Les matériaux de construction, clef de voute de projets durables

Régis Bigot, architecte et Innovation Project Manager (Neobuild GIE) a présenté des alternatives aux matériaux actuels. Les déchets sont une piste, les prérequis à leur exploitation étant de cartographier les gisements, collecteurs et utilisateurs, de les caractériser et quantifier dans des inventaires et banques, et de créer des centres de récolte. Il est essentiel aussi de convaincre que les matériaux de réemploi, de recyclage et biosourcés ont des propriétés similaires à celles des matériaux neufs. Enfin, il faut raccourcir les circuits de transformation et d’approvisionnement, s’interroger sur la fonctionnalité des matériaux et la sincérité des usages, former les artisans à leur mise en œuvre, se méfier des lieux communs (typiquement : « le bois va sauver la construction ») et que toute la chaîne travaille de concert.

Éric Hübsch, Lead Scientist (DuPont de Nemours) a montré comment une industrie traditionnelle s’y prend pour réduire son empreinte carbone en tenant compte des ressources nécessaires pour fabriquer un produit mais aussi de son cycle de vie. Des questions se posent qui marquent la différence entre un prototype et un produit qui sera réellement utilisé : peut-on se passer des matériaux polymériques quand on a besoin de flexibilité ? Pour certaines applications, ne faut-il pas préférer la viabilité à la biodégradabilité ? Le marché est-il prêt à payer le prix pour des produits durables ?

Christian Rech, fondé de pouvoir (Cimalux) a rappelé que le béton est difficilement substituable. Néanmoins, la quantité consommée est problématique : plus d’un million de m³/an au Luxembourg, soit plus de 600.000 t de CO₂ émises. Cimalux a établi une feuille de route qui porte sur l’ensemble de la chaîne de valeur et évoque plusieurs leviers : captage du CO₂ et utilisation de matières premières et combustibles alternatifs lors de la production de clinker, substitution d’une partie du clinker dans le ciment, utilisation raisonnée du béton dans la construction par exemple en privilégiant la conception mixte ou en employant les bétons appropriés (pas de sur-qualité).

Stéphane Hardy, Project Manager Luxembourg (Hydro Group) a parlé de la filière aluminium. Depuis 2018, Hydro a adopté une approche holistique dont l’objectif est de diviser par deux ses émissions de CO₂ d’ici 2025. Toute la chaîne est considérée depuis l’approvisionnement en matière première jusqu’à la fin de vie. Dans les produits, cela se traduit par le développement de l’aluminium Circal 75R, désormais standard, dont le footprint est de 2,3 kg de CO₂ par kg d’aluminium et du Circal 100R (0,5 kg de CO₂ par kg d’aluminium).

Les événements Meet&Build sont récurrents ! Inscrivez-vous dès maintenant au Meet&Build #9 qui se déroulera le 19 mars et traitera de l’enveloppe du bâtiment.

Les événements Meet&Build sont organisés par l’IFSB (Institut de Formation
Sectoriel du Bâtiment) avec Neobuild et en partenariat avec Picto Communication Partner, maison éditrice d’infogreen.lu

Mélanie Trélat
Photos : Fanny Krackenberger