Banque de Luxembourg, certification B Corp

Le développement durable, créateur de valeur pour l’entreprise

À la faveur de sa certification B Corp (label qui certifie des entreprises ayant un impact sociétal et environnemental positif), la Banque de Luxembourg mobilise la communauté économique luxembourgeoise autour du développement durable lors d’une série d’ateliers.

Ils symbolisent sa volonté de sensibiliser les entreprises à considérer la transition durable comme un moteur de compétitivité. Gabrielle Da Costa, Chargée de Missions RSE et Charles Sunnen, Conseiller Entreprises & Entrepreneurs, nous expliquent cette démarche.

Quelles étaient vos motivations et vos attentes avant de vous lancer dans la fastidieuse aventure de la certification B Corp ?

Gabrielle Da Costa (GDC) : jusqu’alors, nous avons toujours évité les labels et les certifications en matière de responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise (RSE). Les standards B Corp nous ont convaincus parce qu’ils sont ambitieux, holistiques et cohérents. Nous étions à la recherche d’un cadre pouvant nous aider à adopter une approche d’amélioration continue et c’est exactement ce que la certification B Corp nous offrait.

Ce qui nous plaisait, est l’approche non pas en se concentrant sur un seul domaine, comme les produits d’investissement, mais plutôt holistique au travers des cinq piliers B Corp : clients, collaborateurs, communautés, environnement et gouvernance.

Au démarrage, il faut répondre à un questionnaire de 200 questions, le B Impact Assessment (BIA). Nous avons rapidement constaté qu’il nous servirait d’outil, voire de boussole, pour définir une feuille de route stratégique sur plusieurs années.

Mais c’est surtout un autre point qui nous a convaincus : la philosophie qui unit cette communauté d’entreprises pionnières en matière de développement durable qui concilie performance et développement durable.

À la Banque de Luxembourg, nous avons toujours adopté une démarche responsable dans la façon de pratiquer notre métier. La certification étaye des pratiques constitutives de notre ADN, comme une cerise sur le gâteau.

Pour que l’on comprenne bien son utilité, quels exemples d’améliorations pratiques liées au processus B Corp pouvez-vous me donner ?

GDC : l’un de nos grands chantiers est l’analyse de la chaîne d’approvisionnement en matière de RSE. Pour ce faire, il s’agit de bien évaluer nos fournisseurs et d’établir une politique et une procédure d’achats responsable. Tous les aspects sont ciblés : l’impact carbone, les déchets, la gouvernance, l’apport social de l’entreprise, etc.

Pourquoi avoir choisi de vous impliquer dans des ateliers centrés sur le développement durable des entreprises familiales ?

Charles Sunnen (CS) : il faut remonter aux origines du département pour bien comprendre l’historique. La Banque de Luxembourg existe depuis un peu plus de 100 ans. Elle compte trois grands types de clients : clients privés, professionnels de la finance et entreprises et les entrepreneurs.

Notre département s’est développé spécifiquement pour une clientèle largement composée d’entrepreneurs. Aujourd’hui, nos clients sont des entreprises familiales en deuxième ou troisième génération, essentiellement luxembourgeoises. Ce sont de moyennes et grandes structures actives dans les secteurs traditionnels au Grand-Duché : construction, industrie, commerce, transport, grande distribution, informatique et communication.

Elles ont des besoins de services bancaires habituels, tels les comptes courants, la gestion des flux quotidiens etc., et, sur le court et le moyen termes, de solutions de financement de projets, d’équipements ou immobiliers, de développement, des besoins en trésorerie, des garanties bancaires etc.

Dans ce contexte, pourquoi leur proposer des ateliers ? Dans le cadre de notre certification B Corp, notre département détermine des missions. Or, notre principale ambition, c’est de sensibiliser nos clients, mais également nos prospects entreprises, aux enjeux climatiques, sociaux et de gouvernance.

B Corp incite sa communauté de membres à faire rejaillir ses valeurs sur les partenaires et les collaborateurs. C’est la raison pour laquelle nous avons établi un programme d’engagement, co- construit et co-animé avec TrAxxion, experts en responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise qui ont déjà accompagné de nombreuses entreprises représentatives de notre cible de clients.

En quoi le développement durable est-il vecteur de performance pour une entreprise ?

CS : il est important pour nous de faire passer un message : la durabilité n’est pas juste un mot à la mode, mais un élément-clé de la stratégie d’une entreprise. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont le fondement de l’économie luxembourgeoise, représentant en nombre 99% des entreprises luxembourgeoises pour deux tiers de la valeur ajoutée et de l’emploi.

Aujourd’hui, les grandes entreprises sont confrontées aux questions de l’éthique, des enjeux climatiques et des ressources limitées ; s’y rajoute dès 2026 la taxonomie européenne. Si celles-ci doivent organiser des chaînes d’approvisionnement durables en cascade, leurs fournisseurs qui sont des PME seront forcément impactés.

De plus, les témoignages ainsi que les données statistiques remontent le fait que les clients finaux sont sensibles à une approche responsable, prêts à payer un surcoût pour un produit ou service qui intègre la durabilité, véritable argument qui peut départager des concurrents ou un collaborateur.

GDC : aujourd’hui, la performance d’une entreprise dépend en grande partie des compétences de ses collaborateurs. Les jeunes générations veulent savoir quelle est la contribution de l’entreprise pour la communauté, la société et la planète ; elles ont de grandes attentes éthiques, environnementales, sociales et de bonne gouvernance. Beaucoup d’entreprises ne sont pas encore en mesure de leur apporter des réponses adéquates.

Après l’obtention de la certification, nous avons réalisé une série de formations et d’entretiens en interne pour expliquer à nos plus de mille collaborateurs la raison et la pertinence de B Corp. Leurs retours étaient édifiants et ils étaient ravis de pouvoir partager leurs points de vue. Pour la marque employeur, la RSE est un atout incontournable.

Pensez-vous parvenir à matérialiser les grandes théories ESG ou B Corp dans des avancées concrètes ?

CS : par le biais de nos programmes ou autres initiatives, notre vocation est de faire comprendre aux entreprises et à la communauté qu’il y a un changement de paradigme irrévocable. Si chacun comprend l’interdépendance entre la gouvernance, l’environnement et le social, on parviendra à faire évoluer la réflexion systémique ; ce sera un bon départ. L’histoire retiendra qu’une vie ne se résume pas au profit.
Nous essayons de démystifier les grands concepts RSE, d’expliquer qu’il est facile d’agir, qu’il y a des aspects très pratiques et que même si on est un petit État, chacun a vraiment un rôle à jouer dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

Prenons l’exemple de l’accès au crédit qui est un objectif ODD. Nous proposons un financement qui tient compte de la stratégie ESG du demandeur. Pour l’expliquer simplement, l’atteinte d’objectifs élaborés avec le client donne droit à une bonification sur la marge d’intérêt de son crédit. Ainsi, il y a donc moyen de faire évoluer un produit afin de générer un impact positif.

Plus important encore, le remboursement d’un crédit nécessite un cash flow durable. Ignorer les enjeux ESG est un véritable facteur de risque. La durabilité rend le produit performant sur le long terme.

Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui souhaite entamer sa transition vertueuse ?

CS : les questionnaires, comme celui de B Corp, sont accessibles en ligne. Il est très facile de faire son auto-évaluation et de se challenger.

La majorité des entreprises ont déjà mis en place une série d’actions RSE, sans nécessairement en avoir conscience. La durabilité n’est pas une science obscure, il ne faut pas avoir d’appréhension à son sujet ; et si besoin, on peut se faire accompagner comme à travers nos ateliers.

Soulignons que la démarche responsable doit forcément être portée par l’entité qui définit la vision et la stratégie, qui prend les décisions impactantes. Elle ne peut être la seule responsabilité d’un département spécifique, même s’il sera un excellent relais. La réflexion doit être portée par les instances de décision les plus élevées. Rien ne vaut un décideur convaincu qui croit en l’approche, pour générer l’adhésion générale du groupe.


Vous souhaitez en savoir plus sur le développement durable comme créateur de valeur pour votre entreprise ?

Contactez Charles Sunnen, Conseiller Entreprises & Entrepreneurs :

📧 Mail ➡️ charles.sunnen@bdl.lu
☎️ Tél. ➡️ +352-49 924 3061)


Propos recueillis par Sébastien Michel

Photos : Marie Champlon
Cet article est extrait du ➡️ dossier du mois consacré aux transitions et qui a pour titre « Embarquement immédiat »

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Publié le mercredi 27 mars 2024
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