« Imaginer le projet comme si on allait y vivre »
Pour Céline Depiesse, le marché doit s’orienter sur une logique irréversible de sobriété. La qualité des logements au Luxembourg passe notamment par la certification LENOZ.
Construire durable = CODUR. « Nous faisons ça depuis 20 ans. C’est une évidence pour nous. Pourtant, la promotion immobilière n’a pas pour première vocation de penser autrement que par les logiques de marché, de rentabilité, sachant que le promoteur n’est pas l’utilisateur final et que chaque maillon de la chaine de valeurs doit vivre avec ses marges », observe Céline Depiesse, directrice de CODUR. « Chez nous, c’est naturel, et ce n’est pas évident tout le temps, surtout lorsque le marché est tendu comme il l’est pour l’instant. Néanmoins, le développement durable est un fondement en soi chez CODUR. Nous mettons nos compétences au service de nos convictions. Au final, nous tenons à fournir un habitat sain et respectueux de l’environnement, et ce durablement. C’est simple : chez nous, on ne peut pas concevoir un projet et le développer sans imaginer que l’on pourrait y vivre et s’y sentir bien ».
CODUR, en tant que promoteur et maître d’ouvrage, a fait de la certification environnementale LENOZ (créée à l’initiative du ministère du Logement, elle détaille les thèmes de la construction durable et peut s’appliquer à tous les bâtiments neufs ou existants) une base solide. Mais l’entreprise va plus loin et n’a pas attendu cette norme. CODUR a développé sa propre charte environnementale qui lui sert de guide pour l’ensemble de ses projets. Pour Céline Depiesse, « cela permet de veiller à chaque étape du développement d’un projet : du choix de l’emplacement du terrain à celui de l’architecte et des matériaux. Cela nous semble essentiel pour « assurer le plus grand respect de l’environnement et de chacun ».
Être et rester une entreprise guidée par sa philosophie semble une évidence pour Céline Depiesse. « Nous vendons quand même un produit et il faut équilibrer tous les critères, pour optimiser les moyens, limiter l’utilisation des ressources et agir sur les coûts. L’équation est complexe, mais c’est faisable si on explique les enjeux. Le marché luxembourgeois est petit et peu souple. On parle de transformation des entreprises, notamment dans le cadre de la transition, qui n’est pas qu’écologique ou énergétique, mais également économique et, je dirais même, éthique. Cette transition ne peut attendre. Elle doit avoir lieu maintenant. On parle de préserver les générations futures. Certes, mais on ne peut pas transférer cette charge à la génération suivante. On a déjà bien du retard à rattraper, pour assumer, ce qui nous a été transmis par le système avant nous… et que beaucoup ont perpétué et souvent aggravé ! »
Agir sur toute la chaine de valeur, quitte à bousculer les codes
Alors, quand CODUR conçoit un projet, c’est en souhaitant agir sur toute la chaine de valeur : en trouvant les bons partenaires, en réfléchissant à 360° sur des principes fondamentaux, comme l’augmentation de la durée de vie des bâtiments, en tenant compte des changements d’affectation, de la modification circulaire… « Le modèle durable n’est pas toujours simple à mettre en place. Mais le contexte évolue avec de nouvelles visions de l’aménagement du territoire, de l’occupation des sols, des matériaux durables et régionaux, des techniques d’énergies renouvelables, des incitants fiscaux et des obligations légales qui accompagnent ce cortège en mouvement. »
Et il est parfois nécessaire de bousculer les codes. Par exemple, pour trouver les partenaires partageant sa philosophie, CODUR s’est associé à Nouma pour développer une offre de référence en matière d’habitat écologique et participatif pour personnes seniors à Lorentzweiler. Cette « villa », lieu de vie en communauté pensé dans les moindres détails pour le bien-être des occupants et le vivre-ensemble, a aussi une portée symbolique : construite en bois, y compris la façade, dotée de toutes les techniques énergétiques, architecturales, esthétiques et environnementales pour le respect des générations futures. Elle sera occupée au quotidien par des seniors actifs qui valident et assument ce choix de vie, dès aujourd’hui.
Dans cette série de choix avec l’humain au cœur des projets Céline Depiesse avoue avoir un faible pour un projet plus que symbolique dans le centre d’Esch/Alzette. « C’est un ancien cabaret de strip-tease. Nous n’avons pas d’autre choix que de le détruire. Nous sommes en train de concevoir à la place une résidence destinée à priori à des étudiants et à des jeunes qui préparent l’avenir et créeront les métiers de demain. Ce sera un lieu de vie, d’habitation, de communauté active… et nous prévoyons une belle fresque artistique en façade. Un clin d’œil au passé des lieux, mais avec l’engagement au présent pour le futur ».
Réalisé pour CODUR, partenaire Infogreen
Extrait du dossier du mois « Bâtir d’autres modèles »