Le potentiel des ressources locales abondantes
Depuis plusieurs années, le bureau d’architecture Coeba s’engage dans l’usage de matériaux de construction durables, tels que la paille, l’argile, la laine de mouton et le bois de hêtre.
Coeba a récemment fêté son 45e anniversaire dont les quinze dernières années sous la direction de Dave Lefèvre, Olivier Georges et Marco Ramos. Au cours de ces quinze années, les réflexions environnementales sont devenues de plus en plus présentes. « Mais depuis cinq ans, notre engagement environnemental est devenu une priorité à la suite d’un questionnement simple : où voulons-nous être dans cinq ou dix ans ? » explique Dave Lefèvre. Ils étaient à l’époque cinq à prendre des décisions et avaient pour priorité commune le développement durable. « Nous voulions tous laisser une empreinte positive ».
L’équipe s’est donc attelée à la recherche de matériaux durables et locaux peu utilisés, notamment dans le cadre de la construction de la maison relais à Angelsberg (livrée en septembre 2017, présentation complète ici), mais également pour leurs projets actuels et futurs.
La paille
Encore peu exploitée au Luxembourg, la paille est pourtant une ressource renouvelable annuellement. En France, elle est utilisée dans la construction depuis plus de dix ans. « Nous avons fait appel à l’expérience de nos voisins français pour y intégrer les règles de mise en œuvre et à l’expertise d’ingénieurs allemands pour les études hygrométriques dynamiques afin d’éviter tout risque de moisissure ». Des caissons en épicéa remplis de paille, préfabriqués en atelier, constituent l’enveloppe thermique de la maison relais.
L’argile
Omniprésente sur les chantiers d’excavation, l’argile nécessite une évacuation spécifique coûteuse vers les décharges. Elle a pourtant notamment d’excellentes qualités de régulation hygrométriques des pièces. Des maçonneries en briques de terre cuite et des panneaux en argile utilisés pour constituer des cloisons légères ont été recouverts d’un enduit composé d’argile et de paille. Le tout avec un bilan carbone ultra-négatif !
Le bois de hêtre
Actuellement, une grande partie des bois de nos forêts est utilisée comme combustible ou exportée pour la fabrication industrielle de meubles. Cette ressource renouvelable peut être préassemblée en atelier et désassemblée en fin de vie du bâtiment pour une nouvelle utilisation.
La laine de mouton
Très efficace pour isoler acoustiquement et thermiquement, de la laine de mouton européenne a été assemblée dans des cadres de bois recouverts de feutre en laine de mouton et suspendus au plafond pour constituer des baffles acoustiques. Le personnel du service technique de la commune d’Angelsberg a lui-même rempli et habillé ces panneaux durant l’hiver et a obtenu d’excellents résultats.
Des projets pensés circulaires
L’atout commun à tous ces éléments est qu’ils peuvent être préfabriqués en atelier dans des conditions optimales, quelle que soit la saison.
La maison relais est une construction hybride béton-bois. Pour tirer le meilleur profit de ces matériaux, la structure porteuse a été réalisée en béton, permettant d’en activer l’inertie. L’avantage est de pouvoir garantir une certaine régulation de la température sans devoir recourir à une climatisation.
La ventilation des salles de classe est assurée par une motorisation intelligente des fenêtres évitant des groupes de ventilation mécanique. La géothermie et des panneaux photovoltaïques viennent encore compléter l’apport naturel et inépuisable en énergie pour le bâtiment.
Les matériaux de façade à eux seuls ont permis d’épargner 104 t de CO2, soit l’équivalent de 45 000 l d’essence.
Coeba architectes travaille également sur des projets d’assainissement de logements, en employant toujours des matériaux durables, démontables et réutilisables dans une réflexion globale sur l’économie circulaire.
Marie-Astrid Heyde
Photo Dave Lefèvre : Fanny Krackenberger
Photos maison relais Angelsberg : Steve Troes
Article tiré du dossier du mois « Bâtisseurs du futur »