Depuis un an, la planète entière retient sa respiration. Il aurait fallu prendre une sacrée inspiration lorsque la pandémie s’est déclarée, et nous avons hâte d’expirer un bon coup quand elle sera enfin maîtrisée. Mais combien de temps encore pouvons-nous retenir notre souffle ?
Le monde a connu d’autres pandémies et (spoiler alert) en connaîtra encore. En 2020, nous disposons d’un luxe que les populations ayant vécu la grippe espagnole ou la grippe asiatique ne peuvent que nous envier : Internet. Être connecté ne connaît pas de limite de distance, ne demande pas à se préoccuper de symptômes ou de désinfection. Être connecté permet à plusieurs milliards d’humains de maintenir un contact. Et même de définir leur taux de « Bonheur national brut » (Gross National Happiness) ?
Oui, en 2020, on peut apparemment établir un indice de bonheur en se basant sur les tweets publiés quotidiennement (en moyenne 500 par jour pour le Luxembourg). Le Statec, accompagné des universités de Johannesburg (UJ) et Auckland (AUT) a ainsi analysé ces messages de 140 caractères pour le Luxembourg et divers pays européens. Des résultats préliminaires ont été communiqués début janvier et indiquent notamment que le Bonheur national brut (BNB) évolue de manière inversement proportionnelle au nombre de cas de Covid-19 : une augmentation de cas mène à une diminution du BNB, et, de la même manière, les périodes de plus grandes restrictions impliquent une baisse du « taux de bonheur ». Fin octobre, le Luxembourg atteignait le score de BNB le plus bas en comparaison avec la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni.
Le niveau de bonheur d’une population a son importance pour l’économie d’une nation. L’introduction de cette même étude cite Krekel et al. : « Les personnes plus heureuses ont tendance à vivre plus longtemps et en meilleure santé, à avoir de meilleures situations d’emploi, à être plus productives et collaboratives et à causer moins d’absentéisme au travail » (traduction libre). Et ce bonheur ne peut pas éternellement être comblé par des repas de famille via écran interposé, des réunions Teams durant lesquelles les membres de l’équipe sont seuls et des séries Netflix comme principale source de divertissement.
Le télétravail à lui seul est un défi majeur pour les employeurs du Grand-Duché. Il remet en question les méthodes de travail et de management, et met surtout en péril les relations sociales entre les collaborateurs, contraints de papoter autour d’une machine à café virtuelle. Alors que le télétravail était désiré dans une mesure modérée, il se retrouve, forcé, à durée indéterminée.
2021 apporte tout de même de l’espoir à petites doses. Il faut continuer à respirer, à coups d’inspirations – qu’Infogreen tente de vous fournir chaque jour – et d’expirations.
Marie-Astrid Heyde