Vers l’autonomie et au-delà !
Entre villes et bâtiments, il existe un lien naturel. C’est pourquoi Infogreen a demandé à Bruno Renders, administrateur directeur général du Conseil pour le Développement Économique de la Construction (CDEC), comment il imagine la ville de demain.
« Pour moi, la ville de demain doit être envisagée avec un regard nouveau et différent de ce que nous avons connu historiquement : la maison telle que nous la connaissons aujourd’hui doit évoluer à l’heure où l’on doit héberger de plus en plus de monde. La ville de demain doit, avant tout aspect technologique, rester humaine dans sa conception et son utilisation. Être une living city et non pas seulement une smart city. Elle doit être connectée mais, en bout de course, rester à destination de l’usager. L’humain doit comprendre la ville pour pouvoir y participer de manière collaborative.
Le caractère humain peut paraître antagoniste quand on parle de densification. Des villes comme la ville-état de Singapour ont été confrontées aux mêmes problématiques que le Luxembourg, à savoir un foncier qui n’est ni infini, ni bon marché. Elle y a répondu en combinant densification verticale, architecture de qualité et multifonctionnalité des bâtiments. Les bâtiments n’y ont plus simplement la fonction d’abri mais ils revêtent d’autres fonctions nobles qui peuvent concerner la production, le stockage de l’énergie et sa distribution grâce à des systèmes intelligents. En ce sens, les bâtiments sont au cœur de la troisième révolution industrielle de Jeremy Rifkin où l’énergie associée à Internet doit permettre de décentraliser la production.
La ville du futur doit tendre vers l’autonomie, l’autonomie énergétique et en termes d’impacts environnementaux. On peut ainsi concevoir que les bâtiments, dotés de fonctions nobles, de fonctionnalités nouvelles et améliorées, épurent l’eau plutôt que de le faire avec une vision centralisée dans des stations d’épuration. Cette eau usée peut trouver plusieurs fonctions. On peut récupérer la chaleur qui y est présente pour produire de l’énergie, utiliser certains effluents en tant que fertilisant naturel par exemple. Les bâtiments peuvent aussi épurer l’air ambiant par le biais de serres urbaines. L’urban farming couvre à elle seule plusieurs fonctions nobles. Elle permet d’épurer l’air en transformant le CO² en O², de produire des légumes en circuit court, d’apporter plus de fraîcheur en ville lors des périodes de canicule. La végétalisation de la ville est en effet un enjeu climatique autant qu’un enjeu de confort et de vie telle qu’a pu le démontrer notre récente canicule estivale.
On peut également imaginer une connexion entre les bâtiments qui ne serait pas uniquement énergétique, informatique ou technique, mais qui pourrait aussi être physique. Par exemple, on pourrait construire des routes en hauteur pour relier les bâtiments les uns aux autres, ce qui se fait dans certains pays, comme Singapour que j’ai déjà cité. Une mobilité inédite pour rapprocher les Hommes, mais aussi pour voir la ville d’une autre façon.
Des fonctions nouvelles donc qui sont autant d’opportunités pour les citoyens, mais qui ne sauront devenir concrètes qu’en adoptant une vision différente ».
Mélanie Trélat
DDM Infogreen Construire demain