Pour ne plus que le bâtiment soit une « black box »
BIM et gestion des déchets de construction ? Le lien n’est pas évident à première vue. Pourtant, en plus des avantages qu’il peut apporter lors des phases de conception, de construction et d’exploitation d’un bâtiment, le BIM a également un rôle important à jouer à la fin du cycle de vie d’un bâtiment. En phase de déconstruction, il permet, en effet, d’identifier avec précision les matériaux et systèmes de fixation mis en œuvre et, ainsi, de favoriser la réutilisation ou le recyclage.
Rencontre avec Eric Corrignan, conseiller en environnement à la SuperDreckskëscht
On sait déjà que le BIM, utilisé en amont d’un projet de construction en phase de conception, parce qu’il permet de métrer et de quantifier avec une grande précision les matériaux nécessaires, peut être utile pour prévenir le gaspillage de matériaux, donc la production de déchets lors de la phase de chantier.
Lors de la déconstruction, il peut aussi simplifier considérablement le tri. Toutes les informations relatives aux matériaux employés étant inscrites dans la maquette numérique, il permet de connaître clairement ce qui a été utilisé, où et comment, dans le bâtiment. « En effet, le BIM peut être intéressant au moment de procéder à la déconstruction d’un bâtiment. Il permet de recenser un maximum de données relatives aux matériaux qui composent le bâtiment et aux systèmes de fixation qui ont été utilisés. Plus on dispose d’informations et plus il est facile de déterminer quelles sont les bonnes voies de valorisation des différentes matières, leur recyclage ou même la réutilisation de certains éléments dans d’autres bâtiments, dans une optique d’économie circulaire. Les matériaux ne passent ainsi pas par la phase déchet, mais deviennent des ressources. Si on leur trouve des débouchés, ils peuvent même prendre de la valeur », explique Eric Corrignan, conseiller en environnement à la SuperDrecksKëscht.
Certains produits ou matériaux peuvent être démontés et seraient directement réemployables dans d’autres bâtiments. C’est le cas des portes, fenêtres et de tout ce qui peut être retiré sans être endommagé. D’autres sont recyclables, comme l’aluminium ou les tuyaux en polyéthylène qui est un produit en plastique pour lequel il existe actuellement une valorisation matière. D’autres produits par contre, comme le plâtre, ne sont pas valorisables, ou bien les solutions pour le faire ne sont pas soutenables économiquement.
Mais avant toute chose, encore faut-il être en mesure de qualifier ce que le bâtiment renferme précisément. C’est ce que le BIM ouvre comme perspective. « Aujourd’hui, un bâtiment est un peu une black box. C’est un véritable travail de détective que de déterminer les matériaux qui ont été utilisés pour le construire. Pour les connaître, il faut réaliser une enquête assez lourde, réaliser des carottages et des analyses qui permettent de déceler d’éventuels produits problématiques comme l’amiante, ou d’autres pour lesquels il n’est, à l’heure actuelle, pas évident de trouver des filières de traitement. Plus on aura de données sur le bâtiment, plus il sera facile de déconstruire de façon sélective dans le futur », explique-t-il.
En permettant d’optimiser le réemploi ou le recyclage des matériaux grâce aux données qu’il contient sur les produits employés, leurs caractéristiques et leur quantité, le BIM permet de réduire le volume des déchets de construction, donc plus largement l’empreinte environnementale des bâtiments.
Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#42
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