Sensibiliser et former au BIM pour la performance énergétique des bâtiments
Le projet BIMEET a pour objectif d’établir un cadre de formation sur l’application du BIM en lien avec l’efficacité énergétique des bâtiments. Un démonstrateur d’usages BIM sur chantier a déjà été développé et les premiers modules seront au programme avant la fin de l’année.
Rencontre avec Sylvain Kubicki, Dr. arch. senior research & technology associate au LIST
BIMEET (BIM pour BIM et EE pour efficacité énergétique) est un projet financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020. Il regroupe cinq pays (le Luxembourg, qui est coordinateur, la France, le Royaume-Uni, la Finlande et la Grèce) au sein d’un partenariat basé sur la complémentarité entre instituts de recherche ou universités et centres de formation. Au Luxembourg, il est piloté par le LIST en collaboration avec la House of Training et l’IFSB, plus précisément la LUSCI (Luxembourg Smart Construction Institute). Des axes de formation ont été identifiés à travers une matrice de compétences et différents modules ou scénarios ont déjà été élaborés. Avec la LUSCI, une initiative de formation a débuté. Son objectif est de former les PME de la construction (par exemple les entreprises de construction, installateurs, sociétés de maintenance) aux usages du BIM pour des questions relatives à l’étanchéité ou à l’isolation des façades, et la performance des systèmes techniques.
Les maquettes numériques, de par leurs divers usages, apportent une plus-value à tous les acteurs qui interviennent tout au long d’un projet de construction. Du point de vue de l’efficacité énergétique des bâtiments, on peut tirer parti des maquettes 3D dès les premières phases de conception pour améliorer les simulations de consommation énergétique, et jusqu’à la phase de gestion et de maintenance où elles permettent de disposer de modèles plus précis du comportement énergétique du bâtiment. Elles sont bien sûr utiles aussi au moment de la construction à proprement parler. S’appuyant sur la matrice de compétences développée par l’équipe européenne du projet, la future formation « BIM pour les PME » entend couvrir les besoins des entreprises de construction sur les chantiers, des postes d’encadrement (chefs de chantier, etc.) et de gestion jusqu’aux postes opérationnels (ouvriers, techniciens de maintenance, etc.).
« Nous avons clairement identifié un besoin de formation aux outils digitaux pour les professionnels qui travaillent sur chantier. Ils manipulent de plus en plus souvent une information dématérialisée, sur des tablettes, ce qui offre un certain nombre d’avantages, dont le fait que les plans dont ils disposent sont toujours les dernières versions fournies par le concepteur, mais présente aussi des limites technologiques. Au-delà de ces limites, il y a un besoin de sensibilisation aux différents niveaux de l’entreprise : il faut, d’une part, convaincre les responsables, managers et la direction du bien-fondé d’investir dans des outils numériques et d’autre part, pour en tirer toute la valeur ajoutée, s’assurer que les acteurs opérationnels se dotent des compétences nécessaires pour les utiliser. « Pour que les modèles numériques soient réellement utilisés sur chantier et pour qu’ils apportent une vraie plus-value aux travailleurs, il est nécessaire de les former pour qu’ils comprennent la structure d’une maquette BIM, apprennent l’utilisation de logiciels adaptés à leurs besoins et acquièrent la dextérité nécessaire pour naviguer de façon efficace dans cet environnement 3D », indique Sylvain Kubicki, senior research & technology associate au LIST.
L’équipe souhaite proposer cette formation sur le sujet aux PME et c’est la LUSCI qui est aux manettes de son inscription au catalogue pour la fin de l’année. Pour cerner les usages du BIM et être sûr que le contenu de la formation soit adapté aux besoins sur le terrain, l’équipe du projet a mis au point un prototype de démonstrateur sur lequel les stagiaires pourront manipuler des outils dans un contexte de chantier. « L’idée est de leur permettre de mettre les mains dans la pratique en alternance avec les cours théoriques qui visent le transfert de connaissances. Le démonstrateur gomme les limites entre la maquette physique et la maquette virtuelle. L’environnement 3D permet de naviguer dans le bâtiment et d’accéder à des informations techniques. Dans le scénario que nous avons élaboré, il s’agit de télécharger la fiche technique et de repérer le numéro de série d’une valve qui contrôle un système de chauffage par le sol. Son « jumeau » physique permet de s’assurer que toutes les étapes à réaliser manuellement pour changer cette valve (trappe à ouvrir, pièce à localiser, numéro de série à trouver et à relever, etc.) ont été assimilées via la maquette 3D. L’apprentissage réalisé sur l’outil numérique est ainsi directement confronté à une réalité de terrain », explique-t-il.
La formation sera introduite en e-learning, formule qui permettra de transmettre aux participants, sous forme de courts modules en ligne, les bases des connaissances et des manipulations en amont de la formation et de leur donner les prérequis nécessaires dans les domaines de l’efficacité énergétique et des usages BIM.
La prochaine étape sera de réunir le groupe de travail composé des chargés de projet au LIST et à la LUSCI et de responsables d’entreprises pour identifier clairement les compétences et usages technologiques à transmettre aux participants.
Mélanie Trélat
NEOMAG#24
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