Des constructions plus respectueuses de la biodiversité

Des constructions plus respectueuses de la biodiversité

Le milieu urbain se construit sur les terres qui abritent la biodiversité luxembourgeoise. Plantes, animaux, insectes… leur cycle de vie est souvent perturbé lorsqu’un chantier est lancé. En prenant l’exemple des oiseaux nicheurs, Catherine Kirsch, biologiste pour natur&ëmwelt a.s.b.l., montre que des solutions existent.

- © Esther Jansen

La ville grandit et la biodiversité diminue. C’est par ce constat que Catherine Kirsch commence à expliquer le lien entre la construction et le tissu vivant qui couvre notre planète. Quel que soit son envergure, un chantier causera forcément des dommages écologiques - en témoigne le principe de compensation écologique.


« Nous avons mis à jour la Liste Rouge des Oiseaux Nicheurs du Luxembourg. Désormais, 14 espèces ont disparu au niveau national, 7 sont en danger critique d’extinction, 8 sont en danger, 13 sont classées vulnérables et 24 espèces figurent sur la liste de préalerte. »

Catherine Kirsch, biologiste pour natur&ëmwelt a.s.b.l.

Au Luxembourg, les oiseaux nicheurs ont vu leur environnement naturel s’urbaniser et leur habitat se détériorer. Certaines espèces, naturellement adaptées au milieu des falaises et grottes, ont pu s’adapter et ont fait des bâtiments leurs nichoirs de choix, comme l’hirondelle de fenêtre, le martinet noir ou la chouette effraie. « Ces oiseaux construisent leur nid et se reproduisent dans les cavités qu’on trouve dans les vieux bâtiments. Or, beaucoup de ces constructions sont ou seront rénovées, notamment pour améliorer leur bilan énergétique. C’est une bonne chose, mais on perd des nichoir et d’autres niches occupées par toute une série d’espèces. »

Proposer des solutions

Avec la campagne « Urban Birds - Protecting Climate and Wildlife », natur&ëmwelt a.s.b.l. veut sensibiliser le secteur de la construction à cette problématique et proposer des solutions. L’association recommande entre autres d’éviter les travaux durant les périodes de reproduction et d’intégrer des nichoirs adaptés dans les projets. Autre menace, les vitres et autres parois translucides qui constituent un risque de collision mortelle pour les oiseaux. Là aussi des solutions existent, comme marquer ces surfaces avec un motif de points ou de lignes, choisir du verre coloré ou installer des brise-soleil et des stores.

Encastrement de nichoirs en pierre à martinet (à gauche) et Nichoir en pierre en saillie et sans crépi (à droite).
Encastrement de nichoirs en pierre à martinet (à gauche) et Nichoir en pierre en saillie et sans crépi (à droite). - © natur&ëmwelt

Intégrer des systèmes de végétalisation sur un bâtiment permet, en plus d’une meilleure isolation thermique, de fournir de la nourriture aux oiseaux. « Mais c’est très important de choisir les bonnes plantes » avertit la biologiste pour natur&ëmwelt a.s.b.l., « il faut utiliser des plantes locales, qui sont utilisées par les insectes dont les oiseaux du Luxembourg ont besoin pour se nourrir. En investissant dans la végétalisation, on réduit les coûts énergétiques du bâtiment, mais on aide aussi la biodiversité. »

Changer la conception de la « ville »

Finalement, le but est de concilier développement urbain et sauvegarde des biotopes. Pour ce faire, l’ornithologue considère qu’il « faut changer la conception de la ‘ville’ et de la ‘biodiversité’, ne plus les voir comme des zones cloisonnées, mais comme des espaces ouverts et interconnectés. » Interconnectés par des corridors écologiques (« trames »), qui permettent de réintégrer de la biodiversité dans les zones urbaines. « Il y a quatre trames : la verte connecte les milieux végétalisés, la bleue correspond au réseau aquatique - menacé par l’imperméabilisation des sols, la trame brune concerne le sous-terrain et la noire, la pollution lumineuse. »

Ensemble elles assurent la « continuité fonctionnelle écologique », nécessaire au cycle de vie des animaux et végétaux qui composent la biodiversité luxembourgeoise. « Et des études montrent que la biodiversité a des bienfaits sur le bien-être des humains, en matière de santé physique et mentale », conclut Catherine Kirsch.

Par Léna Fernandes
Article tiré du dossier du mois « Fondations solides »

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Publié le mercredi 13 novembre 2024
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