De gauche à droite : Sylvain Kubicki , Julien Bertucci , Paul Schosseler, Max Didier, Pit Kuffer et Samuel Majerus

Cycle de vie des bâtiments : un défi environnemental majeur

La deuxième édition de la conférence « Construction durable pour des villes résilientes 2.0 », organisée conjointement par le LIST, Luxinnovation et Neobuild, a connu un franc succès. L’occasion pour les experts de se réunir pour plonger dans les problématiques environnementales pressantes auxquelles est confrontée la construction au Luxembourg.

« L’objectif de cette journée, c’est rassembler à la fois des experts scientifiques, mais aussi de terrain, à la fois des secteurs publics et privés. Le plus importants est d’échanger sur des thématiques luxembourgeoises, tout en partageant les meilleures pratiques autant nationales qu’internationales grâce à la participation d’experts venus des pays voisins. »

C’est par ces mots que Lucien Hoffmann, directeur du département Environmental Research and Innovation (ERIN) du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), a résumé cette deuxième édition de la conférence « Construction durable pour des villes résilientes 2.0 ». Un événement scindé en deux avec le cycle de vie et la part environnementale des bâtiments dans la matinée, et de nombreux workshops, au cours de l’après-midi, consacrés à la chaleur fatale, à la réutilisation de l’eau et enfin, à la circularité des ressources et la logistiques sur les chantiers.

Lucien Hoffmann et Frédéric Liégeois
Lucien Hoffmann et Frédéric Liégeois - © infogreen.lu

Lors de la table ronde modérée par Frédéric Liégeois, fondateur et CEO d’Infogreen, des experts ont notamment pu se pencher sur de nombreux sujets dont l’impact environnemental des bâtiments et des déchets auxquels doivent répondre les nouvelles constructions. Un passionnant débat s’est également déroulé autour de la question : peut-on dire qu’un bâtiment durable est uniquement un bâtiment neutre en carbone et comment évaluez-vous les priorités ?

Réponses des experts autour de la table.

Paul Schosseler - Directeur construction durable et Économie circulaire au Ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire :
« Les bâtiment sont intégrés dans les villes. Il y a donc beaucoup plus d’éléments à prendre en compte, que cela soit en termes d’isolation, d’orientation, ou encore de matériaux. Un immeuble doit respecter la planète, mais également offrir un environnement sain aux gens qui y travaillent ou qui y habitent. En effet, l’aspect santé est un élément essentiel qui doit être adapté selon les affectations du bâtiment (logements, bureaux,…). C’est donc un défi permanent pour le secteur de la construction afin qu’il s’intègre dans la société sans l’impacter. »

Julien Bertucci - Responsable Développement durable et Innovation chez SNHBM (Société Nationale des Habitations à Bon Marché) :
« Le secteur de la construction est toujours touché par la crise. Beaucoup de personnes sont perdues pour répondre positivement à tous les défis environnementaux. Il existe cependant des solutions, notamment venant des banques. Selon moi, il ne faut pas s’arrêter au coût global, mais trouver des objectifs pour construire de manière durable et neutre en carbone. Je suis content des initiatives qui peuvent être mises en place au niveau de certaines subventions. Mon gros défi personnel, c’est de continuer la durabilité et le côté environnemental dans un contexte économique tendu. »

Max Didier - Administrateur du Groupement des Entrepreneurs :
« Comme souligné, la crise est toujours bien présente. Nous voyons chez nos membres des carnets de commandes qui se vident progressivement, surtout pour la deuxième moitié de 2024 et pour 2025. La durabilité, dans le secteur de la construction, est importante mais elle doit être gérée de manière intelligente. Il faut un changement de mentalité pour que chacun y trouve son compte sans pour autant compromettre les emplois ou la santé financière de la société. Pour cela, il faut encore plus améliorer le dialogue avec l’État. »

La table ronde accueillant Sylvain Kubicki, Julien Bertucci, Paul Schosseler, Max Didier, Pit Kuffer et Samuel Majerus
La table ronde accueillant Sylvain Kubicki, Julien Bertucci, Paul Schosseler, Max Didier, Pit Kuffer et Samuel Majerus - © infogreen.lu

Pit Kuffer - Délégué de l’OAI (Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils) :
« Je pense qu’il faut commencer cette discussion avec la notion sociétale, au niveau de l’ouvrier et du salarié. Ils ne sont pas englobés dans ce processus d’amélioration de la construction que nous sommes en train de mettre en place. Parce que si nous le faisons uniquement en tant qu’experts et top-down, je crois que ce sera difficile à réaliser. Pour que l’ensemble prenne, il faut une société stable, une démocratie où tout le monde est intégré. C’est vraiment le point le plus important. Il faut que tout le monde réfléchisse à la meilleure façon d’intégrer la société dans le processus. »

Samuel Majerus - Partner chez LSC et Managing Director chez LSE Environnement :
« Répondre à la question des priorité est un peu difficile, car il n’y a pas qu’une seule sorte de bâtiment neutre en carbone. Il n’y a d’ailleurs pas de définition pour ça. Si on demande l’avis à une centaine de personnes, on aura autant de réponses différentes. Le gouvernement et ses ministres pourraient donc déjà travailler sur une définition propre. Ensuite, une chose qui est importante pour les soumissions, c’est de simplifier les procédures. Aujourd’hui, il y a tellement de nouvelles réglementations et d’experts que ça devient compliquer de s’y retrouver. Il y a 30 ans, il y avait un ingénieur civil, un ingénieur technique et l’architecte. Ils planifiaient et réalisaient la conception d’un bâtiment. Je pense qu’il faut y aller étape par étape, apprendre aussi aux institutions publiques qu’il existe des projets pilotes et non pas juste regarder le prix. »

Sylvain Kubicki - Lead Research and Technology Associate au LIST :
« Il y a clairement une grande volonté de décarboniser le bâtiment et le secteur de la construction des villes. Ça passe par la rénovation et les nouvelles constructions. On voit qu’il y a des actions qui fonctionnent, la mise en place d’une réglementation ambitieuse du Luxembourg sur la nouvelle construction. Par ailleurs, on doit également accélérer la rénovation. Afin que tout le processus se mette en place, il ne faut pas faire abstraction de la résilience, c’est-à-dire protéger les citoyens, les habitants des villes et des bâtiments en mettant en place des actions. Il faut identifier les quartiers ou les bâtiments vulnérables aux effets du changement climatique. Il faut que notre environnement bâti s’adapte aussi à la modification de nos styles de vie et ce, d’une manière la plus efficace possible pour réduire notre emprunte. »

Sébastien Yernaux

Article
Publié le mardi 4 juin 2024
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