Vue d'en haut

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La thermographie aérienne permet, à travers une vision globale d’un territoire, de mesurer les déperditions de chaleur par la toiture des bâtiments, offrant ainsi aux communes un outil d’action et de communication efficace et concret. Exemple avec la commune de Mondercange.

Qu’est-ce que la thermographie aérienne ?

Matthieu Bracchetti, ingénieur en efficacité énergétique : Il s’agit d’un outil permettant de mesurer les déperditions de chaleur par la toiture des habitations d’une commune et ce, au moyen d’une caméra thermique embarquée dans un avion.

Qu’est-ce qu’une vue aérienne apporte de plus qu’une image prise du sol avec une caméra thermique ?

Matthieu Bracchetti, ingénieur en efficacité énergétique : C’est l’échelle ciblée qui diffère : avec une caméra thermique au sol, on peut voir les déperditions d’énergie d’un ou de quelques bâtiments, mais difficilement d’une ville complète. La thermographie aérienne offre une vision plus large. Elle est une première étape, la deuxième consistera à approfondir les résultats et à faire une analyse plus détaillée avec une thermographie classique.

Quel est l’avantage d’une telle démarche pour une commune ?

Julien Bertucci, directeur de la société Cocert : Une thermographie classique, bâtiment par bâtiment, est beaucoup plus coûteuse qu’un survol global et complet, qui permet de réaliser une économie d’échelle. Grâce à la thermographie aérienne, une commune a la possibilité de sensibiliser, à moindre coût, chaque habitant aux déperditions de chaleur de son habitation par la toiture. La toiture peut représenter à elle seule jusqu’à 30% de ces déperditions. Une bonne isolation est donc synonyme d’économie d’énergie.

Dans le cas précis de Mondercange, quels étaient les objectifs visés lorsque vous avez décidé d’utiliser cet outil ?

Guy Urbany, responsable du service écologique de la commune de Mondercange  : Dans le cadre de la politique très dynamique que la commune mène en faveur de la protection du climat, cet outil permet de calculer le potentiel total de la commune en termes d’économie de CO2 si nous arrivons à inciter les particuliers à réaliser les travaux nécessaires.

Par ailleurs, grâce à la thermographie aérienne, nous pouvons mieux cibler notre information, en envoyant, par exemple, un courrier aux citoyens dont les toitures sont les moins bien isolées pour attirer leur attention et leur expliquer qu’ils peuvent nous contacter pour définir le potentiel d’énergie, donc d’argent, qu’ils pourraient épargner en isolant correctement leur toiture.

Outre ces courriers personnalisés, comment envisagez-vous d’informer les habitants de cette initiative communale ?

Guy Urbany, responsable du service écologique de la commune de Mondercange  : Nous publierons un dépliant explicatif qui sera diffusé à tous les ménages et nous organiserons une conférence de presse, ainsi qu’une soirée d’information à laquelle seront conviés les habitants. Nous espérons, à travers des projets intéressants comme celui-ci, de faire connaître aux citoyens ce nouveau service pour qu’ils profitent pleinement de l’opportunité que nous leur offrons.

Quel est le degré de précision de la thermographie aérienne ? Dans quelle mesure permet-elle de chiffrer les gains sur lesquels les habitants peuvent tabler ?

Matthieu Bracchetti, ingénieur en efficacité énergétique : Le degré de précision se situe entre 35 et 50 centimètres de résolution, ce qui nous permet de voir les différences de déperditions sur une même toiture liées à la présence d’une fenêtre, d’une bouche d’aération ou d’une cage d’ascenseur, par exemple. Mais, à l’état brut, sans l’avis d’un expert, ces données sont difficilement exploitables. Tout notre travail est de traiter et d’analyser ces données. Notre objectif n’est pas de rendre un simple document au citoyen et de le laisser se débrouiller seul, mais de le conseiller, de lui expliquer pourquoi il y a des déperditions et ce qu’on peut faire pour y remédier.

Julien Bertucci, directeur de la société Cocert : Les services que nous proposons dans un second temps sont l’analyse des devis, le suivi du chantier et la réception définitive, démarches subventionnées par l’état depuis le 1er janvier 2013, date à laquelle la loi du 12 décembre 2012, qui encourage particulièrement la rénovation énergétique, a été mise en application. Le but est de mettre en place des services intelligents en matière d’économie d’énergie, dans une optique de plus en plus pratique, pour que le client obtienne réellement l’économie d’énergie escomptée.

Pour une bonne interprétation des résultats, la thermographie aérienne doit être effectuée dans des conditions optimales. Quelles sont-elles ?

Matthieu Bracchetti, ingénieur en efficacité énergétique : Le premier paramètre, qui paraît évident, est de procéder au survol en hiver. Ensuite, l’idéal est de le faire la nuit, aux alentours de 22 heures, quand la température n’est pas inférieure à 0 degré, en dehors des périodes de congés pour que les habitations ne soient pas moins chauffées, et pas par temps de neige car elle donne de mauvaises interprétations de résultats. Il faut trouver des périodes critiques et il y en a très peu dans l’année.

Y a-t-il d’autres démarches d’innovation que Cocert envisage d’initier ?

Julien Bertucci, directeur de la société Cocert : La modélisation en 3D des villes sert déjà à établir un cadastre solaire par exemple, mais elle trouve d’autres applications qui viendront s’ajouter progressivement aux cartographies existantes. Nous sommes en train de développer notamment une simulation éolienne qui permettra de visualiser la façon dont le vent se propage à l’intérieur d’une ville pour définir le placement et l’orientation des éoliennes.

 

Photo : Julien Bertucci, Matthieu Brachetti et Guy Urbany par Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le vendredi 24 mai 2013
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