Quartier Brooklyn : un défi majeur à impact mineur pour la planète
Imaginé par Eaglestone et conçu par M3 Architectes, le nouveau quartier Brooklyn est idéalement situé à Bonnevoie pour accueillir 120 logements, 524 m2 de commerces et 4.864 m2 de bureaux. Le tout réparti sur 7 lots d’une superficie de 15.575 m2. Rencontre avec l’architecte Carlos Esteves Duarte.
Le quartier Brooklyn est un projet ambitieux car il créée un nouvel ensemble bâti dans un tissu urbain existant avec l’ambition de maintenir l’ambiance conviviale et cosmopolite actuelle. Le site connait en outre une forte amélioration de ses connections avec le reste de la Ville grâce à l’arrivée d’une piste cyclable et du tram qui permet aux habitants de se rendre de l’aéroport à la Cloche d’Or en passant par le centre-ville.
« La première phase a été lancée en 2023 et sera livrée l’année prochaine en octobre », souligne Carlos Esteves Duarte, architecte associé chez M3 Architectes. « Il s’agit du premier lot, composé de deux bâtiments. Il accueillera 44 appartements et studios, dont les superficies varient de 35 m2 à 130 m2. Une attention toute particulière a été mise sur le confort des ses occupants, en maximisant la luminosité et la hauteur sous plafond. Un deuxième lot de même envergure est prévu ainsi qu’un lot de bureaux, et deux lots mixtes (commerces, de logements et de bureaux). Le tout sera articulé autour d’une place sur laquelle viendra se connecter la nouvelle rue Aristides de Souza Mendes. »
Le démarrage du projet (lot 1) était une volonté du maître d’ouvrage, et ce malgré l’environnement économique actuel. « C’est un beau défi car cette transformation initiée dans le cadre du PAP Dernier sol a nécessité une grande réflexion afin de connecter ce nouvel ilot au tissu bâti existant. La création de cet ilot dans le quartier de Bonnevoie a demandé beaucoup de travaux de démolition et de restructuration pour offrir un futur espace convivial, où la nature sera également mise à l’honneur. C’est un des quartiers les plus chaleureux, où il fait bon vivre à Luxembourg. Les équipements publics tel que la Bannanefabrik, la piscine, et bien d’autres, agrémentent la vie urbaine et permettront aux futurs acquéreurs de se projeter sans mal dans ce nouveau cadre de vie. »
Si les logements sont des constructions plus classiques, l’économie circulaire et le bas carbone sont présents pour les bureaux du projet. « Eaglestone a voulu montrer l’exemple en mettant en place plusieurs labels et certifications, dont le BREEAM In-Use International et le WELL Building, en version GOLD. Une très bonne chose pour ceux qui seront amenés à travailler dans le bâtiment. En outre, Carbon Footprint, un label lié à la réduction des émissions de CO2, a été développé avec le bureau d’ingénieurs-conseils Energie et Environnement. Ce label s’ajoute à la nouvelle approche environnementale initiée au niveau européen avec notamment la mise en place de la taxonomie.
Nous avons réfléchi à la manière de réduire la production de CO2 en limitant la présence du béton et nous avons opté pour une structure hybride en bois-béton. La partie centrale du bâtiment est composée d’une structure bois (dalle CLT et poteaux bois). Pour les noyaux des circulations verticales et les deux ailes, nous sommes partis sur une construction plus classique en béton. Nous avons également mené une réflexion sur le choix des châssis en aluminium afin de définir le meilleur type de produit toujours en ayant en ligne de mire la réduction des émissions de CO2. »
Une réflexion sur le futur
Un important travail de recherche a été mené pour que tous les éléments entrent dans le cahier des charges.
« C’est une véritable volonté d’aller de l’avant, pour ensuite transposer cette expérience vers d’autres projets. Ce n’est pas un coup de com’, mais surtout une envie de se perfectionner tout en respectant les nouveaux défis environnementaux et notre planète. Cette réflexion sur l’impact carbone a toute sa place dans le choix de la structure, quel que soit le type de bâtiment que l’on construit. Nous pouvons aussi réfléchir sur l’utilisation de matériaux recyclés, sur des réemplois. Il existe beaucoup d’autres axes de développement dans le secteur de la construction qui méritent une attention et un développement particulier. »
Carlos Esteves Duarte, architecte
Une réflexion intéressante dans la mesure où la construction classique au Luxembourg est toujours la moins chère aujourd’hui. « Il faut regarder au-delà du prix, notamment sur la manière dont va vieillir le bâtiment, son entretien et son impact environnemental en fin de vie (démolition ou réaffectation). Encore une fois, tout varie d’un bâtiment à l’autre. Il faut « penser » l’opportunité de mettre en œuvre le meilleur matériau tout en y associant le choix constructif le plus pertinent en fonction des besoins définis avec le client. »
Carlos Esteves Duarte espère qu’une fois la livraison de ce premier lot réalisé, « nous pourrons alors continuer dans la foulée la construction des autres bâtiments afin d’avoir le plus rapidement possible une vision complète de ce nouveau quartier. Avec l’arrivée du tram l’année dernière, c’est tout une partie de la Ville de Luxembourg qui s’est métamorphosée. C’est un projet vraiment exaltant ».
Sébastien Yernaux
Photos : Eaglestone