Un projet commun dès le premier trait de crayon
Comme il est plus facile de construire directement des immeubles parfaits au lieu de les améliorer par la suite, il est primordial de penser, prévoir et inclure la production et la consommation de l’énergie provenant des sources renouvelables.
Jusqu’il y a peu, les énergies nouvelles se greffaient aux anciennes. Aujourd’hui, elles les remplacent directement. Cela veut dire que dans de nombreux secteurs, dont celui du bâtiment, des changements dans la manière de réfléchir et d’agir s’imposent.
Sur www.archipv.lu, c’est-à-dire la version digitale du « Guide luxembourgeois d’intégration architecturale des panneaux solaires photovoltaïques » publié pour la première fois fin 2020 par Eurosolar Lëtzebuerg, on peut découvrir comment on peut marier le potentiel du photovoltaïque aux besoins du maître d’ouvrage.
Que ce soit pour une maison unifamiliale, pour un immeuble résidentiel, un bâtiment pour bureaux ou une école, un atelier artisanal ou une construction à vocation industrielle, chacun construit d’abord pour soi, en fonction de ses besoins. Cependant, il construit également dans un environnement, un contexte sociétal, ainsi que dans le temps et l’espace, ce qui lui accorde une responsabilité supplémentaire dans ce qu’il fait, notamment en ce qui concerne la production d’énergie renouvelable. Mais pas seulement ! Cela veut dire que plus aucune construction ne peut être planifiée et réalisée sans une attention particulière aux énergies renouvelables.
Évidemment, cela vaut pour la production, tout comme pour la consommation. Les constructions ne peuvent que passer par une grande sobriété énergétique lors de leur réalisation, mais également dès le début de leur occupation. La gestion de l’énergie grise, c’est-à-dire l’énergie utilisée lors de la construction ainsi que l’aspect « second life » des matériaux, devient de plus en plus importante. Il faut quitter le système linéaire qui consiste à se limiter à jeter les matériaux après utilisation. Il s’agit de ressources, plutôt que de déchets.
La sobriété énergétique a toujours été considérée comme le parent pauvre de la transition énergétique parce qu’elle est une solution bien morne par rapport à une transition technologique à grande envergure, faisant preuve d’ingéniosité, de créativité et de savoir-faire. Malheureusement l’économie de l’énergie ne se trouve nulle part dans les taxonomies, contrairement à d’autres techniques désuètes et périlleuses.
Or, elle aide à réduire les besoins énergétiques. Le travail de l’enveloppe des bâtiments est plus efficace, si on ne se limite pas uniquement à l’usage de systèmes techniques supposés réguler la température à l’intérieur. Un immeuble bien isolé contribue à maintenir à l’intérieur une température stable, quels que soient les changements de températures à l’extérieur. Il aide ainsi à réduire la consommation électrique pour le chauffage. Un édifice intelligemment orienté par rapport au soleil et au vent dominant, qui bénéficie d’un éclairage naturel maximal et d’une ventilation naturelle, peut limiter au strict minimum sa consommation d’énergie.
Ces constructions sont complétées par des éléments techniques notamment de stockage et de chauffage (pompes à chaleur et autoconsommation). Ces éléments seront performants, mais pas uniquement sur un seul immeuble. Ils seront utilisés par un ensemble de constructions, un lotissement, voire même un quartier, grâce à une gestion intelligente du genre « smart grid ».
Tous les immeubles ne sont pas de nouvelles constructions et ne peuvent donc pas être parfaits selon les critères décrits ci-dessus. Mais ils peuvent être mis à niveau, au fur et à mesure, avec un bilan d’énergie grise moins intense.
Un seul bâtiment est facile à réaliser. Un ensemble d’immeubles, une agglomération, c’est bien plus compliqué ! C’est ce qui arrive trop souvent malheureusement, car chaque maître d’ouvrage se limite à voir ses propres besoins. Ainsi, les villes, nœuds d’échange qui ont grandi au fil du temps, ont été transformées en zones minérales qui seraient mortes sans le monde organique, par exemple, des plantes, des zones vertes, arbres, parcs et jardins. Il faut réaliser des villes végétales pour qu’elles soient durables.
La construction, comme la transition énergétique, est un projet commun.
Paul Zens
Eurosolar Lëtzebuerg
Extrait du dossier du mois « Bâtir d’autres modèles »