Le rôle clé de la menuiserie aluminium dans la rénovation des bâtiments
Interview de Stéphane Hardy, Project Manager Luxembourg chez Hydro Building Systems.
Dans le cadre de la rénovation énergétique des bâtiments existants, la menuiserie aluminium présente un potentiel significatif. Hydro fait évoluer ses châssis en permanence pour qu’ils atteignent des performances thermiques optimales, pour qu’ils soient recyclables et modulables, et met également en place des filières de recyclage en Europe pour favoriser la revalorisation des châssis existants.
Quel est le potentiel de la menuiserie aluminium pour la rénovation énergétique des bâtiments existants ?
Les menuiseries aluminium ont beaucoup à apporter quand on rénove un bâtiment. Les châssis ont grandement évolué ces dernières années, je dirais même qu’ils ont fait un bond en avant, notamment au niveau des coupures thermiques : on est passé, en 20 ou 30 ans, de châssis aluminium sans coupure thermique, avec tous les problèmes de condensation et de ponts thermiques que cela pouvait engendrer, à des châssis certifiés par le Passivhaus Institut de Darmstadt.
En revanche, comme les performances thermiques des anciens châssis ne répondent pas aux exigences réglementaires actuelles, il n’est pas encore possible de faire de l’upcycling, c’est-à-dire de récupérer un châssis qui a quelques années sur un bâtiment pour le remettre en œuvre dans un autre projet. Il faut encore passer, pour l’instant, par du remplacement, mais je suis convaincu qu’avec les performances ultra-hautes que nous sommes capables d’atteindre aujourd’hui, la question ne se posera plus d’ici quelques années.
Les châssis en aluminium existants ont néanmoins un potentiel énorme, et encore plus du fait qu’ils n’ont pas de coupures thermiques. Le « déchet » aluminium a aujourd’hui une valeur très importante, pour autant qu’il existe les filières de récupération, de traitement et de tri qui permettent d’en tirer le meilleur parti.
C’est ce que vous mettez en place chez Hydro ?
Oui, notamment sur le projet pilote Mimosa à Strassen, développé par le promoteur BPI Real Estate Luxembourg qui joue le jeu de la circularité en nous permettant de récupérer les menuiseries existantes pour les démanteler dans notre usine de Dormagen en Allemagne, puis les transformer en billettes d’aluminium dans notre usine de Clervaux au Luxembourg afin de fabriquer des nouveaux châssis. Une première au Belux !
En mettant en place de telles filières en Europe, nous n’aurons plus besoin d’aller chercher de la bauxite dans des mines étrangères, la matière première pour produire de l’aluminium, et assurerons ainsi notre indépendance. Nous devons privilégier l’utilisation de nos ressources, issues des mines européennes que constituent les bâtiments existants. Et également de tout mettre en œuvre pour garder cet aluminium en Europe, car la moitié de l’aluminium qui est démonté ici aujourd’hui part hors Europe.
C’est d’autant plus intéressant que le recyclage demande 20 fois moins d’énergie que la production d’un nouvel aluminium à partir de bauxite.
Quelles sont les conditions à mettre en place pour pouvoir garder cet aluminium en Europe ?
Lorsque l’on parle de durabilité, je crois qu’on doit aussi parler de durabilité dans le temps. Pour cela, l’information est cruciale. Quand on rénove un bâtiment, il faut savoir comment il est équipé, et plus les informations sont détaillées, plus le potentiel de réutilisation est grand.
C’est la raison pour laquelle nous équipons désormais tous nos châssis d’un QR code permettant de retrouver l’objet BIM avec toutes ses fonctionnalités et ses données techniques.
En parallèle, nous avons développé des menuiseries, appelées 75-95 car composées de 75 % de matières recyclées et recyclables à 95 %, et nous allons passer sur un ratio de 80-100 l’année prochaine, en 2025. L’objectif est que le châssis installé aujourd’hui soit entièrement recyclé demain.
Il est important que le produit soit recyclable pour en tirer tout son potentiel lorsqu’il est en fin de vie, mais il est important aussi qu’il soit modulaire. C’est pourquoi nous travaillons aussi sur des systèmes de précadres facilement démontables, afin de pouvoir donner une nouvelle fonctionnalité à nos châssis si besoin. Je fais référence à des systèmes adaptés à la construction modulaire, qui permettent une meilleure préparation et une fabrication hors-site. Ces systèmes existent et ont fait leur preuve sur des kilomètres carrés de façades dans d’autres pays que le Luxembourg. Un premier projet dans la grande région mettant en place ce principe est en cours d’étude.
Mélanie Trélat
Extrait de Neomag#64