Les éco-matériaux dans LENOZ
Les matériaux de construction sont une composante essentielle de la durabilité d’un bâtiment. LENOZ évalue leur incidence environnementale en fonction de 5 critères.
Interview de Markus Lichtmeß, dr. ing., GOBLET LAVANDIER & ASSOCIÉS
Quelle est la place/l’importance des matériaux de construction dans le processus de certification LENOZ ?
Les matériaux et éléments de construction jouent évidemment un rôle de premier plan dans l’évaluation LENOZ. Cependant, le processus de certification LENOZ ne se concentre pas seulement sur ces aspects. Cette certification vise plutôt à indiquer la durabilité globale d’un bâtiment, ainsi que son intégration dans l’environnement.
L’évaluation écologique des matériaux et des éléments de construction prend en considération les incidences environnementales et le besoin en énergie primaire lors de la production et sur l’ensemble du cycle de vie. La classification du bâtiment s’établit systématiquement via une comparaison avec un bâtiment conçu selon une méthode de construction « conventionnelle ». Pour ce faire, toutes les composantes de l’enveloppe thermique du bâtiment et de la structure intérieure, comme les dalles et les parois intérieures, sont regroupées dans une valeur caractéristique du bâtiment, qui sera ensuite comparée à une valeur de référence établie spécifiquement pour ce projet. Cette méthode permet de comparer des bâtiments en toute transparence, même si leur architecture diffère. Par rapport à la totalité des critères, l’évaluation des incidences environnementales et du besoin en énergie primaire pour construire le bâtiment représente environ 17 % de l’ensemble de l’évaluation LENOZ.
La démontabilité des éléments de construction joue également un rôle essentiel dans l’évaluation de la durabilité. La connaissance des matières et des matériaux utilisés pour construire le bâtiment et la possibilité de les séparer facilement les uns des autres sont les bases à poser pour permettre un futur recyclage de l’édifice.
Comment définit-on un matériau de construction écologique ? Quels sont les critères qui permettent de déterminer si un matériau est écologique ou non ?
L’évaluation se base sur cinq incidences environnementales : le potentiel d’eutrophisation, le potentiel d’acidification, le potentiel de création d’ozone photochimique, le potentiel de déplétion ozonique, ainsi que les émissions de CO2 (réchauffement climatique) et le besoin en énergie primaire pour produire les matériaux de construction. Dans l’évaluation LENOZ, les effets sur l’environnement sont résumés dans un indicateur commun, appelé « lenv ». Le besoin en énergie primaire pour produire les matériaux de construction (énergie grise) et le besoin en énergie primaire des installations techniques (chauffage, production d’eau chaude sanitaire, ventilation et énergies auxiliaires) sont agrégés en un indicateur « Iprim ». Cela donne un bon aperçu de la quantité proportionnelle d’énergie primaire nécessaire pour construire un bâtiment par rapport à celle qui est nécessaire pour le conditionner sur une durée de 30 ans.
L’évaluation d’un matériau de construction se fait de manière uniforme au moyen des « déclarations environnementales de produit » (Environmental Product Declaration, EPD). Celles-ci permettent une comparaison transparente entre les différents matériaux de construction et les fabricants disposent d’une méthode standardisée pour évaluer leurs produits via l’EPD. Dans le cadre de la certification LENOZ, il est possible de consulter une vaste base de données qui comprend aujourd’hui des informations sur quelque 1 000 matériaux de construction généraux ou spécifiques à certains fabricants. Grâce à cet outil, les fabricants qui produisent des matériaux de construction selon des méthodes particulièrement respectueuses de l’environnement et qui font évaluer ce processus, ainsi que les matériaux au moyen d’une déclaration environnementale de produit (EPD) affichent un haut niveau de transparence sur le marché.
L’incidence des matériaux sur la santé humaine est-elle prise en considération dans LENOZ ?
La santé et la qualité de l’air intérieur constituent un critère très important. L’évaluation LENOZ comprend actuellement des critères pour les matières et les matériaux de construction qui sont plus ou moins en contact direct avec l’intérieur. Dans la mesure du possible, ces matériaux devraient être exempts de polluants, et les critères en la matière concernent les revêtements de sol, leur pose et le traitement de leur surface, les enduits, la tapisserie et la peinture, ainsi que les câblages électriques. L’expérience montre cependant que les matériaux de construction utilisés dans l’enveloppe thermique du bâtiment ne sont pas les seules sources de la présence éventuelle de taux de polluants atmosphériques trop élevés dans les édifices. Bien souvent, ce sont les meubles, les produits de nettoyage ou encore d’autres objets qui présentent un important potentiel d’émission de composés organiques volatils (COV). Une fois que les bases ont été établies pour garantir le faible potentiel d’émission des produits de construction employés, des points de durabilité supplémentaires peuvent donc être octroyés dans l’évaluation LENOZ si la qualité de l’air intérieur du bâtiment est mesurée et que le bâtiment présente toutes les garanties de sécurité. Cette procédure permet de garantir un meilleur niveau de sécurité pour les occupants. Le critère relatif à la santé et à la qualité de l’air intérieur devrait toutefois être examiné plus en détail à l’avenir.
Quels sont les matériaux à privilégier, ceux qui apportent le plus de points dans le cadre de cette certification ?
Il s’avère difficile de répondre à cette question de façon globale et complète. Les matériaux produits à partir de ressources renouvelables sont souvent avantageux sur le plan des incidences environnementales et du besoin en énergie primaire. Néanmoins, cela varie beaucoup d’un matériau de construction à l’autre. Je vous donne un exemple : l’utilisation de coton conventionnel pour l’isolation en Europe a un impact relativement important sur l’environnement, en raison des longues distances de transport nécessaires, de l’utilisation intensive de pesticides et du fait que ce matériau est généralement produit en monoculture. Ce coton obtient donc un plus mauvais score que la laine minérale dans l’évaluation des matériaux de construction. Cependant, s’il s’agit d’un coton produit de façon écologique, ce matériau d’isolation devient alors beaucoup plus respectueux de l’environnement. Il ne faut donc pas seulement suivre son intuition, mais aussi comparer les matières et les matériaux de construction entre eux.
Dans le cadre de la certification LENOZ pour un bâtiment neuf, l’ensemble de la construction est examiné – c’est-à-dire pas seulement l’isolation, mais aussi la structure portante. Pour la structure portante, le bois est naturellement un matériau respectueux de l’environnement. Cela ne signifie toutefois pas que les bâtiments érigés en construction massive ne peuvent pas, eux aussi, se classer dans la catégorie la plus durable, pour autant qu’ils utilisent des matériaux isolants respectueux de l’environnement. L’un des objectifs est aussi de favoriser des méthodes de construction plus économes en ressources à l’avenir et de combiner des systèmes éprouvés avec de nouvelles approches. Cela fait déjà une différence si, au lieu de construire une dalle de sol d’une épaisseur standard de 35 à 40 cm parce qu’on a toujours fait comme ça, on étudie la situation de plus près pour voir si une épaisseur de 25 cm ne suffirait pas sur le plan statique. Ceci montre bien la nécessité d’une étroite collaboration entre l’ensemble des intervenants du processus de planification, afin de réaliser avec succès des bâtiments durables.
Source : NEOMAG
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