze lignes directrices sera un véritable défi. À certains endroits, ce sera possible et à d’autres peut-être pas, mais c’est là tout l’intérêt d’avoir un plan directeur : si nous ne sommes pas en mesure de respecter une ligne directrice, au moins nous pourrons expliquer aux citoyens pourquoi », poursuit Bob Wetzel.

Un espace partagé

Un des éléments phares de ce vaste projet de réhabilitation est la création d’un shared space. Ce concept, qui a été popularisé par l’ingénieur néerlandais Hans Monderman dans les années 1990 et a depuis été adopté dans de nombreuses villes à travers le monde, désigne une approche de l’aménagement urbain où les distinctions entre les différents usagers de la rue - piétons, cyclistes, automobilistes, etc. - sont minimisées voire supprimées, ce qui incite chacun à négocier son passage de manière informelle et à faire preuve de prudence. La chaussée s’étendra ainsi d’un côté à l’autre de la rue, de l’hôtel de ville au château, sans trottoir.

« Ce type d’aménagement permet d’augmenter considérablement la sécurité, la convivialité et la qualité de séjour dans les différents espaces et de rééquilibrer la place qu’on accorde aux différents usagers dans l’espace public. Le shared space nous permettra de disposer d’un espace beaucoup plus ouvert, où tous les utilisateurs seront à égalité et où personne n’aura de priorité sur personne. Il engendrera aussi un apaisement de la circulation. Nous aurons, par exemple, la possibilité de fermer la rue pendant l’heure de midi pour que les gens assis sur les terrasses puissent apprécier tranquillement leur déjeuner.

Cela rendra les espaces publics plus attractifs et procurera une qualité de séjour vraiment différente. L’objectif est d’augmenter ainsi la fréquence et la durée des visites dans la ville et, par conséquent, d’aider les commerces existants à se développer et de favoriser l’implantation de nouveaux acteurs économiques.

De plus, en apportant davantage de végétaux - donc d’ombre et de fraîcheur - sur le site, nous nous préparerons aux conséquences du changement climatique », explique le City Manager.

La conception est inclusive : « Tous les lieux seront naturellement accessibles aux personnes à mobilité réduite, comme le prévoit la loi qui impose de rendre tous les lieux publics accessibles d’ici 2032 », souligne Chantal Kauffmann, échevine.

L’intégration des principes de l’économie circulaire

Depuis 2015, la commune de Wiltz est précurseure au Luxembourg dans le domaine de l’économie circulaire. Elle s’engage ainsi en faveur d’une meilleure utilisation des ressources limitées de notre planète et a depuis lancé de nombreux projets pilotes. Sans surprise, l’économie circulaire a également été un guide essentiel pour la première étape de réaménagement des espaces publics : la rénovation de la place communale, à côté de l’hôtel de ville.

« Dans ce projet, ces valeurs se traduisent, par exemple, par le choix d’un éclairage qui ne produit pas de pollution lumineuse, mais aussi dans la sélection d’un mobilier urbain en bois, entièrement réutilisable », explique-t-elle. La nature y aura plus de place pour conforter la biodiversité et créer un microclimat agréable pour les utilisateurs. Afin d’éviter la surchauffe de la place en été, le nouveau revêtement du sol sera en pavés de couleur claire. L’utilisation de bois local et la réutilisation des anciennes dalles de sol pour d’autres projets sont également à l’étude.

Wiltz, capitale des Ardennes luxembourgeoises

La volonté politique qui motive ce projet est double : il s’agit à la fois de redonner ses lettres de noblesse à Wiltz, en tant que capitale historique des Ardennes luxembourgeoises, et de redynamiser cette partie importante de la ville autour des deux bâtiments emblématiques que sont le château et l’hôtel de ville.


« Sur le plan économique, Wiltz a beaucoup souffert au cours des 30 dernières années pour différentes raisons. Si nous voulons lui créer un avenir plus prometteur, il faut investir maintenant. Pour relocaliser le commerce et les activités économiques dans le centre-ville, nous devons augmenter la qualité des espaces publics et la qualité de séjour pour inciter les gens à passer plus de temps dans la ville et à profiter de l’économie locale. »

Bob Wetzel, city manager

Le projet répond également à la nécessité de préparer tous les quartiers de la ville à un nombre accru de visiteurs réguliers ou occasionnels à l’horizon 2035. « Une récente étude a mis en évidence un besoin de plus ou moins 1.500 emplois locaux supplémentaires dans les années à venir et un développement important des flux liés au tourisme national et international. On prévoit également un accroissement substantiel de la population, qui va passer de 8.200 habitants actuellement à 12.000 habitants à l’horizon 2035 avec le développement des quartiers Haargarten, Op Heidert et Wunne mat der Wooltz. Il est très important que les habitants actuels et ces nouveaux habitants soient accueillis dans une commune ou ils peuvent bien vivre, travailler et s’épanouir », précise l’échevine.

Les habitants et visiteurs de la ville peuvent espérer découvrir le nouveau visage du centre-ville à l’horizon 2030. C’est, en tout cas, l’objectif que s’est fixé l’équipe communale. Les travaux commenceront au mois d’octobre par la place communale, où ils devraient durer jusque fin 2025, début 2026. Ensuite, ce sera au tour des rues et places voisines.

Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#65

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Publié le mardi 22 octobre 2024
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