Une réflexion à mener sur les matériaux et la conception

Une réflexion à mener sur les matériaux et la conception

Éric Van Boven, fondateur d’Écologe, a développé un procédé unique de construction en dur écologique à base de pierre volcanique. Il nous donne son point de vue sur l’évolution des villes et des bâtiments.

« Nous sommes de plus en plus nombreux sur la planète, ce qui induit une évolution des espaces que nous occupons. Je pense que la priorité devra être donnée à des logements plus petits avec des zones partagées où se retrouver pour des activités communes : aires de jeux intérieures ou extérieures, jardins, terrasses, salles de réunion, etc. En ville, de nombreux bâtiments anciens ont une structure viable. Les démolir serait un gâchis du point de vue écologique. Mieux vaut les désosser et en repenser les espaces intérieurs en y intégrant des systèmes modulables capables d’évoluer en fonction des besoins pour les adapter aux nouveaux modes de vie urbains.

D’autre part, de nombreuses études scientifiques démontrent que nous allons vers un réchauffement climatique de l’ordre de 5 à 6 degrés d’ici 2100. Or, les villes ne sont actuellement pas adaptées à ces températures. Il faut veiller à y créer davantage de zones d’ombre, plus de galeries par exemple qui permettent de se promener en étant protégés du soleil en été et de la pluie en mauvaise saison. Les études prouvent également que climatiser à outrance pour récupérer un peu de fraîcheur est une hérésie car le fonctionnement des installations d’air conditionné génère de la chaleur. Une enquête réalisée pour la ville de Paris révèle qu’en doublant le nombre d’installations de climatisation d’une métropole, on y augmente la température globale de 3 degrés. La réflexion doit donc plutôt porter sur les matériaux et sur la conception. Les matériaux lourds offrent une meilleure inertie thermique. La pierre volcanique, notamment, est une alternative naturelle aux matériaux de construction traditionnels et elle a un effet de déphasage très intéressant par rapport à une structure bois. Au niveau de la conception, on peut imaginer tout un tas de solutions qui permettent d’apporter du positif dans l’utilisation quotidienne des nouveaux bâtiments : des casquettes solaires sur une baie vitrée plein sud servant à la fois à limiter le réchauffement et à produire de l’eau chaude sanitaire grâce à des capteurs, par exemple.

Demain, les bâtiments devront aussi être plus sains grâce à des matériaux naturels et perspirants. Les maisons actuelles sont des thermos. Les isolants chimiques polluent 2 fois : lors de leur production et lors de leur traitement en fin de vie. De plus, ils bloquent la vapeur d’eau que nous générons dans les murs. Un corps adulte en dégage 3 litres chaque jour, ce à quoi il faut ajouter celle qui est produite par la cuisine, les bains et douches, les machines à laver le linge et la vaisselle, etc. Cette humidité génère des germes et des moisissures qui sont à l’origine de problèmes d’allergies. La pierre volcanique permet de retrouver un habitat qui a les caractéristiques de ceux de nos grands-parents où les murs respiraient. Elle est durable pour la planète et dans le temps.

Enfin, le végétal est vital au niveau de l’absorption des pluies. Plus on bétonne, plus les courants d’eau s’accélèrent quand la pluie tombe en masse. Les systèmes d’absorption ne peuvent pas suivre et il en résulte des inondations ».

Mélanie Trélat

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Publié le mardi 9 octobre 2018
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