« Ma philosophie est fondée sur trois principes : la conscience, l’amour et le respect. Il faut prendre conscience de son impact sur son environnement, en ayant de l’amour et du respect pour tout ce qui le compose. »
La Terre nourricière n’est pas qu’un concept poétique : c’est une promesse vitale. Au Luxembourg, elle prend racine dans les actions citoyennes et les politiques publiques engagées pour bâtir une société plus durable, au-delà des enjeux agricoles.
Article
Partager l'article sur
Ce 22 avril marque la Journée internationale de la Terre nourricière. Selon l’ONU, « il s’agit d’une expression forte, utilisée dans de nombreuses cultures pour désigner notre planète comme une entité vivante, généreuse mais vulnérable. » L’organisation rappelle que les liens entre humains, espèces vivantes et écosystèmes sont profonds, essentiels et aujourd’hui gravement menacés.
Le Luxembourg, avec son territoire limité mais ses ambitions vertes affirmées, cherche à conjuguer souveraineté alimentaire, transition énergétique et préservation de la biodiversité. Dans un monde traversé par des crises climatiques, géopolitiques et environnementales, remettre la Terre au cœur du projet de société devient impératif. Non seulement pour mieux produire, mais aussi pour repenser nos équilibres.
La transition ne concerne pas que l’énergie. Elle touche notre rapport au vivant, à la consommation, aux ressources. De plus en plus de citoyens souhaitent comprendre les impacts de leurs choix, réduire leur empreinte carbone et contribuer à un modèle plus respectueux de la nature. Cette prise de conscience collective passe par des initiatives locales, mais appelle une vision globale.
Restaurer les écosystèmes, repenser nos modèles
Avec ses politiques de soutien à l’agroforesterie, aux circuits courts ou encore à la rénovation énergétique, le Luxembourg se positionne comme un acteur engagé de la durabilité. Mais ces efforts n’ont de sens que s’ils participent à la restauration d’écosystèmes fragilisés par des décennies de bétonisation, d’intensification et de surexploitation.
Des projets citoyens se multiplient, recréant des liens entre société et territoires. Certains intègrent des publics en marge, donnant au développement durable une dimension inclusive. Ces dynamiques locales, si elles sont soutenues, peuvent contribuer à enrayer l’érosion de la biodiversité et à renforcer la résilience face aux dérèglements climatiques.
Crises imbriquées, réponses systémiques
Le progrès ne peut plus ignorer la nature. L’agrivoltaïsme, par exemple, montre comment produire de l’énergie tout en préservant les sols. Cette complémentarité entre technologies et environnement dessine un modèle capable d’affronter les défis climatiques, énergétiques et écologiques.
La déforestation, l’appauvrissement des sols, la raréfaction de l’eau et la disparition des pollinisateurs ne sont pas des phénomènes isolés. Ils participent d’un dérèglement global qu’il est urgent de ralentir, voire d’inverser. Restaurer la Terre, c’est restaurer notre avenir commun.
« La terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants. »
Pierre Rabhi
Redonner toute sa valeur à la Terre nourricière, c’est reconnaître qu’elle n’est pas un simple outil de production, mais un bien commun… une Terre en commun. Au Luxembourg, ce changement de regard est amorcé. La question est désormais : comment aller plus loin, ensemble ?
Sébastien Yernaux
Julie Schadeck : « Nous devons retrouver un lien avec la nature »
Et si la clé du respect de l’environnement résidait tout simplement dans le lien que nous entretenons avec lui ? Julie Schadeck, à la tête d’UNature, invite chacun à renouer, de manière concrète et sensible, avec le monde naturel — un message au cœur d’un grand événement prévu en mai à LuxExpo.
Article
Partager l'article sur
Lancée au Canada en 2014, l’Université dans la Nature – UNature au Luxembourg – a été importée au Luxembourg en 2021 par Raymond Schadeck.
Sa fille Julie, qui pilote l’antenne luxembourgeoise, revient sur les éléments qui ont convaincu son père de faire connaître le concept dans nos régions : « L’approche d’UNature consiste à faire comprendre aux gens à quel point la nature est importante pour leur santé et leur bien-être. » Au lieu de dire ce qu’on doit faire et ce qu’on ne peut pas faire, à coups de lois et de réglementations, UNature cherche plutôt à nous rapprocher de la nature. « C’est très simple : si vous aimez quelque chose ou quelqu’un, vous en prenez soin. Il en va de même pour la nature. » En sensibilisant par une approche résolument positive, l’association espère mener les gens à se reconnecter avec elle et à mieux la respecter.
Ce lien à l’environnement, à régénérer, n’est toutefois pas d’ordre purement sensoriel. Julie Schadeck : « Le programme est assez différent de celui d’autres organisations du genre, car tout est basé sur la science. Nous avons une base de données de plus de 5.500 études scientifiques sur l’impact de la nature sur la santé humaine, qu’elle soit physique ou mentale, préventive ou curative. Le fondateur (Hubert Mansion, ndlr) a transcrit les résultats de ces recherches dans des programmes et des cours accessibles à tous, permettant non seulement d’apprendre les bienfaits de la nature, mais aussi de les vivre concrètement, ajoutant ainsi une dimension sensible. Le but est de comprendre pourquoi et comment la nature est bénéfique pour tous, à partir de données scientifiques vulgarisées et d’exercices simples : toucher un arbre, marcher pieds nus, s’asseoir ou se coucher par terre, respirer la terre, etc. »
Apprécier pour respecter
Montée des eaux, augmentation des températures, disparition de la biodiversité… « Il y a toutes ces tragédies que nous connaissons, mais au fond, il en existe une plus grande, sous-jacente : nous avons perdu notre lien avec la nature. »
Sans cette connexion, il n’y a pas de relation, et sans relation, pas de respect. « Et nous devons retrouver cela ! Nous devons donner aux gens la possibilité d’en faire à nouveau l’expérience. »
« Quand on respecte et qu’on aime son environnement, on n’a pas envie de le salir ou d’y jeter ses déchets. Ce n’est pas une question de règles, c’est juste quelque chose qu’on fait naturellement. »
Julie Schadeck, UNature
UNature forme et certifie ses propres guides : des professionnels de tous secteurs qui prennent une bouffée d’air frais avec cette activité complémentaire. « Il y a des enseignants, des psychologues, des médecins, des ingénieurs, des journalistes… toutes sortes de personnes exerçant des métiers différents. Ce qui les réunit, c’est un intérêt commun pour la nature. »
Toucher tous les âges
Pour atteindre le plus grand nombre, l’association propose une variété de rencontres adaptées aux différents publics. Des team-buildings en entreprise, des conférences et webinaires, des sorties scolaires, etc.
Dans le cadre scolaire, justement, UNature a pu bénéficier du soutien de l’Œuvre nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte pour sortir 300 lycéens (de 12 à 15 ans) des classes. « Ce projet a commencé après le Covid, et avait vraiment pour but de faire à nouveau sortir les jeunes de chez eux. Ils étaient encore plus déconnectés de la nature que nous ne le pensions. »
À lire aussi : notre grand entretien avec Julie Schadeck, paru dans le magazine 4x3 #29
Cette distance par rapport à l’environnement extérieur, accentuée à cette période par la crise sanitaire, est très marquée dans cette tranche d’âge. « Lorsque l’on regarde les recherches sur notre lien avec la nature tout au long de la vie, on constate qu’il est très fort auprès des enfants, jusqu’à 8-9 ans. Ensuite, ce lien commence à diminuer, jusqu’à atteindre son niveau le plus bas vers 13, 14 ou 15 ans. » Le projet a reçu une seconde vague de subventions pour faire (re)découvrir le monde naturel à davantage de jeunes.
La nature au service de la santé publique
Événements du 21 au 24 mai à LuxExpo The Box
Le Luxembourg accueille cette année la 4e édition de la Conférence mondiale sur les forêts et les parcs pour la santé publique. Cette rencontre scientifique biennale – durant laquelle tous les chercheurs qui étudient les effets de la nature sur notre santé se réunissent et présentent leurs travaux – est organisée avec la collaboration d’UNature. « Nous avons déjà participé à l’édition de 2023 au Canada, et nous avons convaincu les dirigeants de l’organiser au Luxembourg en 2025. »
À côté des événements destiné aux experts, un programme grand public est aussi prévu. « Nous souhaitons construire un pont entre la science et la société, parce que nous ne voulons pas que cela reste uniquement réservé au monde scientifique, et parce que nous pensons qu’il y a énormément d’informations importantes qui ne parviennent pas au grand public », précise la directrice. Durant ces quatre jours, des thématiques telles que la santé mentale, l’éducation à l’environnement et l’urbanisme fondé sur la nature, seront au cœur d’activités ouvertes à tous, gratuitement.
Julie et son équipe comptent tirer de bonnes leçons de cette série d’événements. Grâce aux connaissances techniques des experts et aux attentes concrètes du public, UNature mettra en place des projets pour le Grand-Duché. « Il s’agit en somme de transformer un savoir scientifique, souvent abstrait, en quelque chose de concret, applicable ici, au Luxembourg. »
Renaturation des cours d’eau : retour à l’état sauvage
Renaturer les cours d’eau est nécessaire pour lutter contre les effets du changement climatique et le déclin de la biodiversité, mais aussi pour répondre aux obligations posées par l’Union européenne. C’est aussi de cette façon que les fonctions initiales des rivières et ruisseaux, essentielles à l’Homme et à la nature, peuvent être rétablies.
Article
Partager l'article sur
Dans une publication de 2024, l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) fait le bilan de l’état des cours d’eau au Luxembourg. Verdict : les aménagements techniques construits par l’Homme et le changement climatique ont eu - et ont toujours - de lourds impacts négatifs sur les ruisseaux et rivières du pays.
Des bénéfices pour tout l’écosystème
Avec le dérèglement climatique, les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents. L’AGE rappelle les inondations de juillet qui ont marqué le Luxembourg et ses habitants. En redonnant plus d’espace aux cours d’eau qui ont été étouffés (pour servir la production alimentaire, l’énergie hydraulique ou encore la navigation), l’eau peut s’étaler dans les plaines alluviales, des espaces naturels capables de l’absorber et de la retenir en grande quantité. Renaturer, c’est donc assurer la sécurité des citoyens en réduisant le risque d’inondation en période de crue.
Évidemment, la biodiversité pâtit aussi de la détérioration des cours d’eau, puisqu’elle est en déclin au Luxembourg. Quand les niveaux d’eau diminuent, la température ainsi que la concentration de polluants augmentent et « les voies de migration dans l’environnement aquatique sont interrompues », indique l’AGE. « Les poissons et d’autres espèces aquatiques se retrouvent alors piégés dans un segment d’eau stagnante, pauvre en oxygène et fortement polluée, sans possibilité de se déplacer vers des zones plus favorables à leur survie. »
En plus d’être de véritables « foyers de biodiversité », les cours d’eau ont une autre une fonction cruciale : ils « agissent comme de grandes stations d’épuration naturelles » contribuant à la dégradation des polluants et au stockage du carbone.
Exemples de projets au Luxembourg
La renaturation vise à rétablir la continuité écologique, c’est-à-dire permettre aux organismes vivants et aux sédiments de circuler librement dans les cours d’eau. Il faut pour cela supprimer ou déraser des barrages, bassins de retenue, chutes, ou encore des canalisations.
Sur l’Ernz Noire par exemple, des projets ont été menés à Grundhof et à Breidweiler-Pont. Des barrages créaient des chutes infranchissables et des zones artificielles d’eau stagnante, perturbant ainsi la dynamique initiale de la rivière. Ils ont donc été totalement démolis et évacués - un muret ayant tout de même été conservé à Breidweiler-Pont pour assurer la stabilité de la chaussée.
L’objectif de ces travaux était de redynamiser et diversifier la structure de la rivière pour créer des habitats diversifiés pour la faune et la flore aquatiques qui ont besoin de courants variés et de substrats – comme de la terre, des roches, du sable ou du gravier – pour se développer. Pour cela, des pierres ont été placées dans le lit du cours d’eau et une rampe rugueuse (« ouvrage en enrochement permettant à la faune aquatique de franchir une différence de hauteur au sein du cours d’eau », comme défini par l’AGE) a été créée à Breidweiler-Pont.
La vallée de la Pétrusse à Luxembourg-ville bénéficie aussi d’un projet de renaturation dont la première phase s’est achevée en 2024. Le ruisseau s’écoulait jusqu’alors dans une cunette en béton rectiligne créant une « vitesse d’écoulement trop élevée » et « empêchant toute vie aquatique de se développer », explique l’AGE. Ce canal étroit qui comprimait le cours d’eau a été retiré pour le laisser retrouver une morphologie naturelle.
Alors que la phase 2 du chantier a été lancée en février 2025, la Ville de Luxembourg fait le bilan provisoire du réaménagement écologique de la vallée de la Pétrusse : « En recréant des conditions naturelles pour le cours d’eau, la renaturation a amélioré l’équilibre de la faune et de la flore. » Elle constate également que « la végétation s’est rapidement établie autour du cours d’eau » et que les « aménagements réalisés ont permis de créer des habitats, de rétablir une continuité écologique dans le cours d’eau et d’améliorer la qualité de l’eau. » Pour finir ce bilan « largement positif », la Ville ajoute : « grâce à la renaturation, l’écoulement de l’eau est plus naturel, permettant de ralentir la vitesse d’écoulement et ainsi réduire le risque d’inondation. »
L’eau à la convergence des intérêts
Améliorer l’état de ses cours d’eau est une obligation pour le Luxembourg, imposée par la directive-cadre sur l’eau (DCE) dont l’objectif est de parvenir et de veiller au bon état écologique et chimique des eaux européennes. En vigueur depuis 2000, elle « vise à prévenir et à réduire la pollution, à promouvoir une utilisation durable de l’eau, à protéger et améliorer l’environnement aquatique et à atténuer les effets des inondations et des sécheresses », détaille le Parlement européen.
Dans son rapport, l’AGE explique que renaturer les rivières et ruisseaux « passe avant tout par le dialogue », car l’eau cristallise de « multiples groupes d’intérêt : gestionnaires des eaux, agriculteurs et sylviculteurs, industriels, producteurs d’énergie, propriétaires de terrain, défenseurs de la nature et la population en général. » Un dialogue fait de compromis qui doit aboutir à l’élaboration de « solutions écologiques et économiques pour nos cours d’eau grâce à des processus de planification transparents et inclusifs. »
Léna Fernandes
Contribuez à la recherche scientifique avec le City Nature Challenge
Cette année encore, le Musée national d’histoire naturelle sera aux manettes du City Nature Challenge au Luxembourg. Du 25 au 28 avril 2025, il invite les citoyen·ne·s à documenter la biodiversité luxembourgeoise pour nourrir la base de données nationale, mais aussi pour en apprendre plus sur les animaux, plantes ou champignons qui les entourent.
Article
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
« En permettant aux citoyen·ne·s de participer à la production de connaissances scientifiques, le City Nature Challenge (CNC) est une initiative de sciences participatives », explique Paul Braun, Digital Curator au Musée national d’Histoire naturelle (MNHN) et responsable de ce projet. « Le but est de documenter, sur une période de quatre jours, un maximum d’espèces sauvages. » Pour la 10e édition, plus de 500 régions sur six continents participeront simultanément à cet événement international organisé par la California Academy of Sciences à San Francisco et le Natural History Museum of Los Angeles County.
Tout se passe sur l’application iNaturalist : après s’être créé un compte, la chasse peut commencer ! La première étape est d’importer la photo d’un oiseau, d’un papillon, d’un champignon ou encore d’une fleur sur l’interface. Puis, l’algorithme analyse l’image et suggère les espèces qui pourraient correspondre à celle photographiée. « Le choix d’une identification n’est pas automatique, mais chaque suggestion faite à l’utilisateur·rice est accompagnée d’un niveau de fiabilité. L’algorithme se base sur de la reconnaissance d’image et il prend en compte les espèces qui ont déjà été observées dans la même zone », détaille l’expert du ‘natur musée’. En plus de la photo, il faut également indiquer la date, l’heure et la géolocalisation de l’observation réalisée.
« Ensuite, il y a toujours une vérification », explique Paul Braun. « Un·e expert·e vérifie l’observation et s’il/elle la valide, l’observation obtient le grade ‘qualité recherche ‘ et peut être intégrée dans notre base de données. » Lors du CNC 2024, 292 participant·e·s ont effectué 8.915 observations de 1.340 espèces différentes et environ 1.000 ont été validées au Luxembourg.
Contribuer à la recherche et s’éduquer
iNaturalist peut être utilisé toute l’année, même hors CNC, et n’importe où dans le monde. « Nous voulions proposer un outil qui couvre une grande partie de la biodiversité – pas uniquement les plantes ou les oiseaux par exemple – et qui fonctionne au-delà des frontières du Luxembourg », explique Paul Braun. « iNaturalist est une organisation indépendante à but non lucratif et son application de découverte de la nature est en open source (c’est-à-dire que son code source est public, accessible par tou·te·s, ndlr). »
Au Luxembourg, les observations validées intègrent « une plateforme utilisée par des chercheurs·ses, par des preneurs·ses de décision, des bureaux d’études ou même le Ministère. Elle contient au total environ 5 millions de données qui proviennent d’un tas de sources différentes. Environ 230.000 sont issues de iNaturalist. » Lors du CNC, les citoyen·ne·s ont l’opportunité de contribuer concrètement à la recherche scientifique. Le conservateur raconte : « Cela nous a même permis de découvrir de nouveaux sites où certaines espèces sauvages n’avaient pas encore été observées. Les chercheurs·ses pouvaient s’attendre à trouver telle plante ou tel animal dans une région spécifique, mais ce sont les citoyen·ne·s qui l’ont confirmé avec leurs observations. »
Et les chercheurs·ses ne sont pas les seuls à en apprendre davantage grâce à iNaturalist. « Quand on fait une observation, l’application identifie l’espèce mais elle propose aussi de lire sa description et de voir où elle a été observé par d’autres personnes. Il y a un vrai feedback pour les utilisateurs et utilisatrices », commente Paul Braun.
Promenades et découvertes au programme
Dans le cadre du CNC, une série d’événements avec des expert·e·s est organisée par le ‘natur musée’ et ses partenaires : l’IMS, natur&ëmwelt, le Syndicat intercommunal à vocation multiple (SIAS), le Syndicat intercommunal pour la conservation de la nature (SICONA), Citizens for Ecological Learning Luxembourg (CELL), Bee Together ainsi que les trois parcs Natur- & Geopark Mëllerdall, Naturpark Our et Naturpark Öewersauer.
Entre le vendredi 25 avril et le lundi 28 avril 2025, ils proposeront par exemple des promenades dans la vallée de la Pétrusse pour découvrir et documenter sa biodiversité, des activités centrées sur les pollinisateurs sauvages, ou encore une randonnée pour identifier des herbes sauvages avec iNaturalist avant de les cuisiner.
« L’idée est de proposer des activités intéressantes pour faire découvrir l’applicationet de sensibiliser les participant·e·s à l’importance de la participation citoyenne dans leurs recherches et projets sur la biodiversité », déclare le conservateur du MNHN. « Avec le CNC nous voulons collecter un maximum de données et encourager les citoyen·ne·s à utiliser iNaturalist toute l’année, peu importe où ils se trouvent. » Toutes les observations réalisées au Luxembourg entre le 25 et le 28 avril seront automatiquement ajoutées au projet CNC Luxembourg sur iNaturalist. Pour participer, il suffit de trouver et de documenter une espèce sauvage dans l’application.
Léna Fernandes Photo de couverture : Copyright MNHNL
Pub
L’arbre, le loup, le castor et notre avenir
Les trois frères face aux changements climatiques.
Inondations et sécheresses, deux phénomènes qui font désormais partie de nos saisons. Les inondations sont de toute évidence plus spectaculaires, rapides, désastreuses et meurtrières. Alors que la sécheresse fait son œuvre sur un temps long. Les paysages jaunissent, les rivières maigrissent et le sous-sol plus discret voit les nappes phréatiques baisser… le bétail exprime sa souffrance.
Pour remédier à ces deux problèmes majeurs, qui peuvent mettre à rude épreuve notre civilisation, il y a les trois frères issus de nos territoires : l’arbre, le loup et le castor.
La forêt est essentielle, elle constitue le climax de nos régions, ne craignant pas la pluie. Les racines gèrent l’eau en la drainant vers les nappes phréatiques. L’érosion est un phénomène insignifiant en forêt. Cette dernière favorise également la pluie. 60% des précipitations en Allemagne sont due au petit cycle hydrique, c’est-à-dire de l’eau de pluie qui n’est pas directement issue du grand cycle hydrique venant de la mer. Ce sont les arbres, par leur évapotranspiration, qui font pleuvoir plus loin sur le continent. Les spécialistes parlent de rivières de pluie.
Nos forêts sont pourtant mal en point ! La maladie est due aux vagues de chaleurs, aux sécheresses successives et à une gestion inadéquate. L’absence de régénération est causée par un broutage excessif par la faune et c’est là que le loup joue un rôle majeur dans la vie d’une forêt. Une horde de loups garde la faune - c’est-à-dire les cervidés et les suidés - en mouvement, évitant ainsi un broutage semblable à une « mise à blanc » des jeunes arbres.
Il nous manque le troisième acteur du récit, le castor, ingénieur hydrologue depuis la nuit des temps. Deux options s’offrent à nous : l’introduction du castor dans nos paysages et/ou l’imitation de son travail. Le castor ralentit l’eau, l’infiltre dans les sols, la purifie et la donne en partage à tous les vivants. Son travail peut nous aider à traverser les sécheresses, les feux et les crues [1]. Le castor amplifie remarquablement le rôle de régulateur hydrique du super organisme forêt.
L’arbre et l’agriculture, une conception hors d’âge
L’agriculture a réduit l’espace forestier depuis des siècles, mais aujourd’hui ce fait nous expose à des problèmes « nouveaux » car amplifiés par les changements climatiques.
Pour remédier aux problèmes d’érosion des terres nourricières par la pluie et par le vent, d’inondation, de la pénibilité du bétail exposé à une météo plus extrême, etc., l’arbre redevient un acteur central sur les terres agricoles. Il s’agit d’agroforesterie, une pratique paysanne millénaire. Le principe : produire plus et mieux sur une même surface agricole. Un pré-verger, par exemple, permet l’élevage, la production de fruits et finalement du bois, mais de nombreuses combinaisons sont possibles.
Les haies quant à elles protègent, produisent et prolongent les lisières forestières permettant à la faune d’y trouver refuge, habitat, nourriture et lieu de circulation. Les haies abritent des auxiliaires de cultures qui permettent une régulation des nuisibles sans pesticides...
Le jardin planétaire a besoin d’arbres, de loups et de castors.
[1] B. MORIZOT, S. HUSKY, Rendre l’eau à la terre, Actes Sud, 2024.
Les petites mains habiles derrière les grands projets communaux
Pour rendre concrètes les ambitions des communes en matière d’aménagement de l’espace public, les Centres d’initiative et de gestion locaux leur prêtent main-forte, tout en remplissant leur rôle de réinsertion socio-professionnelle. Bien souvent, leurs actions rendent service à la personne et à la planète.
Article
Partager l'article sur
Les Centres d’initiative et de gestion locaux (CIGL), rattachés aux communes du pays, ont pour mission la réinsertion socio-professionnelle de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem. Subventionnés par l’État, ils œuvrent pour l’intérêt général, dans le respect des personnes et de l’environnement.
Chaque CIGL agit dans différents domaines visant, d’une part à occuper et faire monter en compétence les bénéficiaires du programme, de l’autre à proposer des activités ou services utiles pour la population.
À Esch, par exemple, les domaines d’intervention incluent l’aide à la personne et la mobilité, mais aussi l’ « entretien des espaces verts et constructions durables » et la « nature, création et citoyenneté » (cf rapport d’activités 2024). À Walferdange se trouvent un atelier d’upcycling et un service environnement. L’utilité publique prend diverses formes et peut bien souvent s’accorder avec un engagement écologique.
Le CIGL Esch, acteur local du lien à la nature et à l’alimentation durable
João Silva, coordinateur Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication :
« Au CIGL Esch, le domaine Nature, Création & Citoyenneté conjugue insertion socio-professionnelle, agriculture biologique, pédagogie verte et économie circulaire au service du territoire et de ses habitants.
Avec plus de 2 hectares cultivés en bio sur 3 sites, ce sont 35 tonnes de légumes locaux, de saison et en circuits courts qui nourrissent collectivités, marchés et particuliers. Nos équipes développent aussi des jardins pédagogiques, dont le projet Léieren am Gaart, pour sensibiliser dès le plus jeune âge aux enjeux environnementaux et au plaisir de jardiner.
Notre projet Ville mangeable transforme Esch-sur-Alzette en laboratoire de biodiversité urbaine : mini-jardins dans l’espace public, coin nature à Lallange, jardin mobile… autant de manières d’impliquer les écoles, les associations et les riverains.
Enfin, grâce au projet REC’UP, les matériaux ‘jetés‘ deviennent mobilier, bacs de culture ou constructions bioclimatiques, prouvant qu’agir localement pour la planète, c’est aussi inventer de nouvelles manières de faire ensemble. » (texte du CIGL Esch)
Communauté, sensibilisation et renaturation avec le CIGL Walfer
Depuis avril 2024, les habitants de Walferdange disposent d’un jardin communautaire, né d’une collaboration entre la Commune et le Service aménagement et environnement du CIGL. Rapidement complet, il témoigne de l’engouement pour une alimentation locale et une reconnexion à la nature.
En 2023, en collaboration avec l’Administration de la nature et des forêts, le sentier le long de l’Alzette - rivière en cours de renaturation - a été remis en état (dix ans après sa création) pour préserver la biodiversité et appeler à la promenade. Le CIGL en poursuit l’entretien.
Créé il y a plus de dix ans, l’atelier Créaction transforme des matériaux récupérés en objets utiles pour les habitants, les entreprises et la commune. Il propose aussi des workshops pour les écoles. En 2024, Créaction a animé trois ateliers pour enfants lors des portes ouvertes de SOLER – Société luxembourgeoise des énergies renouvelables. « Au CIGL Walfer, l’éducation au développement durable fait partie intégrante de l’activité », souligne Lola Artigao, chargée de direction. Ateliers de sensibilisation, de création d’hôtels à insectes, de nids à oiseaux ou de bacs à potager en sont quelques exemples. Chaque année, Créaction est présent au Biomaart de Walferdange en mars, juin et septembre.
Agir entre urgence et espoir pour préserver une relation fragile
La Terre nourrit, abreuve, soigne, relie. Pour continuer à jouer ces rôles fondamentaux, elle a besoin qu’on la protège. Depuis le Luxembourg, des ONG agissent à travers le monde pour faire vivre cette interconnexion essentielle entre les humains et leur environnement.
Article
Partager l'article sur
Agriculture durable et préservation des traditions pour soutenir les communautés indigènes Q’eqchi’ du Guatemala
Avec près de 800.000 membres, les Q’eqchi’ représentent l’un des plus grands groupes indigènes du Guatemala. Ancrées dans le nord rural du pays, leurs communautés vivent en profonde harmonie avec la nature, qu’elles considèrent comme vivante et sacrée. Cependant, elles font aujourd’hui face à des défis climatiques majeurs, notamment la sécheresse.
Pour répondre à cette urgence, notre partenaire local, la Fondation Fray Domingo de Vico, agit depuis 2008 en faveur d’une agriculture durable respectueuse des traditions ancestrales. Elle réintroduit notamment le calendrier agricole sacré, fondé sur les cycles lunaires. La fondation gère également une école technique bilingue (Q’eqchi’/espagnol) spécialisée en agroécologie. Les parents sont impliqués dans cette démarche en offrant des terrains à leurs enfants. Ces derniers peuvent ainsi expérimenter les méthodes apprises. Ce modèle renforce la transmission intergénérationnelle et entraîne un réel changement : certaines familles ont ainsi abandonné le brûlage au profit du compostage ou du terrassement.
Ce projet illustre une approche de résilience écologique, respect culturel et dignité humaine.
Cultiver la résilience au cœur des montagnes népalaises
Gravement touchée il y a plus de dix ans par un incendie qui a ravagé plus de 600 hectares de forêt, la région d’Aamachhodingmo, dans le district de Rasuwa, subit désormais les effets accrus du changement climatique. L’augmentation des sécheresses, la pénurie d’eau et la perte de productivité des terres rendent la gestion des ressources naturelles encore plus cruciale dans cette zone montagneuse et touristique, voisine du parc national de Langtang.
Avec son partenaire local ARD, AEIN met en œuvre un projet de résilience climatique financé par le Fonds Climat et Énergie du ministère luxembourgeois de l’Environnement. Il combine une approche climatique intelligente de l’agriculture et de l’élevage de Chauri avec des actions en faveur de la souveraineté alimentaire, de la restauration des écosystèmes et de l’éducation à l’environnement.
Le projet forme 200 femmes à l’agroécologie, reboise plus de 16 hectares avec 11.000 arbres et 20.000 plantes fourragères, renforce l’accès à l’eau pour 1.100 Chauris et sensibilise 148 élèves au changement climatique.
À travers ces actions, il bénéficie directement à 460 foyers et encourage une cohabitation harmonieuse entre humains et nature, en valorisant les savoirs locaux et l’adaptation climatique comme leviers du développement rural.
Quand les guerres transforment la terre nourricière en terrain miné
La fin d’un conflit ne signifie pas le retour à leurs terres pour les populations locales. Les conflits actuels laissent des traces qui durent des dizaines d’années : les armes explosives.
On estime par exemple qu’il faudra un siècle pour déminer l’Ukraine. La terre n’est plus nourricière mais dangereuse, potentiellement mortelle. 90% des victimes d’armes explosives sont des civils : des enfants qui jouent, des agriculteurs dans leurs champs.
Handicap International mène des opérations de déminage humanitaire dans plusieurs pays pour rendre aux populations locales leurs lieux de vie. C’est un procédé long mais nécessaire pour nettoyer les terres. Il est effectué en collaboration avec les habitants, selon leurs priorités.
L’année dernière, nous avons soutenu depuis le Luxembourg une de ces opérations en Irak. Près de 90 kilomètres carrés de terres situées dans des zones à risque ont été sécurisées, rendant leurs terres nourricières à 228 personnes.
De l’eau potable et un jardin maraîcher pour les élèves au village d’Anagbo au Bénin
Impliquée au Bénin depuis 2022 à travers notamment deux programmes de développement dits PACOPE-SPE, SOS Villages d’Enfants Monde s’est engagée dans un projet périphérique à Abomey-Calavi. Il s’agit d’un projet d’accompagnement des quelque 220 élèves de l’école primaire publique et de la communauté du village d’Anagbo pour un accès durable à l’eau potable. Le projet, en cours de développement, bénéficie du soutien de la Ville de Luxembourg.
Au sud-est du pays, le petit village d’Anagbo, qui compte quelque 1.000 habitants qui s’appuient sur l’agriculture, hélas limitée, manque d’infrastructures et de moyens. Il souffre d’un accès limité à l’eau potable avec comme conséquence des problèmes de santé pour les plus vulnérables.
La construction d’un poste d’eau autonome fiable et durable doit fournir en continu une eau de qualité à l’école et à 50 ménages qui habitent à proximité. Par ailleurs, les élèves bénéficieront d’une alimentation équilibrée grâce aux légumes produits par le jardin maraîcher de l’école selon des méthodes respectueuses de l’écologie. Il s’agit enfin d’éveiller la conscience des écoliers, des enseignants et des membres de la communauté aux enjeux de l’hygiène et de l’assainissement et à la préservation de l’environnement.
Accès à l’eau et résilience climatique : un espoir pour les familles de Poroma, en Bolivie
Le projet soutenu par PADEM et porté par l’ONG Sumaj Punchay dans la municipalité de Poroma (département de Chuquisaca, Bolivie) vise à améliorer les conditions de vie des enfants, des adolescents et de leurs familles, fortement touchés par la pauvreté et les effets du changement climatique. Dans ce territoire rural, où 95,9 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, l’accès à l’eau constitue un enjeu central pour garantir la sécurité alimentaire et renforcer la résilience communautaire.
Face aux sécheresses prolongées, aux faibles rendements agricoles et à la dégradation des sols, le projet propose un modèle agroécologique durable fondé sur l’installation et la remise en état de systèmes d’irrigation, la gestion responsable des ressources naturelles (campagnes de reboisement, nettoyage des rivières) et la formation des familles, en particulier des femmes et des enfants, pour en faire des acteurs du changement (par exemple formations en agriculture biologique, en justice climatique et alimentaire).
En intégrant la dimension de genre et en promouvant l’autonomie locale, cette initiative entend lutter contre la malnutrition infantile et renforcer les capacités des communautés à faire face aux défis climatiques, tout en protégeant les droits fondamentaux des enfants.
Textes et photos des ONG, compilés par Marie-Astrid Heyde
Quand cultiver son avenir devient possible
Climat imprévisible, terres appauvries : dans le Bénin rural, les jeunes et les femmes font face à de nombreux obstacles. Pourtant, l’agriculture reste un pilier des métiers de la région. Un programme les forme dans cette voie, pour un futur durable.
Contribution partenaire in4green
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Mani Coulibaly, 21 ans, n’aimait pas particulièrement l’école. Pour autant, il aspirait à un avenir meilleur. Comme beaucoup de jeunes vivant en zone rurale, il se trouvait face à un futur incertain, entre manque d’opportunités et précarité́ économique.
Au Bénin, pays d’Afrique de l’Ouest, l’extrême pauvreté touche jusqu’à 80 % de la population en milieu rural, qui vit principalement de l’agriculture de subsistance. Chaque année en Afrique, 11 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail, mais seuls 3 millions d’emplois sont créés. Moins d’un tiers des jeunes Béninois sont actifs, laissant la majorité sans perspective durable. Pour autant, le gouvernement béninois a fait de sa politique agricole une priorité nationale et a pris de nombreuses mesures en faveur de l’emploi ainsi que de l’insertion économique ces dernières décennies.
C’est dans ce contexte que le Projet de Promotion des Emplois Ruraux (PROPER), mis en œuvre à Torri-Bossito et soutenu par la Fondation Follereau Luxembourg, propose une alternative : contribuer à consolider la chaine de valeur agricole et favoriser l’entreprenariat dans ce secteur. Avec l’appui de son partenaire technique local - l’ONG Alternative Verte - le projet renforce les capacités des femmes et des jeunes, grâce à une formation complète en agrobusiness, valorisant les pratiques agroécologiques durables et associant techniques agricoles modernes, coaching entrepreneurial et accompagnement individualisé.
En intégrant le PROPER, Mani se forme au maraichage. Il apprend de nouvelles techniques et met en pratique ses acquis. Mais surtout, il change de regard sur l’apprentissage. « Les moniteurs m’ont conseillé de bien travailler, et maintenant, je veux continuer mes études », déclare-t-il.
Le jeune homme n’est pas seul dans ce parcours. Le programme concerne également les femmes, qui bénéficient d’un accompagnement adapté à leurs besoins spécifiques. Ces dernières, souvent confrontées à des défis supplémentaires en matière d’accès aux ressources et à l’éducation, trouvent dans le PROPER une voie d’autonomisation par l’agriculture et l’entrepreneuriat. Elles cultivent des compétences précieuses qui contribueront à leur succès dans leurs communautés.
En 2024, 423 bénéficiaires ont été formés à des pratiques agricoles diversifiées : pisciculture, maraîchage, aviculture intensive, ainsi que la culture de l’ananas, une production exigeante qui nécessite des techniques précises pour éviter le gaspillage et maximiser les récoltes. Ces bénéficiaires s’initient aussi aux nouvelles technologies agricoles et aux installations modernes, facilement reproductibles au sein de leurs communautés. Disséminer ces savoirs et connaissances bénéficiera au plus grand nombre.
Père Geoffroy Traoré, éducateur au sein du projet, témoigne : « Ces jeunes, quand ils arrivent, on ne remarque pas grand-chose. Mais au fur et à mesure, on découvre des potentiels énormes. Et eux aussi sont parfois surpris de voir ce dont ils sont capables. Ils deviennent passionnés, motivés. C’est un ensemble. Ce n’est pas juste l’école. Il y a la camaraderie et l’épanouissement de l’esprit. »
Face aux défis du secteur – changement climatique, baisse de la fertilité des sols, instabilité des prix – le PROPER mise sur des approches innovantes qui ont fait leurs preuves. En développant le capital humain et en encourageant l’entrepreneuriat rural, il ambitionne de transformer ces jeunes en acteurs du changement et de faire des zones rurales de véritables niches écologiques et économiques.
Mani, lui, a trouver sa voie : un équilibre entre formation, travail et ambitions nouvelles. Son avenir, il le cultive désormais avec confiance. Au travers de cette initiative, les femmes, elles aussi, cultivent leur propre avenir, apportant des solutions durables aux défis agricoles et économiques de leurs communautés.
Serve the City, la solidarité en action pour la planète
En nettoyant la commune de Hollerich en septembre dernier, Serve the City Luxembourg rappelait qu’il suffit parfois de quelques gestes de solidarité et d’un peu de bonne volonté pour transformer notre environnement. Faire d’un simple ramassage de déchets, un acte fort de citoyenneté et d’engagement collectif.
Article
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Créée en 2012, Serve the City Luxembourg mobilise des bénévoles de tous horizons autour d’actions en faveur de la planète. Dans le cadre de l’opération #Letzclean, plus de 50 volontaires ont uni leurs forces pour débarrasser Hollerich de ses déchets. Résultat : 126 kilos de détritus collectés, dont 14 000 mégots. Une mobilisation exemplaire.
Une action locale, un impact global
Au-delà de la collecte, ces opérations sont l’occasion de sensibiliser à l’ampleur de la pollution urbaine. Chaque geste compte. Un mégot jeté au sol, c’est jusqu’à 500 litres d’eau pollués. En ramasser 14 000 en une heure, c’est poser un acte fort pour la nature et la conscience citoyenne.
Avec sa devise #KindnessStartsWithMe, l’association offre un bénévolat flexible, accessible, et profondément humain, où chacun agit selon ses envies, son temps, et ses talents. Un modèle inclusif qui rassemble citoyens, jeunes, familles, et personnes venues des quatre coins du monde autour d’une cause commune : prendre soin de notre Terre, ensemble.
Sébastien Yernaux
Une finance durable au service de la Terre vivante
Chez Rio Impact, finance et écologie vont de pair. L’entreprise relie biodiversité, climat et gestion des terres pour restaurer les écosystèmes, soutenir les pays du Sud et sensibiliser les générations futures, grâce à des solutions concrètes, durables et accessibles à tous.
Article
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Spécialiste du financement de la transition écologique, Rio Impact œuvre depuis 2019 pour bâtir des passerelles entre les urgences environnementales et des solutions concrètes. Implantée au Luxembourg, l’entreprise s’appuie sur les Conventions de Rio pour proposer une approche intégrée du climat, de la biodiversité et de la lutte contre la désertification.
Elle conseille États, institutions et entreprises, pilote des projets de restauration d’écosystèmes et forme une nouvelle génération d’experts à travers une plateforme e-learning déjà adoptée dans dix pays. En intégrant les enjeux environnementaux dans les modèles économiques, elle mobilise des outils comme la compensation carbone ou la responsabilité sociétale pour faire évoluer les pratiques.
Financer, restaurer, transmettre
Avec RioBooks, Rio Impact sensibilise le grand public dès le plus jeune âge. À travers des collections pédagogiques, notamment « Les Aventures de Soundia », elle initie les enfants aux grands défis écologiques de manière ludique et positive.
Relier la finance à la nature, l’économie à la régénération, et les savoirs à l’action : telle est la philosophie qui guide chacun de ses projets pour bâtir un avenir durable, accessible à tous.
Sébastien Yernaux
Photo : Licence CC
« La nature nous donne ce dont nous avons besoin au bon moment »
La cuisine végétale, c’est la spécialité et la passion de René Mathieu, chef étoilé aujourd’hui à la tête du restaurant Fields. Il explique pourquoi nous avons tout à gagner à sortir de notre zone de confort alimentaire.
Article
Partager l'article sur
En quoi l’alimentation végétale est-elle bénéfique pour la santé de l’Homme ?
René Mathieu : Hippocrate disait que ta nourriture doit être ton médicament, et ton médicament ta nourriture. Il ne faut pas penser en termes de quantité mais plutôt de nutriments : manger sainement, avec une alimentation plus végétale, c’est renforcer son système immunitaire. Et la sensation de satiété ne vient pas par la quantité ! Si le corps ne reçoit pas les nutriments dont il a besoin, le cerveau va continuer de réclamer de la nourriture.
« Au-delà de se renseigner sur l’alimentation végétale, il faut vouloir changer sa façon de vivre et de s’alimenter. C’est important de se donner des défis ! »
René Mathieu, chef du restaurant Fields
Adopter une alimentation plus végétale est aussi une bonne chose pour la planète.
Si on diminue les quantités de viande consommée, on réduit le besoin de production. Le comble, c’est qu’il faut cultiver du fourrage pour nourrir les bêtes qui vont ensuite nourrir les humains. Si on mange moins de viande, il y aura donc moins de cultures et d’élevages intensifs, qui polluent énormément et donnent des produits pauvres nutritionnellement.
Au-delà de ça, je pense que le plus gros problème reste le gaspillage : 40% de ce qu’on produit finit à la poubelle. Et avant cela, tous ces produits sont transportés, stockés dans des frigos, etc. Imaginez la quantité d’énergie gaspillée ! Au restaurant, nous faisons sécher les chutes de légumes pour en faire des chips par exemple et nous faisons évidemment du compostage.
Quelles sont alors les habitudes de consommation à adopter ?
Il faut se tourner vers des produits locaux et de saison, parce que la nature nous donne ce dont nous avons besoin au bon moment. Il faut se rapprocher des producteurs et des maraîchers qui peuvent aussi être de bons conseils. Pourquoi ne pas réapprendre les méthodes de conservation qu’utilisaient nos aïeuls ? C’est très utile pour la saison hivernale. Je peux aussi conseiller de faire attention au mode de cuisson, car si on cuit trop un légume, il perd sa valeur nutritionnelle.
C’est un équilibre à trouver, ce n’est pas parce que vous mangez du poisson ou de la viande de temps en temps que vous détruisez la planète. Mon objectif n’est pas que tout le monde devienne végétarien ! Je souhaite sensibiliser et éduquer.
Selon vous, les chefs peuvent donc avoir un rôle à jouer dans la transition globale vers une alimentation plus végétale ?
Bien sûr et c’est très important ! J’essaie de montrer l’exemple et de transmettre ma passion, mais je comprends aussi que sortir de sa zone de confort n’est pas chose simple. Je suis optimiste pour l’avenir, mais je pense que c’est surtout aux pouvoirs publics d’agir.
À mon niveau, je veux partager ma philosophie fondée sur trois principes : la conscience, l’amour et le respect. Il faut prendre conscience de son impact sur son environnement, en ayant de l’amour et du respect pour tout ce qui le compose.
Alimentation locale : deux regards sur la politique agricole luxembourgeoise
André Loos, Premier conseiller au ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture et Sam Mille, représentant du Service Jeunesse affilié à la Centrale paysanne, livrent leur vision croisée sur l’alimentation locale, les circuits courts, l’engagement des jeunes, et le dialogue entre politique et terrain.
Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, l’alimentation est pleinement intégrée dans le périmètre du ministère de l’Agriculture, une nouveauté saluée par André Loos. Cette compétence, auparavant partagée entre plusieurs entités, a désormais un interlocuteur unique.
« C’est une volonté politique du nouveau gouvernement. Aujourd’hui, on est compétent pour toute la chaîne alimentaire, de la production primaire jusqu’à l’assiette. »
André Loos, Premier conseiller de gouvernement pour le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture
Cette centralisation des responsabilités a aussi permis une meilleure cohérence dans l’action publique. « Nous avons intégré les services vétérinaires et les volets de sécurité alimentaire au sein de l’ALVA, l’Administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire. Cela nous permet d’avoir une vision globale et unifiée », explique-t-il.
Sam Mille, représentant du Service Jeunesse affilié à la Centrale paysanne, salue lui aussi ce recentrage : « Le gouvernement actuel souhaite que nous travaillions les bonnes terres pour produire de la nourriture. Il y a un vrai changement par rapport à l’approche plus orientée vers la protection de la nature de l’ancien gouvernement. »
La stratégie alimentaire est en cours d’élaboration. Après une consultation parlementaire sur des thématiques clés – alimentation saine, offre de produits régionaux, saisonnalité, gaspillage, sécurité et équilibre des revenus –, le Ministère a sollicité plus de 60 parties prenantes. Un plan d’action national est attendu d’ici la fin de l’année.
Circuits courts, production locale : des efforts concrets
La question de l’ancrage local est centrale dans les actions du Ministère. Campagnes de sensibilisation « Sou frësch, sou Lëtzebuerg », sites web dédiés comme www.regionalsaisonal.lu et www.letzfarm.lu, un magazine tous-ménages « GUDD ! » , présence sur des événements tels que la Foire Agricole d’Ettelbruck ou encore soutien à des initiatives comme l’École du goût : les outils se multiplient pour valoriser les produits du pays.
« L’École du goût, située à Brandenbourg, est un projet interdisciplinaire, porté aujourd’hui par trois parcs naturels luxembourgeois. Elle offre à tous les âges un accès à une culture alimentaire saine et durable », détaille André Loos.
Sam Mille
Sam Mille constate lui aussi ces efforts sur le terrain. « Il y a beaucoup de discussions avec Restopolis, notamment dans les cantines scolaires. Ils privilégient les produits luxembourgeois, souvent bio. On sent qu’il y a une vraie volonté de mettre nos produits en avant. »
André Loos évoque aussi un travail étroit avec Restopolis pour augmenter la part de produits locaux dans les repas scolaires, notamment dans les lycées. « C’est un levier important : soutenir les circuits courts, garantir une alimentation saine et sensibiliser dès le plus jeune âge. »
Dans les entreprises, les partenariats se développent, parfois soutenus par l’État. Le Moulin de Kleinbettingen, Compass Group ou encore La Provençale travaillent avec des producteurs locaux. « Nous avons mis en place un régime d’aide spécifique pour les entreprises de transformation et de commercialisation, en lien avec Luxinnovation et le ministère de l’Économie », poursuit André Loos. « Il est essentiel de renforcer les chaînes de valeur locales. »
Sam Mille complète : « On a des structures solides comme Luxlait, les Vinsmoselle ou encore l’abattoir d’Ettelbruck. Ce sont des piliers qui permettent de faire vivre toute une économie locale. »
Dépendance extérieure : une marge de progression
Les deux interlocuteurs le reconnaissent. L’autosuffisance alimentaire du pays est encore loin d’être atteinte. « Le Luxembourg est très fort dans la production laitière et de viande, mais pour les fruits et légumes, on dépend encore beaucoup de l’étranger », admet André Loos. Un projet de loi pour favoriser les grandes serres est actuellement en cours d’examen.
« La moitié des terres agricoles du pays sont des prairies permanentes. Pour les valoriser, nous avons besoin d’élevage », précise-t-il. « Cela conditionne fortement notre modèle agricole. »
Côté terrain, Sam Mille observe les mêmes limites. « Oui, on reste dépendants de certains produits, comme le soja pour l’alimentation animale, les engrais ou les produits phytosanitaires. Mais nos vaches mangent surtout de l’herbe et du maïs produits sur nos champs. L’agriculture reste un circuit, même si certains éléments viennent de l’extérieur. »
Les jeunes agriculteurs face aux défis de la profession
La relève agricole est au centre des préoccupations. Sam Mille est direct. « Ce métier, on ne le fait pas si on doit le faire, mais si on veut le faire. Il faut avoir la passion. Sinon, on ne tient pas. »
Le constat est sans appel. Au Luxembourg, comme ailleurs en Europe, les vocations se font rares. « Ce n’est pas un métier qui offre un bon équilibre entre travail et vie privée. Quand il faut travailler, on travaille. Et cela décourage certains jeunes. »
Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement a mis en place des aides à l’installation. « Les jeunes de moins de 40 ans peuvent bénéficier d’une prime à l’installation et de soutiens supplémentaires pour les investissements. Afin de soutenir le renouvellement des générations,un plan d’action est en préparation suite à une table ronde avec de jeunes agriculteurs », précise André Loos.
La sensibilisation passe aussi par l’éducation. « Chaque année, nous organisons des opérations fermes ouvertes et accueillons des enfants dans nos exploitations. C’est important de reconnecter la population avec notre métier », insiste Sam Mille. « Aujourd’hui, les gens connaissent de moins en moins nos méthodes. Il y a 50 ans, chacun avait un agriculteur dans sa famille. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. »
Alors que la France et la Belgique ont récemment connu de fortes mobilisations agricoles, le climat est resté plus calme au Luxembourg. Sam Mille y voit une question de culture mais aussi de méthode. « On ne veut pas trop ennuyer les gens. Ce n’est pas leur faute si on a des problèmes. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne manifestera jamais. »
Pour André Loos, c’est notamment le dialogue qui fait la différence. « Il y a une très bonne entente entre la ministre Hansen et les agriculteurs. Elle a déjà organisé deux Landwirtschaftsdësch et un Wäibaudësch – tables rondes – pour écouter, échanger et trouver des solutions. » Il évoque également les échanges avec le commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural Christophe Hansen et le Premier ministre Luc Frieden sur des dossiers sensibles comme le Mercosur (zone de libre-échange qui regroupe plusieurs pays de l’Amérique du Sud : Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay).
« On ne fait pas ce métier pour le salaire ou pour les horaires. On le fait parce qu’on y croit. »
Sam Mille, représentant du Service Jeunesse affilié à la Centrale paysanne
Regards tournés vers l’Europe et l’avenir
La Politique agricole commune (PAC) reste une boussole incontournable. « On discute beaucoup de la simplification de la PAC pour alléger la charge administrative. L’idée, c’est que les agriculteurs soient plus sur leurs terres que devant leur ordinateur », affirme André Loos.
Sam Mille, de son côté, attend de voir. « On ne travaille pas encore vraiment sur la prochaine PAC, mais ça ne va pas tarder. On espère que les discussions se feront dans de bonnes conditions. »
Enfin, les enjeux liés à l’agri-photovoltaïque (Agri-PV) et à la pression foncière sont sur toutes les lèvres. Le Luxembourg cherche à préserver ses bonnes terres tout en produisant de l’énergie. « Il faut trouver un équilibre entre loger les gens et les nourrir », résume André Loos.
« Le foncier reste l’un des sujets les plus sensibles. On a de moins en moins de terres agricoles. La pression de l’immobilier est énorme », ajoute Sam Mille. « Mais on espère pouvoir continuer à faire notre métier dans des conditions correctes, avec le soutien de tous. »
Enovos conjugue énergie et biodiversité via l’agri-PV
Un nouveau chapitre de la transition énergétique s’ouvre au Luxembourg : avec l’agriculture photovoltaïque, Enovos mise sur une synergie entre production agricole, énergie solaire… et renforcement de la biodiversité.
Article
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Enovos ne part pas d’une page blanche. Dès ses premières installations à Beidweiler et Junglinster, le groupe souhaitait intégrer une logique agricole et environnementale à ses projets. « On a proposé dès le départ de faire paître des moutons autour des installations, sans qu’aucune exigence officielle n’aille dans ce sens », explique Anouk Hilger, responsable du département Renouvelables chez Enovos. « Une manière naturelle de limiter la tonte mécanique et de favoriser les équilibres biologiques. »
Dans le cadre des appels d’offres lancés par les ministères de l’Agriculture, de l’Économie et de l’Environnement, Enovos s’est naturellement tourné vers l’agri-PV : une solution qui permet d’associer agriculture, production d’énergie solaire et préservation de la biodiversité sur un même site. Cette approche vise à maximiser l’usage du sol, tout en créant de nouvelles synergies économiques pour les agriculteurs.
Anouk Hilger
Des installations conçues autour de l’agriculteur
« Chaque projet commence avec l’agriculteur : ses besoins, sa façon de travailler sa terre. Ensuite, on conçoit l’installation autour de ça. »
Anouk Hilger, responsable du département Renouvelables
Cette logique de co-développement permet des solutions techniques variées : panneaux surélevés pour laisser paître les animaux, panneaux verticaux bifaciaux espacés de 12 mètres pour faire passer un tracteur, en combinaison avec des aménagements floraux pour attirer les insectes pollinisateurs.
À Bastendorf, ce sont des porcs ibériques bio qui évolueront librement sous les structures solaires. À Sprinkange, des poules pondeuses profitent de l’ombre et s’aventurent plus loin sur le terrain, moins stressées par le passage des trains. « Elles se regroupent sous les panneaux à la moindre alerte sonore, mais n’ont plus peur comme avant. Elles se sentent en sécurité », sourit Patrick Jeitz, ingénieur projet.
Dans ce projet, les œufs pondus sont vendus dans des magasins de ferme et dans la grande distribution, ou transformés en pâtes maison par l’agriculteur lui-même. « C’est une chaîne de production complète et locale », se réjouit Anouk Hilger. Et quand l’installation électrique permet aussi d’alimenter les toitures agricoles avec du photovoltaïque, la boucle est bouclée.
« C’est une optimisation des ressources, qui permet aussi à l’agriculteur d’être plus autonome énergétiquement. »
Patrick Jeitz, ingénieur projet
L’aspect financier n’est pas en reste : les agriculteurs peuvent percevoir un loyer pour la mise à disposition de leur terrain, bénéficier de subventions agricoles classiques, mais aussi participer au projet en tant que partenaires, partageant les bénéfices de la production énergétique.
Des bénéfices environnementaux bien réels
Ces projets sont systématiquement précédés d’inventaires faunistiques et floristiques. « On commence souvent plus d’un an avant les travaux pour suivre les cycles naturels sur quatre saisons », explique Anouk Hilger. Les résultats orientent la configuration des installations : hauteur des panneaux (80 cm minimum), distance entre les lignes (12 mètres), préservation des prairies fleuries, protection des espèces sensibles.
À Beidweiler, six nouvelles espèces ont été observées. À Junglinster, la Salvia pratensis, une sauge sauvage protégée, a été sauvegardée grâce à des zones d’exclusion pour les engins de chantier. « Ce sont des signes clairs que l’agri-PV, bien conçu, peut même améliorer la biodiversité locale. »
La tonte est assurée par des moutons, selon un protocole défini avec l’Administration de la nature et des forêts. À Junglinster, une pause est respectée durant la floraison pour laisser les plantes se reproduire. À Beidweiler, quatre parcelles sont pâturées à tour de rôle. Les oiseaux, eux, continuent de chasser dans les zones dégagées. Des corvidés ont même été observés en train de briser des noix sur les structures des panneaux.
Certaines installations intègrent également des couloirs fleuris à proximité des poteaux pour attirer abeilles, bourdons et autres pollinisateurs.
« On prévoit systématiquement ces bandes, et l’espacement des panneaux laisse une vraie place à la nature. »
Patrick Jeitz, ingénieur projet
Patrick Jeitz
Une dynamique bien engagée au Luxembourg
Le modèle fait des émules. « Certains agriculteurs nous contactent spontanément . D’autres, nous les approchons. Dans tous les cas, on construit le projet ensemble », résume Anouk Hilger. Les conditions de l’appel d’offres imposent une vision claire du volet agricole et des engagements concrets en matière de biodiversité. L’objectif : passer d’une gestion intensive à une approche plus extensive, plus respectueuse des équilibres naturels.
Et les retours sont bons. « Les voisins trouvent souvent les installations jolies, surtout avec les haies et les fleurs autour. Et on veille à laisser de l’espace, ce n’est jamais une masse compacte de panneaux », précise Patrick Jeitz.
Le volume de l’appel d’offres au Luxembourg a récemment été porté de 50 à 75 MWc. Le potentiel de l’agri-PV ne se limite pas au Luxembourg. Enovos participe aussi aux réflexions européennes sur le sujet. Reste à adapter les infrastructures pour absorber cette nouvelle production d’énergie renouvelable.
« On ne peut plus produire à la demande, c’est désormais à la consommation de s’adapter à la production. C’est tout un modèle qui évolue. »
Anouk Hilger
« L’agri-PV est une voie d’avenir pour rendre l’énergie renouvelable plus intégrée, plus durable, et surtout plus en phase avec les réalités du terrain », conclut-elle.
Changer d’alimentation pour préserver le climat et nourrir l’humanité
Le climat dérègle l’agriculture mondiale, mais notre alimentation dérègle aussi le climat. Tout comme le GIEC, l’Observatoire de la politique climatique (OPC) appelle à transformer en profondeur notre système alimentaire. Cela commence dans nos champs, dans nos politiques… et dans nos assiettes.
Carte blanche
Partager l'article sur
Les changements climatiques compromettent la capacité de la planète à nourrir l’humanité. Sécheresses, canicules, inondations, maladies : les effets s’intensifient, comme le rappellent les derniers rapports du GIEC. Au Luxembourg, l’Observatoire de la politique climatique (OPC) montre que notre sécurité alimentaire est d’autant plus vulnérable que nous dépendons largement d’importations, de chaînes logistiques longues, et d’intrants fossiles (engrais, pesticides, carburants).
Mais notre alimentation est aussi une cause majeure du dérèglement climatique : elle représente environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le Luxembourg dépasse de loin son « espace de fonctionnement sûr », notamment en matière de consommation de viande et de produits laitiers, selon le rapport 2024 de l’OPC. Une alimentation plus végétale, plus locale et comportant moins de gaspillage est donc une priorité pour atténuer notre impact.
L’OPC recommande une stratégie alimentaire nationale intégrée, liant santé, climat, biodiversité et résilience. Cela implique notamment :
une réduction progressive des cheptels et de l’usage des engrais de synthèse ;
la promotion de cultures diversifiées, résilientes et riches en nutriments ;
un soutien accru au maraîchage local ;
et des incitations à la gestion agroécologique des sols et de l’eau.
Les objectifs sont ambitieux mais essentiels : dédier 75 % des terres arables à la production d’alimentation humaine plutôt que d’alimentation pour du bétail d’ici 2030, porter la production légumière nationale à 20 %, et faire évoluer l’élevage vers des systèmes plus souples et régénérateurs des sols.
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) souligne que de tels changements apportent de multiples co-bénéfices : baisse des émissions, amélioration de la santé, réduction des inégalités et renforcement des communautés rurales. L’OPC y voit aussi un élément de réponse aux fragilités du système financier : en investissant dans des systèmes alimentaires régénérateurs, le Luxembourg peut allier souveraineté alimentaire, stabilité climatique et prospérité durable.
Changer nos habitudes alimentaires n’est ni marginal, ni anecdotique. C’est au contraire l’un des leviers les plus puissants pour faire face à la crise climatique et construire un avenir juste. Cela passe par des choix personnels, mais aussi par des politiques cohérentes, alignées sur les limites planétaires, qui facilitent ces choix. L’urgence est là.
Autrice et auteur : Ariane König, professeure assistante à l’Université du Luxembourg (Social Ecological Systems Research) et Jean-Pascal van Ypersele, professeur émérite à l’UCLouvain et professeur invité à l’ULiège, ancien Vice-président du GIEC. Tous deux membres de l’Observatoire de la politique climatique du Luxembourg.
Les membres de l’OPC sont : Sabine Dörry (présidente a.i.), Enrico Benetto, Claire Dupont, Ariane König, Mirjam Kosch et Jean-Pascal van Ypersele
Photos fournies par l’OPC
Pub
Deux actions simples mais puissantes pour la préservation de la planète
Dans le cadre du thème « Terre nourricière », voici deux gestes simples, gratuits et accessibles à tous, qui ont un impact direct sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), favorisent l’absorption du CO₂ dans l’atmosphère et soutiennent la biodiversité.
Contribution partenaire in4green
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
1. Lutter contre le gaspillage alimentaire
Plus d’un tiers de la nourriture produite finit à la poubelle.
Avec ce que nous produisons aujourd’hui, nous pourrions théoriquement nourrir 11 milliards de personnes. Pourtant, une énorme partie de cette nourriture est gaspillée.
Ce gaspillage représente un usage inutile de terres, d’eau, d’énergie, de travail, de pesticides, d’engrais, de transport et d’emballages… sans parler des 17 milliards d’animaux terrestres abattus pour rien.
Côté climat, les aliments jetés sont responsables de plus de 8 % des émissions mondiales de GES, soit bien plus que l’ensemble du secteur de l’aviation.
À elle seule, l’agriculture est à l’origine de plus de 25 % des GES mondiaux.
Si le gaspillage intervient à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, plus de la moitié se produit dans nos foyers.
Autrement dit, lutter contre le gaspillage alimentaire est l’action la plus efficace que chaque foyer peut entreprendre pour lutter contre le réchauffement climatique.
Pour aller plus loin : découvrez la campagne antigaspi.lu
2. Trier ses déchets organiques
Quand les déchets alimentaires se décomposent sans oxygène en décharge, ils produisent du méthane, un GES 84 fois plus puissant que le CO₂ sur une période de 20 ans.
Le méthane est responsable d’environ 30 % de l’augmentation des températures mondiales.
Mais comme il ne reste que 12 ans dans l’atmosphère (contre plus d’un siècle pour le CO₂), sa réduction a un effet rapide et significatif sur le climat.
Or, 50 % de nos déchets sont compostables, et chaque personne jette en moyenne 85 kg de biodéchets par an.
En triant nos déchets organiques, on évite qu’ils finissent en décharge, on réduit le méthane, et on fait un geste simple mais puissant pour la planète.
Pas envie de composter vous-même ? Demandez simplement votre poubelle marron : les déchets y sont collectés chaque semaine pour être valorisés.
Ces deux actions soutiennent les puits de carbone et la biodiversité
Moins de gaspillage alimentaire, c’est moins de pression sur les terres agricoles, donc moins de déforestation, moins de pesticides, et moins de destruction des habitats naturels - des causes importantes de la perte de biodiversité.
Les terres ainsi libérées peuvent devenir des puits de carbone (forêts, prairies…) capables d’absorber les GES déjà présents dans l’atmosphère.
De plus, le compost, lorsqu’il est épandu sur les sols, pourrait permettre de séquestrer entre 250 et 500 kg de CO₂ par tonne utilisée.
Il enrichit aussi le sol, améliore sa fertilité et augmente sa capacité à retenir l’eau – un atout précieux face aux changement climatique.
Alors, prêt·e à activer votre super pouvoir pour la planète ?
Honorer la Terre nourricière : consommer avec conscience et respect
La Terre, généreuse par nature, nous offre depuis toujours l’essentiel : eau, alimentation, plantes médicinales et quantités de matières premières qui soignent, nourrissent, embellissent. Cette richesse est soumise depuis des millénaires à la pression humaine et se retrouve dans un équilibre fragile, qu’il convient de respecter et de choyer.
Carte blanche
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
La Terre nourricière est autant munificente que vulnérable. Si elle semble être source d’abondance, il faut bien prendre conscience de ses limites et ne pas les dépasser.
Notre lien à la Terre se retrouve dans les produits que nous consommons.
Côté cosmétique :
Notre peau a besoin de soins sobres, efficaces, et sans danger pour elle, ni pour l’environnement. Les huiles végétales pures (argan, jojoba, amande douce) ou le beurre de karité sont des trésors que les peuples utilisent depuis toujours. Elles nourrissent, protègent, apaisent. Comme toutes les ressources, elles peuvent être surexploitées ; il faut donc veiller à choisir les bonnes filières, parfois marquées par des labels fiables.
Des alternatives plus locales et durables existent aussi : l’huile de noisette ou de cameline peut remplacer l’huile d’argan pour les soins du visage. Certaines plantes médicinales d’Europe, comme la calendula ou la camomille, ont des vertus tout aussi puissantes que celles importées de loin.
Les micas, couramment utilisés dans le maquillage, soulèvent de sérieuses questions éthiques liées à l’exploitation minière. Ces minéraux rares sont donc à utiliser avec parcimonie.
Les huiles essentielles - Le saviez-vous ?
Bien que très efficaces et d’origine naturelle, les huiles essentielles posent un énorme défi : leur concentration est telle qu’il faut parfois une tonne de matière végétale pour en extraire un petit flacon. Dans de nombreux cas, l’hydrolat – ou eau florale – apporte les mêmes avantages tout en étant moins énergivore.
Côté alimentation :
Au rayon nourriture également, certains aliments « à la mode » comme l’avocat, l’amande ou le quinoa, nécessitent de grandes quantités d’eau ou impliquent de lourdes pressions sur les sols et les communautés locales. L’eau, elle-même, est une ressource naturelle vitale qui devient de plus en plus rare dans certaines régions.
Des ingrédients plus locaux - pois, riz ou chanvre, par exemple – et issus de l’agriculture biologique, contribuent à un très bon apport nutritionnel tout en réduisant notre dépendance aux élevages intensifs.
Face aux enjeux écologiques, nous avons la responsabilité d’adopter une consommation plus raisonnée. Cela ne veut pas dire se priver de tout, mais apprendre à faire des choix éclairés. C’est dans cet état d’esprit que je sélectionne mes produits, de la plus simple huile végétale au plus savoureux des spiritueux, élaborés avec des recettes simples, sans additifs ni artifices.
Tout est déjà là, sous nos yeux. La Terre nous donne ce qu’il y a de meilleur, à nous de l’honorer en consommant avec conscience.
Par Anne-Gaëlle Halter, fondatrice de Halternatives
Portrait : Fanny Krackenberger
Pub
Du chocolat engagé, un lieu d’inclusion et de passion
Aux Ateliers du Tricentenaire, l’artisanat du chocolat rime avec respect de l’environnement et inclusion professionnelle. Entre matières premières Fairtrade, emballages durables et récits de travailleurs passionnés, le projet mêle exigence et engagement humain.
Article
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Depuis 2009, les Ateliers du Tricentenaire développent une approche unique, croisant excellence artisanale et responsabilité sociale. À la chocolaterie, tout commence avec des produits de haute qualité, certifiés Fairtrade, travaillés sans conservateurs ni additifs, jusqu’aux décors colorés naturellement – par exemple avec du jus de betterave ou de carotte. « Toutes nos pralines sont 100 % naturelles. Il n’y a rien dedans, même pas des conservateurs », précise fièrement Sandra, l’une des travailleuses de l’atelier.
Une philosophie durable et solidaire
L’engagement ne s’arrête pas aux recettes. Il se prolonge jusque dans le moindre détail, notamment dans la fabrication des emballages. « Nos chocolats sont soigneusement emballés à la main. Les sachets, tout est écologique », ajoute-t-elle. Biodégradables, recyclés, recyclables ou compostables, les emballages sont pensés avec une consommation d’eau minimale. Cette attention à l’environnement reflète une vision globale : celle d’un artisanat responsable, ancré dans une économie circulaire.
Les Ateliers collaborent également avec des épiceries sociales, des structures de l’économie sociale et solidaire, et des producteurs locaux. Cette proximité permet de créer des liens durables, d’ancrer la production dans le tissu luxembourgeois, tout en garantissant une traçabilité exemplaire. « On ne veut pas que les gens achètent notre chocolat par sympathie. Ils le choisissent d’abord parce qu’il est bon. Le fait qu’il y ait une plus-value sociale, c’est encore mieux », insiste Jérôme Colson, directeur des Ateliers.
Des parcours marqués par la résilience
Derrière chaque produit, ce sont des femmes et des hommes qui réinventent leur place dans le monde du travail. Sandra, ancienne caissière, a rencontré un parcours santé pour le moins chaotique. Grâce à son humour et sa détermination, elle a pu se reconstruire. « Quand je suis arrivée dans le foyer, j’ai tout de suite dit que je voulais retravailler. Rester toute la journée sans activité, ce n’était pas pour moi. »
Depuis quinze ans, elle est devenue un pilier des Ateliers. Responsable du contrôle des commandes, elle gère aussi les visites. « J’ai même acheté une marionnette pour accueillir les enfants, c’est mon ours Chocolat. Je leur lis un livre sur le chocolat, on parle de Fairtrade, de produits naturels... Ce sont de beaux échanges. » Elle résume avec fierté : « Aujourd’hui, je connais tout sur le chocolat. C’est devenu une passion. »
Helder, lui, a rejoint les Ateliers après un stage via le Centre de formation. Ses douleurs dorsales l’ont éloigné du secteur du jardinage. « Ici, le travail est adapté à mes capacités physiques. Et surtout, il n’est pas répétitif. Le temps passe vite, l’ambiance est super. » Il apprécie également l’écoute constante de ses encadrants. « Si on a besoin d’un coup de main, tout le monde est là. On sent qu’on peut compter les uns sur les autres. »
Moïse, ancien enseignant aux Pays-Bas, a rejoint la chocolaterie après un long parcours d’évaluation lié à son handicap visuel. « Avec une mini-cataracte incurable, j’ai vite compris que l’accès au marché du travail ordinaire serait compliqué. Il faut passer par plein d’étapes, consulter plusieurs médecins, attendre... » Grâce à des adaptations concrètes comme un livre de recettes aux lettres agrandies, il s’épanouit aujourd’hui dans son travail. « C’est une chance. Je suis heureux de fabriquer quelque chose que les gens peuvent manger… et c’est moi qui l’ai fait ! »
Un accompagnement sur mesure pour des talents uniques
Chaque personne intégrant les Ateliers passe par le Centre de formation, un tremplin pour identifier les aptitudes et aspirations de chacun. « Le but, c’est d’accompagner vers un projet professionnel réaliste. Soit pour réintégrer le marché ordinaire, soit pour s’épanouir durablement chez nous », souligne Jérôme Colson.
Les équipes éducatives jouent un rôle clé dans ce processus. Géraldine Renauld, éducatrice, décrit le fonctionnement. « On travaille de manière pluridisciplinaire. Avec les ergothérapeutes, éducateurs et chefs d’atelier, on adapte les postes si besoin. » Des entretiens d’évolution réguliers permettent de suivre les envies et les objectifs des travailleurs, « comme dans une entreprise classique », souligne-t-elle.
À la chocolaterie, 20 travailleurs évoluent sous la supervision de cinq superviseurs et d’une éducatrice dédiée. Chaque parcours est respecté, chaque difficulté prise en compte. Le cadre est bienveillant, mais les exigences sont réelles. « On peut aussi adapter le poste à la personne, pas juste demander à la personne de s’adapter au poste », résume Jérôme Colson.
Avec cette approche, on retrouve la volonté de redonner confiance et autonomie. « On essaie de donner un maximum d’informations aux travailleurs afin qu’ils comprennent ce qui est produit dans les ateliers », explique Géraldine Renauld. Car au-delà de la production, c’est la fierté de participer à une aventure collective qui donne du sens au quotidien. Un travail reconnu, valorisé et porteur d’avenir.
Sébastien Yernaux
Photos : Fanny Krackenberger
Pub
Les circuits courts trouvent leur voie dans la grande distribution
Produire durablement est une chose, en vivre en est une autre. Les produits made in Luxembourg doivent se trouver une place parmi pléthore de marques internationales. À l’heure où certains appellent au boycott des produits américains, que font les grandes surfaces pour encourager l’achat de produits locaux ?
Article
Partager l'article sur
Exemples avec Auchan et Delhaize.
Karima Ghozzi, porte-parole de Delhaize Luxembourg :
« L’ancrage local a toujours constitué un pilier pour Delhaize. En plus de 100 ans d’existence au Luxembourg, Delhaize a toujours accordé une importance particulière aux partenariats avec des acteurs locaux. Dans les rayons des magasins Delhaize au Luxembourg, on ne retrouve pas moins de 1.000 produits issus du Luxembourg. On peut par exemple mettre en lumière les collaborations avec des vignerons au sud du pays, des coopératives laitières à travers le Luxembourg, un boulanger/pâtissier en constante évolution et un boucher dynamique.
Plus concrètement, en 2024, Fairkoperativ / D’fairMellech nous a livré 144.000 bouteilles de lait. Domaines Vinsmoselle avec qui nous collaborons depuis 2011 nous a fourni 280.165 bouteilles en 2024 également.
Panelux, avec qui nous entretenons une excellente collaboration, connaît une croissance à deux chiffres en comparaison à 2023. Le partenariat EMO qui s’étend chaque année marque également la volonté de Delhaize de proposer aux Luxembourgeois les meilleurs produits de chez eux. »
Pierre Friang, responsable Marketing & Communication chez Auchan Retail Luxembourg :
« Soutenir l’agriculture locale fait partie de l’ADN d’Auchan Luxembourg. C’est pourquoi nous développons depuis plusieurs années des filières en circuit court, en collaboration avec des producteurs engagés et passionnés.
Nous avons ainsi mis en place une filière farine 100% luxembourgeoise avec les Moulins de Kleinbettingen, garantissant une traçabilité complète, du champ à l’assiette. Côté viande, notre filière bœuf Naturfleesch Lëtzebuerg valorise un élevage local de qualité, respectueux du bien-être animal et des pratiques durables.
Et ce n’est qu’un début : dès le mois de mai, une nouvelle étape sera franchie avec le lancement d’une boîte de 10 œufs élevés en plein air issus de la ferme Arend, un producteur luxembourgeois avec lequel nous renforçons notre partenariat.
Ces actions concrètes traduisent notre volonté de soutenir l’économie locale, de réduire les distances parcourues par les produits, et d’offrir à nos clients des aliments de qualité, au plus proche de chez eux. »
De la ruche au verger, deux visions engagées pour la planète
À travers l’apiculture et la culture de vergers anciens, Honapi et Ramborn incarnent un retour à l’essentiel : produire localement, avec respect, et rendre à la Terre ce qu’elle nous offre. Deux approches complémentaires d’une même vision, à savoir une culture régénératrice, solidaire et engagée.
Article
Partager l'article sur
Avec nos partenaires
À une époque où la production agricole s’est industrialisée, accélérée, déconnectée des rythmes naturels, certains choisissent d’aller à contre-courant. Geoffroy Vigneron et Carlo Hein, fondateurs respectifs de Honapi et Ramborn, partagent cette intuition : pour nourrir durablement les hommes, il faut d’abord soigner la terre. Apiculteur pour l’un, producteur de cidre pour l’autre, ils incarnent deux visages d’une même dynamique : cultiver autrement, en symbiose avec les écosystèmes locaux.
Chez Honapi, l’histoire commence dans les ruchers familiaux de Lorraine, puis prend racine au Luxembourg, où Geoffroy installe ses colonies sur un verger de mirabelliers. Là, les abeilles butinent librement dans un environnement préservé, contribuant à la pollinisation des arbres fruitiers tout en produisant un miel bio, local et traçable. Rien n’est laissé au hasard : des contenants végétaux sont à l’étude pour remplacer les pots, et les ruches elles-mêmes seront bientôt entièrement fabriquées au Luxembourg. Le projet est pensé dans une logique circulaire, de la ruche au rayon.
Chez Ramborn, cette circularité est une seconde nature. Premier producteur de cidre du Grand-Duché, la maison travaille exclusivement avec des vergers haute-tige, peuplés de variétés anciennes, sans engrais ni irrigation. Les fruits sont récoltés à maturité, pressés sur place, et chaque résidu trouve une nouvelle vie : compost agricole, eau-de-vie, ou fertilisant naturel. Même les bouteilles sont consignées dans une logique de mutualisation des ressources.
Ces deux démarches s’enracinent dans une même philosophie : produire en respectant les rythmes du vivant, s’inscrire dans un cycle vertueux, et transmettre plus que l’on ne prélève. Le lien entre abeilles et vergers n’est d’ailleurs pas qu’une belle image : il est biologique, concret, vital. Sans pollinisation, pas de fruits. Sans diversité florale, pas de miel. Sans sol vivant, pas de résilience.
L’approche est locale, artisanale, mais profondément stratégique. Honapi collabore avec des structures comme co-labor ou Bamolux pour développer une filière apicole 100 % luxembourgeoise. Ramborn, de son côté, fédère plus de 100 agriculteurs pour entretenir les vergers traditionnels et restaurer des paysages entiers. Chaque geste compte. Chaque action est pensée à long terme.
Ce que Geoffroy Vigneron et Carlo Hein partagent avant tout, c’est une vision de la durabilité qui dépasse les logiques commerciales. Ils croient en une économie ancrée dans le territoire, solidaire, circulaire. Tous deux valorisent le savoir-faire de leurs aînés tout en innovant à leur manière : ruches pédagogiques pour l’un, cidre ? de glace ou fermentation naturelle pour l’autre.
Loin des standards industriels, leurs productions portent en elles une autre idée de la richesse : celle d’un équilibre entre l’humain et son environnement. Produire sans épuiser. Transmettre sans appauvrir. Ils rappellent, chacun à sa façon, que la Terre nourricière ne donne vraiment que si on lui rend.
Terre nourricière : sa générosité a des limites et un prix
Il suffit de tendre la main : un fruit juteux, un morceau de pain, un verre d’eau fraîche. La Terre nous nourrit avec une générosité presqu’infinie. Or, cette générosité a des limites. Ces limites ne sont ni politiques, ni idéologiques, mais imposé par les lois de la nature.
Contribution partenaire in4green
Partager l'article sur
Avec notre partenaire
Le capital naturel a un prix
Dans une analyse , des économistes de la BCE ont dressé un bilan du capital naturel que dix écosystèmes européens ont, pour ainsi dire, mis à disposition en 2019 à l’économie productrice : leur valeur s’élevait à 234 milliards d’euros de bénéfice direct pour 4,2 millions entreprises. Ces entreprises, hors secteur financier, ont été responsables de la perte de 365 millions d’hectares d’habitat naturel qui ont été viabilisés pour la production. Or, trois quarts de ces entreprises dépendent directement des services des écosystèmes et rencontreront des problèmes sans le bon fonctionnement des écosystèmes.
Profitons du passage du ringard vers les renouvelables pour aider la Terre
Paul Zens
Nous consommons bien au-delà des capacités de la Terre et fonctionnons à ses dépens. Cela vaut aussi pour l’énergie. Elle est omniprésente car, comme le formulait déjà si bien le philosophe grec Anaxagore « rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » et justement ces processus de transformation sont au cœur du problème. En quelques générations seulement, nous avons réussi à brûler les ressources fossiles, que la Terre a mis des millions d’années à former. Nous avons bâti une civilisation énergivore, fonctionnant à grand renfort de pétrole, de gaz et de charbon, rejetant en passant dans l’atmosphère le carbone en trop, celui qui cause la surchauffe planétaire.
Profitons des changements des processus de transformation énergétiques pour organiser une véritable économie circulaire et une approche permettant de réduire l’agressivité de l’extraction. Le recyclage des panneaux solaires, des batteries, est facile. La production des batteries aux ions sodium, le sodium un élément commun, omniprésent, plus facile à extraire que le lithium, est moins envahissant pour la Terre.
La plus grande partie de l’énergie consommé au Luxembourg est importée, ce qui requiert des infrastructures grandes distances, « ressourcivores ». Profitons donc de la transition énergétique pour repenser les chaînes d’approvisionnement : les énergies renouvelables sont celles qui sont localement disponibles. Nous disposons d’un formidable potentiel pour produire notre propre énergie solaire, éolienne, biomasse. Ces sources sont complémentaires.
Profitons aussi de la complémentarité dans d’autres domaines : ainsi la combinaison agriculture et photovoltaïque ne permet non seulement de combiner production d’énergie et production alimentaire, idéalement d’une meilleure qualité par le biais d’une agriculture plus extensive, moins envahissante et les panneaux peuvent réduire le dessèchement des sols et favoriser la biodiversité.
Repenser notre rapport à la consommation
Si nous voulons préserver notre Terre nourricière, nous devons aussi apprendre à consommer mieux, plus consciemment et au bon moment, notamment quand les énergies renouvelables abondent et avec parcimonie quand ce n’est pas le cas. Non seulement notre portemonnaie en est reconnaissant, mais aussi l’écosystème, moins sollicité. Les coopératives et communautés énergétiques se prêtent parfaitement bien pour échanger de ces manières pour bien faire. Elles ne sont pas seulement une forme organisationnelle alternative, mais aussi une nouvelle manière d’envisager notre rapport à l’énergie, car local et proche des gens.
Vers une autonomie énergétique responsable
La transition énergétique et la transition écologique sont nécessaires et elles commencent par nous, par nos choix quotidiens, en petit et en grand. Produire localement, économiser intelligemment, investir dans des solutions durables – autant de gestes qui, mis bout à bout, peuvent réconcilier notre mode de vie avec les capacités de notre terre nourricière.
La Terre nourricière est une thématique est aussi précieuse que vaste. Nous vous invitons à prolonger la lecture de ce dossier du mois via quelques références intéressantes à nos yeux.
Article
Partager l'article sur
« Le manuel des jardins agroécologiques : Soigner la terre, mieux nourrir les hommes » de Pierre Rabhi
Résumé de l’éditeur : En accord avec la Terre et les hommes, l’agroécologie se fonde sur le fonctionnement naturel du sol, du végétal et des microorganismes pour assurer une production à la fois abondante et écologique. Ce manuel détaille les bases et les techniques de l’agroécologie pour pouvoir les appliquer dans les jardins potagers.
RABHI, Pierre. Le manuel des jardins agroécologiques : Soigner la terre, mieux nourrir les hommes. Paris : Éditions Actes Sud. Coédition Terre et Humanisme, 2012, 192 pages.
« La Troisième Voie du vivant » d’Olivier Hamant
Résumé de l’éditeur : Le culte de la performance conduit notre société à mettre en avant les valeurs de la réussite et de l’optimisation permanente dans tous les domaines. La lenteur, la redondance, l’aléatoire sont alors perçus négativement. Olivier Hamant, dans ce livre, tente de les réhabiliter en s’appuyant sur sa connaissance des processus du vivant. Que nous apprennent les sciences de la vie ? S’il existe bien des mécanismes biologiques remarquablement efficaces, des progrès récents mettent surtout en avant le rôle fondamental des erreurs, des lenteurs, des incohérences dans la construction et la robustesse du monde naturel. Le vivant serait-il alors sous-optimal ? En quoi une sous-optimalité d’inspiration biologique peut-elle constituer un contre-modèle au credo de la performance et du contrôle dans l’Anthropocène ? Face aux constats pessimistes et aux alarmes environnementales, l’auteur propose des pistes d’action pour éviter la catastrophe et esquisse des solutions pour un avenir viable et réconcilié avec la nature.
HAMANT, Olivier. La Troisième Voie du vivant. Paris : Éditions Odile Jacob, 2022, 288 pages.
« Rendre le monde indisponible » de Hartmut Rosa
Résumé de l’éditeur : Dominer le monde, exploiter ses ressources, en planifier le cours... Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d’aboutissement : la science, la technique, l’économie, l’organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l’existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l’inanité d’une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d’épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S’il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c’est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à questionner notre relation au monde.
HARTMUT, Rosa. Rendre le monde indisponible. Paris : Éditions La découverte, 2020, 144 pages.