Le bois durable et circulaire : choix et défis pour bâtir
L’utilisation du matériau biosourcé nécessite des approches pluridisciplinaires et ingénieuses, le travail en équipe ainsi que le partage de bonnes pratiques. Le regard de Philippe Genot, Ingénieur en chef chez Schroeder & Associés S.A. et spécialiste de la filière bois.
L’utilisation du matériau bois dans la construction connait depuis quelques années un réel essor au Luxembourg. Le choix du maître d’ouvrage pour ce matériau biosourcé est très souvent pris dans le cadre d’une approche plus globale et durable. Des notions comme économie circulaire, énergies renouvelables, santé, régionalité, bilan carbone ou encore utilisation de matériaux biosourcés font souvent partie intégrante des réflexions. Beaucoup de projets de construction en bois ont donc, « par nature », une dimension durable et innovante.
Cependant, les discussions entre le maître d’ouvrage et les équipes de planification (architectes, ingénieurs, …) vont bien plus loin que la simple réalisation d’un plan ou de calculs statiques. En effet, un réel conseil en construction durable s’installe et, ensemble, cette équipe de maîtrise d’oeuvre se lance sur un chemin souvent novateur.
Un projet de construction en bois résolument durable, qui allie régionalité, santé et économie circulaire. Au vu du caractère très durable de cette construction, ce projet innovant est soutenu financièrement par le Ministère de l’Environnement, du climat et du Développement durable et le Ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire.
Le hêtre local et le chêne centenaire
Le choix d’utiliser par exemple du bois de hêtre local, issu de la forêt communale de Betzdorf, a mis les équipes devant de nouveaux défis : développer des nouveaux systèmes de cloisons/murs en utilisant du bois de hêtre connu pour sa « nervosité » et sa « sensibilité à l’humidité », organiser conjointement avec l’Administration de la Nature et des Forêts un planning détaillé calé sur les principes de la gestion durable de nos forêts (périodes de coupes, qualités de bois, volumes,…) ou encore organiser la chaine de valeur locale (coupe. séchage, …) pour transformer le bois sélectionné.
Le choix de la commune de réutiliser, en appliquant des principes de l’économie circulaire, du bois issu de projets de déconstruction est également une approche innovante. Ainsi un parquet centenaire en chêne massif issu de la déconstruction du Café de l’Amérique à Olingen retrouvera une nouvelle vie au sein de la nouvelle crèche. Les étapes de déconstruction soigneuse, remise en état, entre-stockage ou encore la pose finale doivent bien évidemment être planifiées et sont accompagnées de près par nos équipes.
Adapter le cadre
Force est de constater aussi que les solutions ne sont pas illimitées car nous nous trouvons bien évidemment dans le cadre légal et réglementaire strict de la construction, cadre qui n’est pas forcément adapté à tous ces nouveaux défis. Dans ce contexte, l’OAI vient de lancer pour le compte du Ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire une enquête nationale : « Questionnaire et relevé des problèmes importants et récurrents rencontrés lors de la réalisation de projets avec des matériaux biosourcés ».
L’objectif est d’identifier les points bloquants et de trouver ensemble des solutions adaptées.
Ces nouvelles « missions durables » confèrent à ces projets innovants des nouveaux défis à relever. Il s’agit bien souvent d’approches pluridisciplinaires et ingénieuses et le travail en équipe ainsi que le partage de bonnes pratiques nous semblent essentiels pour relever ces défis importants pour notre futur commun.
Philippe Genot, pour Schroeder & Associés, partenaire Infogreen
Photo et illustration : © Valente Architectes et ZRS Architekten / ©Sophie Margue