Adapter les compétences aux évolutions de la société
Interview de Muriel Morbé, directrice formation de la Chambre de Commerce et CEO de la House of Training, Catherine Reuter, Training Advisor à la House of Training, et Gilles Christnach, membre du conseil de l’OAI
La mission de la House of Training est d’offrir des formations qui répondent aux besoins des entreprises, des besoins qui changent en permanence en cette période de transition écologique et digitale. Et ce n’est qu’avec des partenaires qui s’impliquent pleinement sur le sujet de la formation qu’elle peut le faire convenablement. C’est le cas avec l’OAI.
Sur la forme, la formation à distance est-elle devenue la norme ou le présentiel revient-il ?
Muriel Morbé : Après la pandémie, où le format « à distance » a dû être appris par tous les organismes de formation, la tendance est au retour au présentiel. C’est aussi une volonté de notre part car nous sommes d’avis que la formation a un autre impact lorsque de réels échanges sont possibles entre des personnes qui font face ensemble à un défi semblable. Mais le distanciel a aussi ses avantages et il fait maintenant partie intégrante de notre offre. Les deux se complètent. Aussi, nous allons vers le blended learning qui est un mix de digital pour la pure transmission de savoir et de cours en classe pour pratiquer et échanger. Finalement, ce sont toujours nos partenaires qui décident et nous offrons de nombreuses formations sur mesure que nous développons en concertation. Nous sommes également en train de mettre en place notre propre plateforme Moodle qui sera disponible à partir du 2e semestre.
Qu’en est-il des formations développées pour l’OAI ?
Catherine Reuter : Il y a clairement une préférence générale pour le présentiel du fait du travail sur des exemples pratiques et de la volonté d’échanger entre experts du même domaine. Le networking est un élément important. Le présentiel permet aux formateurs de prendre la température dans la salle et de s’adapter aux besoins spécifiques des participants. La formation à distance, en revanche, permet d’élargir les possibilités par exemple en faisant appel à des formateurs qui sont à l’étranger et de gagner du temps en évitant les allers-retours. Pour l’instant, nous privilégions donc le format présentiel avec l’OAI, mais nous proposons aussi des webinaires avec l’energieagence qui ont lieu à distance. Nous avons également enregistré la dernière formation annuelle sur le contexte réglementaire pour pouvoir la mettre à tout moment à disposition des membres de l’OAI.
Monsieur Christnach, diriez-vous que ce mode opératoire est une plus-value pour vos membres ?
Gilles Christnach : Certainement. L’échange direct est important car il permet de sentir les réactions, les questionnements, d’aller directement aux éléments essentiels et d’en passer d’autres. Nous avons un public disposant d’une certaine expertise et qui souhaite avoir des réponses sur des points très spécifiques. D’un autre côté, nos emplois du temps sont très chargés et la crise sanitaire nous a appris à utiliser le digital de manière beaucoup plus professionnelle, à nous d’en tirer profit là où c’est utile. Nous pouvons, par exemple, imaginer que les formations relatives à des normes ou réglementations mises en place par les institutions publiques pourraient être accompagnées de tutoriels enregistrés mis à disposition de ceux qui doivent les appliquer. Le bon équilibre entre présentiel et distanciel est à trouver dans les prochaines années pour apporter une réelle plus-value.
Sur le fond, quelles sont les nouvelles thématiques introduites dans les formations OAI ?
GC : Le secteur de la construction est malheureusement très impacté par le mot crise : crise sanitaire, crise énergétique, crise du logement, crise climatique… Et notre société, notre mode de vie changent en permanence. Les compétences des architectes et ingénieurs-conseils doivent constamment s’adapter à ces évolutions. C’est pourquoi nous introduisons chaque année de nouveaux sujets avec la House of Training. Parmi les nouveautés de 2022 et 2023, on peut mentionner des formations sur les changements réglementaires dans le domaine de l’énergie, sur l’économie circulaire et la déconstruction, ou encore sur l’agriculture urbaine. Nous souhaitons aussi aborder certaines thématiques de manière plus structurée en proposant une formation de base sur le sujet suivie de formations spécifiques sur différentes facettes de ce même sujet, par exemple pour la construction bois : assemblage, risques, acoustique… Nous envisageons de traiter d’autres thématiques comme les matériaux innovants voire intelligents, capables de capter le CO2 ou de réguler humidité, les smart buildings et les smart cities, la modélisation et les maquettes 3D ou encore l’influence des couleurs sur notre bien-être.
MM : Effectivement, la construction, comme tous les secteurs, est confrontée à de nouveaux défis, notamment face à la double transition écologique et digitale, et la formation continue doit évoluer en fonction de ces besoins. N’ayant pas les compétences métiers en interne, le modèle - et la chance - de la House of Training est de travailler avec des partenaires qui sont très engagés dans la formation tels que l’OAI. C’est un modèle « win-win ».
Quelles sont les évolutions à venir ?
GC : Nous constatons, qu’il faudrait faire entrer le volet pratique dans les formations destinées aux concepteurs pour qu’ils prennent connaissance des problèmes de réalisation sur chantier. Nous imaginons aussi d’introduire un « starter kit » pour que les membres qui entrent à l’OAI puissent accéder aux formations de base essentielles (légales, managériales…) pour exercer leur profession.
CR : Une autre tendance est les workshops qui mettent l’accent plus sur la pratique que sur la théorie. Par exemple, cette année, nous avons organisé un workshop sur l’étanchéité à l’air.
Mélanie Trélat
Extrait du NEOMAG#49
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Légende photo : Muriel Morbé, directrice formation de la Chambre de Commerce CEO de la House of Training